La fête du sacrifice ! A l’instar de leurs coreligionnaires de Côte d’Ivoire et du monde entier, les fidèles musulmans de Port-Bouët 2, sous-quartier de Yopougon, ont déferlé à l’Ecole primaire Plateau, pour prendre part à la grande prière de l’Aïd el Kébir, appelée communément la Tabaski ou encore fête du mouton. Sanglés dans de scintillants caftans en bazin pour certains, ou dans de beaux jellaba, pour d’autres, ils ont investi, par petits groupes, ou en famille, cet espace. Pour non seulement sacrifier à ce rituel, qui couronne le pèlerinage en terre sainte, mais aussi et surtout écouter les enseignements de leur imam : El hadj Idriss Koudouss Koné. Par ailleurs, président du CNI (Conseil National Islamique). Après les deux rak’ats, qui sanctionnent la grande prière de la tabaski, l’Imam Koudouss Koné a entretenu son auditoire pendant une trentaine de minutes. Un sermon qu’il a articulé autour de deux axes principaux : la situation sociopolitique et naturellement le sens spirituel et humanitaire de la tabaski. S’agissant du second tour de l’élection présidentielle prévue le 28 novembre prochain, il a invité les deux candidats encore en lice, à savoir le président Laurent Gbagbo et l’ex-Premier ministre Alassane Dramane Ouattara à faire en sorte que les Ivoiriens traversent, selon ses propres termes, ce « virage dangereux » en toute quiétude. « Placez la Côte d’Ivoire au-dessus de vos intérêts » leur a-t-il dit, avant de les exhorter à « observer le calme », comme lors du 1er tour et singulièrement à « contrôler leurs propos ». Car, martèlera le président du CNI, « le désordre ne construit jamais un pays ». Pour l’imam Koudouss Koné, il est clair qu’un «seul parti ne peut pas construire la Côte d’Ivoire ». « Un pays est construit par tout le peuple, qui l’habite », a-t-il insisté. Le gagnant de cette élection, à ses yeux, n’est pas « un individu, mais plutôt la Côte d’Ivoire ». Ensuite, il a rappelé que la tabaski, qui vient après Arafat et perpétue l’acte de sacrifice du prophète Ibrahim (ndlr, Abraham pour les non musulmans), est un jour de partage, où le musulman ne doit pas être égoïste et individualiste, en joie seul. « Si vous immolez un mouton, vous devez obligatoirement donner de la viande, à vos voisins, amis et aux pauvres, qu’ils soient musulmans ou non », a fait savoir le patron du CNI. Aussi a-t-il invité les Ivoiriens à s’inspirer du prophète Ibrahim, en se sacrifiant pour la Côte d’Ivoire. « Sans sacrifice, rien ne peut se réaliser. Nous demandons à la nation ivoirienne de méditer ce jour pour que chacun de nous donne ce qui lui est cher pour que la paix revienne définitivement en Côte d’Ivoire », a t-il professé. De son côté, le senior évangéliste Ediémou Jacob, président du Forum des Confessions sa main sur la Côte d’Ivoire. Quand, Mgr Jean-Pierre Kutwa, Archevêque d’Abidjan, exhortait chaque Ivoirien et ceux qui veulent gouverner ce pays, à accepter de faire le grand sacrifice : celui de l’orgueil, de l’amour propre et surtout de se revêtir d’humilité. « Que chacun de nous dans sa famille, son bureau, son lieu de travail fasse le sacrifice de l’amour de soi» a-t-il plaidé. Notons que l’Imam Idriss Koudouss Koné a offert un mouton à Ediémou Jacob et Mgr Kutwa, en signe de partage avec les autres confessions religieuses.
Y.Sangaré
Y.Sangaré