La communauté Baoulé est courtisée par les deux candidats à l’élection présidentielle du 28 novembre. Cela ne se fait pas sans dérapage tribal. Ce qui inquiète le premier responsable de l’Ong Notre Nation.
Quelle lecture faites-vous du premier tour de l’élection présidentielle ?
Je voudrais féliciter les Ivoiriens pour la grande mobilisation dont ils ont fait preuve à l’occasion du premier tour de l’élection présidentielle. Depuis 1996, l’Ong Notre Nation sensibilise sur les
normes démocratiques. En revanche, lorsque nous regardons la répartition des voix, nous sommes inquiets. Ces résultats reflètent une polarisation de l’électorat. Est-ce à dire que certains partis politiques n’ont pas fait des efforts d’implantation dans certaines régions ? Est-ce un alignement systématique à forte coloration ethnique ? Est-ce parce qu’il y a eu entrave au droit de vote dans certaines localités ? Ce sont des questions auxquelles nous n’avons pas forcément toutes les réponses. Cela, à première vue, paraît très inquiétant.
En tant qu’Ong, nous imaginons que vous avez eu des représentants sur le terrain. Qu’ont-ils glané comme informations ?
Malheureusement, nous n’avons pas de données précises sur les raisons pour lesquelles nous avons observé cette polarisation. Je ne voudrais pas spéculer. Nous voulons redoubler d’efforts pour sensibiliser les Ivoiriens. Pour qu’ils prennent conscience des dangers que le choix sur les bases ethniques fait courir à notre pays. Nous avons engagé depuis 1996 une campagne de sensibilisation pour dénoncer la manipulation des sentiments d’appartenance ethnique.
Au regard de ces résultats, peut-on dire que vous avez échoué ?
En tout cas, j’ai mal au cœur quand je vois cette polarisation. Je me dis qu’il y a encore beaucoup de travail à faire. Nous devons redoubler d’efforts. Mais en même temps, je me dis que, à nous
tout seuls, ce sera une goutte d’eau dans la mer. Beaucoup d’autres Ivoiriens devraient se mobiliser pour continuer cette sensibilisation.
Vous vous insurgez contre le fait que Bédié ait réuni les chefs Baoulé pour la cause de Ouattara. Pouvez-vous en dire plus ?
En politique, il est normal que des partis politiques s’associent sur des bases qu’ils ont définies eux-mêmes. Cela ne pose aucun problème que le Président Henri Konan Bédié demande à ses
militants de voter, au nom de leur alliance, Alassane Ouattara.
Mais là, où nous nous inquiétons, c’est cette réunion qui a eu lieu à Yamoussoukro, où on a réuni 2000 chefs Baoulé pour leur dire qu’il faut que tous les Baoulé votent pour Alassane Ouattara. On est allé plus loin pour faire la libation, en jetant la malédiction sur les contrevenants. Ce genre d’attitude et d’appel est un danger pour la Nation. Le Pdci est un parti représentatif. Il a ses membres qui ne sont pas Baoulé. Nos hommes politiques doivent nous donner l’exemple. Nous nous battons pour qu’il se crée une Nation. Il faut faire en sorte que les Ivoiriens se sentent d’abord Ivoiriens, avant d’être autre chose.
Peut-on dire pour paraphraser l’autre que la Côte d’Ivoire est une poudrière identitaire ?
La balkanisation crée les conditions qui amènent les pays à la déflagration et à la dislocation sanglantes. On l’a vu en Yougoslavie. On n’est pas à l’abri de ces genres de choses. C’est pourquoi, les hommes politiques ne doivent pas ajouter de l’huile sur le feu. Ils ne doivent pas prendre des raccourcis pour attirer les électeurs. Parce qu’après l’élection présidentielle, nous sommes condamnés à vivre ici, en tant que frères. Si ceux qui doivent être l’exemple sont ceux
qui attisent la conscience tribale, je crois que le terme utilisé par cet auteur se trouverait justifié.
Quelles sont pour vous les conditions d’une élection apaisée comme cela a été le cas, au premier tour ?
Il y a le rôle des hommes politiques. La campagne doit être civilisée. Je voudrais inviter les hommes politiques à éviter la manipulation des sentiments d’appartenance ethnique et religieuse. Ils ont des
programmes de gouvernement. Ils doivent expliquer aux Ivoiriens ce qu’ils entendent faire pour la Côte d’Ivoire. Il faut dépasser la tribalisation du débat politique.
