C’est au terme du second tour de l’élection présidentielle que l’on connaîtra celui qui aura à conduire la destinée de la Côte d’Ivoire durant les 5 prochaines années. A cet effet, deux poids lourds de la politique nationale s’affrontent. Le président sortant et candidat de La Majorité Présidentielle (LMP), Laurent Gbagbo, va en découdre avec le candidat du RDR et du RHDP, Alassane Ouattara. Chacun des deux rêvent logiquement d’occuper le fauteuil présidentiel au soir du 28 novembre 2010. Dans cette bataille ‘’démocratique’’ pour la conquête du pouvoir d’Etat, l’opposition représentée par le RHDP est en danger. C’est qu’en Afrique, dans 99,99% des cas, le parti au pouvoir a toujours gardé son pouvoir par tous les moyens. Généralement, on suscite plusieurs candidatures pour se donner la physionomie de démocrate, quand bien même, on sait que tout le monde n’a pas les mêmes chances d’accès au trône. Or, la démocratie qui suscite l’alternance politique impose les mêmes chances d’accès au pouvoir à tous. Malheureusement, ce n’est pas le cas sous nos tropiques où celui qui a le pouvoir doit le garder à tout prix. Les caisses de l’Etat, l’Armée et la communauté internationale constituent le cocktail pour maintenir les régimes au pouvoir en Afrique, au grand dam de la volonté du peuple. Le dernier exemple en date reste le cas du Zimbabwe où, Robert Mugabe, après avoir perdu les élections dans les urnes au profit de l’opposition, a gardé son pouvoir par des pratiques qui ternissent les valeurs cardinales de la démocratie. Devant ce tableau particulièrement sombre de la pratique démocratique en Afrique, l’on est invité à s’interroger si Laurent Gbagbo échappera à la règle ? L’analyse de certains faits invite au doute. D’abord, le deuxième mandat que le chef des frontistes s’est offert sans élection. Les raisons de la crise avaient été évoquées pour justifier la non tenue des élections. Mais à y voir de plus près, de 2005 à 2010, rien n’a fondamentalement changé. Seulement, que les premiers ministres ont changé mais, les conditions sécuritaires sont restées les mêmes. Mais nous avons pu tenir ces élections sans heurts. Ce qui signifie que Laurent Gbagbo s’est inutilement offert un bonus de 5 ans en violation fragrante des dispositions constitutionnelles. L’usage abusif des moyens de l’Etat et la pratique à grande échelle de la fraude, comme le constat a été fait au premier tour de la présidentielle, témoignent aisément de la volonté du Woody de Mama de conserver son pouvoir par tous les moyens. C’est le véritable sens du slogan ‘’on gagne ou on gagne’’ fredonné en longueur de journée par le camp présidentiel. Au regard de tout ce qui précède, il y a lieu de s’inquiéter pour le Dr Alassane Ouattara qui défend les couleurs du RHDP face au tenant du pouvoir, Laurent Gbagbo. Surtout quand on sait que Robert Mugabe est un ‘’grand ami’’ à Laurent Gbagbo, il pourrait lui recommander ses méthodes. L’Armée déjà réquisitionnée et les caisses de l’Etat mises à rudes épreuves, on peut déduire que la machine de Gbagbo pour la conservation du pouvoir est lancée. Le RHDP est donc averti.
Rodolphe Flaha
Rodolphe Flaha