Le chef de l`État sortant, Laurent Gbagbo, candidat à sa propre succession arrivé en tête au premier tour avec 38,04 % des suffrages et Alassane Ouattara, candidat du Rhdp, crédité de 32,07 %, devraient croiser le fer au second tour de la présidentielle le 28 novembre 2010. Avec sa légère avance, Gbagbo aura-t-il les ressorts nécessaires pour rafler la mise finale ? Ce n`est pas impossible. Mais, il reste que près de 65 % des électeurs qui se sont rendus au urnes le dimanche 31 octobre 2010 ont voté contre lui, si l`on s`en tient aux scores cumulés de ses adversaires. A contrario, 75 % des Ivoiriens se sont exprimés contre Bédié, 68 % contre Ado, 97 % contre Mabri et 99,98 % contre Anaky... le taux de bulletins nuls étant de 4,66 %. Pour augmenter son capital voix, le chef de l`État sortant a entrepris de rencontrer les six candidats malheureux du premier tour. Jacqueline Oble (0,27 %), Dolo Adama ( 0,13 %), Enoh Aka N`doubah
(0,12 %), Konan Siméon (0,27 %), Révérend Tagoua (0,25 %), Tohou Henri (0,05 %). Bien que ceux-ci pèsent moins d`un pour cent (1 %), ils peuvent, s`ils s`alignent derrière Gbagbo, constituer une petite réserve de voix pour lui. Laurent Gbagbo pourrait également puiser dans le lot des électeurs indécis du premier tour et s`octroyer au moins la moitié, sinon le tiers (1/3) de ceux qui ont voté nul.
Les dangers d`un score étriqué
Par ailleurs, la chance de Gbagbo réside dans le boycott éventuel de l`appel de Bédié et du Rhdp à voter Ado. Toutes les composantes de la famille houphouetiste, réunies à Yamoussoukro avant-hier, ont invité leurs militants ainsi que les chefs traditionnels baoulé à reporter leurs voix sur Ado. Ceux-ci ont répondu par l`affirmative.... Aimé Henri Konan Bédié, s`exprimant en baoulé, a enjoint ses parents à voter Ado. Il est donc solidement assuré du soutien de ses alliés. Dès lors, un simple calcul arithmétique des voix d`Henri Konan Bédié (25,24 %), Anaky Kobena (0,23 %), Albert Mabri Toikeusse ( 2,57 %) et Ado lui-même ( 32,08 %) donne gagnant, le dernier cité avec 60,11 % des suffrages. Au surplus, Ado pourrait compter, virtuellement sur les militants du Parti ivoirien des Travailleurs ( Pit). On peut donc l`imaginer... Il devrait être extrêmement difficile pour Laurent Gbagbo, qui semble avoir épuisé ses
« cartouches », en termes de soutien, de s`imposer face au bloc du Rhdp. Mais ici, nous sommes encore dans du virtuel. Car, le report des voix ne peut pas être automatique, voire mécanique... Le report des voix ne se décrète pas. Dès lors, le vrai pari d`Ado et des leaders du Rhdp consiste à maintenir dans leur giron, leur électorat certain. Amener cet électorat dit « captif » du Pdci à voter comme un seul homme et les yeux fermés, le candidat du Rhdp, s`il veut s`assurer une victoire éclatante. Par ailleurs, le score final reste l`un des enjeux de ce second tour. Gbagbo et Ado gagneraient, pour éviter des contestations, à gagner proprement, par un score qui ne soit l`objet d`interprétation malveillante. Un score qui tue les contestations et les suspicions et qui avoisine les 60 %. A défaut d`un tel score, des contestations pourraient naitre...