Entretien réalisé par : Tché Bi Tché.
Quelle lecture faites-vous du premier tour de l’élection présidentielle ?
Je voudrais féliciter les Ivoiriens pour la grande mobilisation dont ils ont fait preuve à l’occasion du premier tour de l’élection présidentielle. Depuis 1996, l’Ong Notre Nation sensibilise sur les
normes démocratiques. En revanche, lorsque nous regardons la répartition des voix, nous sommes inquiets. Ces résultats reflètent une polarisation de l’électorat. Est-ce à dire que certains partis politiques n’ont pas fait des efforts d’implantation dans certaines régions ? Est-ce un alignement systématique à forte coloration ethnique ? Est-ce parce qu’il y a eu entrave au droit de vote dans certaines localités ? Ce sont des questions auxquelles nous n’avons pas forcément toutes les réponses. Cela, à première vue, paraît très inquiétant.
En tant qu’Ong, nous imaginons que vous avez eu des représentants sur le terrain. Qu’ont-ils glané comme informations ?
Malheureusement, nous n’avons pas de données précises sur les raisons pour lesquelles nous avons observé cette polarisation. Je ne voudrais pas spéculer. Nous voulons redoubler d’efforts pour sensibiliser les Ivoiriens. Pour qu’ils prennent conscience des dangers que le choix sur les bases ethniques fait courir à notre pays. Nous avons engagé depuis 1996 une campagne de sensibilisation pour dénoncer la manipulation des sentiments d’appartenance ethnique.
Au regard de ces résultats, peut-on dire que vous avez échoué ?
En tout cas, j’ai mal au cœur quand je vois cette polarisation. Je me dis qu’il y a encore beaucoup de travail à faire. Nous devons redoubler d’efforts. Mais en même temps, je me dis que, à nous
tout seuls, ce sera une goutte d’eau dans la mer. Beaucoup d’autres Ivoiriens devraient se mobiliser pour continuer cette sensibilisation.
Vous vous insurgez contre le fait que Bédié ait réuni les chefs Baoulé pour la cause de Ouattara. Pouvez-vous en dire plus ?
En politique, il est normal que des partis politiques s’associent sur des bases qu’ils ont définies eux-mêmes. Cela ne pose aucun problème que le Président Henri Konan Bédié demande à ses
militants de voter, au nom de leur alliance, Alassane Ouattara.
Mais là, où nous nous inquiétons, c’est cette réunion qui a eu lieu à Yamoussoukro, où on a réuni 2000 chefs Baoulé pour leur dire qu’il faut que tous les Baoulé votent pour Alassane Ouattara. On est allé plus loin pour faire la libation, en jetant la malédiction sur les contrevenants. Ce genre d’attitude et d’appel est un danger pour la Nation. Le Pdci est un parti représentatif. Il a ses membres qui ne sont pas Baoulé. Nos hommes politiques doivent nous donner l’exemple. Nous nous battons pour qu’il se crée une Nation. Il faut faire en sorte que les Ivoiriens se sentent d’abord Ivoiriens, avant d’être autre chose.
Peut-on dire pour paraphraser l’autre que la Côte d’Ivoire est une poudrière identitaire ?
La balkanisation crée les conditions qui amènent les pays à la déflagration et à la dislocation sanglantes. On l’a vu en Yougoslavie. On n’est pas à l’abri de ces genres de choses. C’est pourquoi, les hommes politiques ne doivent pas ajouter de l’huile sur le feu. Ils ne doivent pas prendre des raccourcis pour attirer les électeurs. Parce qu’après l’élection présidentielle, nous sommes condamnés à vivre ici, en tant que frères. Si ceux qui doivent être l’exemple sont ceux
qui attisent la conscience tribale, je crois que le terme utilisé par cet auteur se trouverait justifié.
Quelles sont pour vous les conditions d’une élection apaisée comme cela a été le cas, au premier tour ?
Il y a le rôle des hommes politiques. La campagne doit être civilisée. Je voudrais inviter les hommes politiques à éviter la manipulation des sentiments d’appartenance ethnique et religieuse. Ils ont des
programmes de gouvernement. Ils doivent expliquer aux Ivoiriens ce qu’ils entendent faire pour la Côte d’Ivoire. Il faut dépasser la tribalisation du débat politique.
Entretien réalisé par : Tché Bi Tché.