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Politique Publié le jeudi 18 novembre 2010 | Le Mandat

Lettre ouverte à Messieurs... - Choi Young Jin, Boureima Badini, Nonce Apostolique, Monseigneur Ambroise Madta et chefs religieux en Côte d’Ivoire

A vous tous vos Excellences, souffrez que je ne me soumette pas aux circonlocutions attitrées, et cela au profit pour la noblesse de la démocratie.
Représentants directs des plus hautes institutions qui vous ont mandatés auprès des autorités ivoiriennes pour la recherche et le rétablissement de la paix, vos interlocuteurs se rencontrent dans les salons feutrés au bout du tapis rouge.
Aujourd’hui pourtant, permettez que depuis la petite salle de ma rédaction, je m’adresse à vous.
Pour utiliser la formule consacrée, je voudrais, comme tous vos interlocuteurs, vous dire merci pour avoir sacrifié votre vie familiale au détriment d’un séjour dans notre pays qui, même beau et accueillant, n’était pas votre choix pour une vie familiale heureuse. Tout Ivoirien sensé ne saurait être ingrat à votre endroit. Cela dit, je viens à vous ce jour parce que je voudrais attirer votre attention sur le fait que si vous vous en tenez aux salamalecs diplomatiques, l’histoire risque de méconnaitre tous les sacrifices que vous consentez dans notre pays. Votre implication dans notre conflit vous invite à dépasser le cadre habituel de vos missions de représentation. Notre pays se veut particulier et certains des acteurs du dossier que vous avez à gérer sont imprévisibles. Vous avez été timide le plus souvent, voire silencieux devant certains faits. Ce qui conforte les fauteurs de trouble dans leurs actions de compromission du processus et rend septiques d’autres partenaires et observateurs.
Je voudrais vous dire ma déception de vous avoir vu défiler chez les principaux candidats après le premier tour de l’élection présidentielle. Tous, vous disiez quelque chose du genre : ‘’nous sommes venus saluer Monsieur x pour le bon déroulement des élections. Les Ivoiriens ont voté calmement et ils sont à féliciter’’ :
Messieurs, les Ivoiriens votent au moins tous les cinq ans depuis 1945 et dans la discipline. Ce qu’ils attendent de vous, c’est que les hommes de Monsieur Choï sécurisent les urnes d’abord au cours du vote et pendant le transfert, ensuite assurent la sécurité et la transparence pendant les opérations de comptage des voix à travers les procès verbaux que manipule la CEI, et enfin gèrent toutes les provocations et intimidations susceptibles de créer des troubles.
A Monsieur Badini Boureima, on attend qu’il se prononce un peu souvent sur les débordements et les écarts de langage qu’affectionne l’un des candidats à la présidentielle. Devant l’immobilisme de tous les observateurs lors de la campagne pour le 1er tour, c’est Monsieur Gbagbo Laurent lui-même qui a présenté ses excuses, mettant au compte de la chaleur de la campagne les insultes qu’il propageait sur ses adversaires.
Les Ivoiriens n’ont pas compris le lourd silence de M. Choi et M. Badini et les autres intervenants sur les tripatouillages avérés au niveau de la CEI et la flagrante contradiction juridique du Conseil constitutionnel. Tout le monde sait dans un match de football, l’équipe victime de tricherie ou d’injustice de l’arbitre ne peut qu’attendre la fin du match pour poser les réclamations, même s’il y a des prolongations. Mais, Monsieur Yao N’Dré dit que le Pdci devait déposer sa réclamation avant d’avoir les résultats de la CEI. Quelle qualité d’ange devait avoir Monsieur Bédié pour présager ce qui devait arriver ? Maintenant que le 2ème tour s’annonce avec la défaite certaine de Monsieur Laurent Gbagbo, il procède par menace, intimidation et agression et vous ne dites encore rien. Les Baoulé sont maltraités dans leurs plantations et ceux de l’administration sont les otages de M. Gbagbo. Peut-être que cette fois, à cause de la présence de M. Badini et le parrainage du Président Compaoré dans le processus du règlement du conflit, les Burkinabé dans l’Ouest sont épargnés. Tant mieux !
L’usage abusif de la fibre ethnique et la RTI dans ses ridicules et honteuses désinformations ne suscitent encore aucune réaction de votre part.
Messieurs les représentants, Monseigneur le Nonce Apostolique, Messieurs les chefs religieux, impliquez-vous mieux que de passer saluer Monsieur Bédié après. Personne n’est plus garçon que son camarade en Côte d’Ivoire et c’est parmi les civils qu’on recrute les militaires. Aucune ethnie n’est estampillée plus virile, c’est l’intelligence qui permet de contrôler les émotions et de réguler le tempérament. Ne voyez-vous pas que la pente penche dangereusement vers une fin incertaine du processus ? Vous avez déjà fait beaucoup de sacrifice ; restez attentifs car nous abordons l’étape la plus difficile. Veuillez pardonner mon adresse, malgré vos rangs, mais le sujet en valait la peine.
Respectueusement votre !
Kra George AMANI
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