La France et Thérèse Houphouet
A priori, Ado peut se frotter les mains. Avec le soutien franc et direct des chefs baoulé, d`Henri Konan Bédié, l`ancien Premier ministre Charles Konan Banny, de Guillaume Houphouet-Boigny, l`on peut affirmer que le candidat du Rhdp a de très fortes chances de décrocher la lune à ce second tour. Le respect du chef, chez le baoulé étant quelque chose de sacrée. Ce peuple connu pour sa soumission à ses chefs se verrait dans l`obligation absolue d`appliquer à la lettre les consignes de Bédié et des 2000 chefs et rois qui ont solennellement appelé à voter Ouattara Alassane. Mais, si l`on part de l`hypothèse que le report des voix n`est pas systématique, il faut néanmoins dire que le pourcentage des déperditions éventuelles de voix dans les rangs des militants du Pdci ne devraient pas excéder les 5 %. De ce point de vue, il sera difficile à Gbagbo de s`imposer à Ado. N’empêche, le candidat de Lmp qui vient d`avoir le soutien,
non négligeable, de Mme Thérèse Houphouët-Boigny, en fin tacticien et habile manœuvrier, au-delà des brouillages qu`il peut provoquer au sein du Rhdp, pourrait toujours espérer renverser la vapeur. Il suffit, pour lui, de surfer sur l’antipathie que vouent certains Ivoiriens à Alassane Ouattara. Laurent Gbagbo pourrait, également, poursuivre sa politique de débauchage des cadres du Rhdp. Mais, la grosse inconnue dans ce second tour reste, de toute évidence, la position de la France de Nicolas Sarkozy. Dans ses anciennes colonies, la France n`est jamais restée indifférente dans des élections. Après plus de 10 ans de présence continue en Côte d`Ivoire, la France peut-elle faire l`économie d`une immixtion dans ce scrutin? Elle qui tient à ce que ces élections soient une garantie absolue de stabilité pour la Côte d`Ivoire. De ce point de vue, l`Élysée qui a dépêché, son secrétaire général en Côte d`Ivoire récemment,
Claude Guéant, ne peut forcement être neutre. La France aura forcement son mot à dire... Le souci de l`ancienne puissance coloniale, au-delà de ses intérêts économiques, étant d`abord la stabilité politique et sociale de la Côte d`Ivoire. La position de Paris sera donc déterminante quant à l`issue de ce scrutin... La question qui mérite d`être posée est celle-ci : qui de Laurent Gbagbo et d`Alassane Ouattara, aux yeux de la France, incarne-t-il cette stabilité sociale, économiques et politique ? La réponse à cette interrogation peut être un indicateur du profil du futur président de la République. En tout état de cause, dans un camp comme dans l`autre, la victoire est loin d`être acquise à l`avance...
Armand B. DEPEYLA
armandbehe@yahoo.fr
(0,12 %), Konan Siméon (0,27 %), Révérend Tagoua (0,25 %), Tohou Henri (0,05 %). Bien que ceux-ci pèsent moins d`un pour cent (1 %), ils peuvent, s`ils s`alignent derrière Gbagbo, constituer une petite réserve de voix pour lui. Laurent Gbagbo pourrait également puiser dans le lot des électeurs indécis du premier tour et s`octroyer au moins la moitié, sinon le tiers (1/3) de ceux qui ont voté nul.
Les dangers d`un score étriqué
Par ailleurs, la chance de Gbagbo réside dans le boycott éventuel de l`appel de Bédié et du Rhdp à voter Ado. Toutes les composantes de la famille houphouetiste, réunies à Yamoussoukro avant-hier, ont invité leurs militants ainsi que les chefs traditionnels baoulé à reporter leurs voix sur Ado. Ceux-ci ont répondu par l`affirmative.... Aimé Henri Konan Bédié, s`exprimant en baoulé, a enjoint ses parents à voter Ado. Il est donc solidement assuré du soutien de ses alliés. Dès lors, un simple calcul arithmétique des voix d`Henri Konan Bédié (25,24 %), Anaky Kobena (0,23 %), Albert Mabri Toikeusse ( 2,57 %) et Ado lui-même ( 32,08 %) donne gagnant, le dernier cité avec 60,11 % des suffrages. Au surplus, Ado pourrait compter, virtuellement sur les militants du Parti ivoirien des Travailleurs ( Pit). On peut donc l`imaginer... Il devrait être extrêmement difficile pour Laurent Gbagbo, qui semble avoir épuisé ses
« cartouches », en termes de soutien, de s`imposer face au bloc du Rhdp. Mais ici, nous sommes encore dans du virtuel. Car, le report des voix ne peut pas être automatique, voire mécanique... Le report des voix ne se décrète pas. Dès lors, le vrai pari d`Ado et des leaders du Rhdp consiste à maintenir dans leur giron, leur électorat certain. Amener cet électorat dit « captif » du Pdci à voter comme un seul homme et les yeux fermés, le candidat du Rhdp, s`il veut s`assurer une victoire éclatante. Par ailleurs, le score final reste l`un des enjeux de ce second tour. Gbagbo et Ado gagneraient, pour éviter des contestations, à gagner proprement, par un score qui ne soit l`objet d`interprétation malveillante. Un score qui tue les contestations et les suspicions et qui avoisine les 60 %. A défaut d`un tel score, des contestations pourraient naitre...
La France et Thérèse Houphouet
A priori, Ado peut se frotter les mains. Avec le soutien franc et direct des chefs baoulé, d`Henri Konan Bédié, l`ancien Premier ministre Charles Konan Banny, de Guillaume Houphouet-Boigny, l`on peut affirmer que le candidat du Rhdp a de très fortes chances de décrocher la lune à ce second tour. Le respect du chef, chez le baoulé étant quelque chose de sacrée. Ce peuple connu pour sa soumission à ses chefs se verrait dans l`obligation absolue d`appliquer à la lettre les consignes de Bédié et des 2000 chefs et rois qui ont solennellement appelé à voter Ouattara Alassane. Mais, si l`on part de l`hypothèse que le report des voix n`est pas systématique, il faut néanmoins dire que le pourcentage des déperditions éventuelles de voix dans les rangs des militants du Pdci ne devraient pas excéder les 5 %. De ce point de vue, il sera difficile à Gbagbo de s`imposer à Ado. N’empêche, le candidat de Lmp qui vient d`avoir le soutien,
non négligeable, de Mme Thérèse Houphouët-Boigny, en fin tacticien et habile manœuvrier, au-delà des brouillages qu`il peut provoquer au sein du Rhdp, pourrait toujours espérer renverser la vapeur. Il suffit, pour lui, de surfer sur l’antipathie que vouent certains Ivoiriens à Alassane Ouattara. Laurent Gbagbo pourrait, également, poursuivre sa politique de débauchage des cadres du Rhdp. Mais, la grosse inconnue dans ce second tour reste, de toute évidence, la position de la France de Nicolas Sarkozy. Dans ses anciennes colonies, la France n`est jamais restée indifférente dans des élections. Après plus de 10 ans de présence continue en Côte d`Ivoire, la France peut-elle faire l`économie d`une immixtion dans ce scrutin? Elle qui tient à ce que ces élections soient une garantie absolue de stabilité pour la Côte d`Ivoire. De ce point de vue, l`Élysée qui a dépêché, son secrétaire général en Côte d`Ivoire récemment,
Claude Guéant, ne peut forcement être neutre. La France aura forcement son mot à dire... Le souci de l`ancienne puissance coloniale, au-delà de ses intérêts économiques, étant d`abord la stabilité politique et sociale de la Côte d`Ivoire. La position de Paris sera donc déterminante quant à l`issue de ce scrutin... La question qui mérite d`être posée est celle-ci : qui de Laurent Gbagbo et d`Alassane Ouattara, aux yeux de la France, incarne-t-il cette stabilité sociale, économiques et politique ? La réponse à cette interrogation peut être un indicateur du profil du futur président de la République. En tout état de cause, dans un camp comme dans l`autre, la victoire est loin d`être acquise à l`avance...
Armand B. DEPEYLA
armandbehe@yahoo.fr
