Attaque du siège du Rhdp, hier, à Cocody / Jean Blé Guirao (directeur national de campagne adjoint du candidat du Rhdp) : “Les jeunes de la Fesci étaient armés de machettes, de fers, de bouteilles”

Jean Blé Guirao, directeur national adjoint de campagne du candidat du Rhdp, le Dr Alassane Ouattara, a échappé à la mort, hier. Alerté d'urgence de l'attaque de la Maison du Rhdp de Cocody par des éléments de la Fesci, il s'y est aussitôt rendu pour honorer un rendez-vous avec le Secrétaire général de la Fesci, Mian Augustin, en vue de calmer les esprits. A peine descendu de sa voiture qu'il a été pris à partie par les agresseurs du quartier général de campagne du candidat du Rhdp. Il raconte sa mésaventure.

Vous revenez de la Maison du Rhdp de Cocody où vous avez été pris à partie par des jeunes de LMP. Que s'est-il passé ?
Je voudrais d'abord remercier Dieu. C'est parce que Dieu a sa main sur moi que j'ai pu survivre après ce qui s'est passé tout à l'heure. Ça été un assassinat programmé par Mian Augustin, secrétaire général national de la Fesci et Annan, le secrétaire de Mermoz. Nous étions avec les ministres Guikahué et Hamed Bakayoko, ainsi que Kkb et les autres au parc des sports de Treichville pour préparer le meeting de lancement de la campagne du candidat du Rhdp de demain (Ndlr aujourd'hui), puisque vous savez que le stade Houphouët Boigny nous été refusé. Nous étions donc là-bas avec les responsables de l'Ons pour une visite des lieux, quand on a appelé pour nous dire qu'il y a des affrontements entre des militants de la Fesci de Mermoz et des jeunes du Rhdp à la maison du Pdci-Rda à Cocody. Pour savoir davantage de ce qui se passait, nous nous sommes concertés et on a dit qu'il faut qu'on se rende au siège du Pdci. Kkb et moi avons quitté Treichville pour Cocody. Sur le pont, j'ai joint Mian Augustin, secrétaire national de la Fesci au téléphone. Je lui ai dit ce qui se passait et lui ai aussi dit qu'il est question que nous trouvions ensemble des arguments pour calmer les jeunes, étant entendu que nous sommes à la veille de la campagne électorale, que ce n'était pas bien pour la Côte d'Ivoire qui a fait un premier tour de cette élection présidentielle dans un climat apaisé, que les affrontements commencent en milieu universitaire. Il a dit que c'est aussi son souhait. On a donc convenu de nous retrouver au carrefour du lycée Sainte Marie. Après lui, j'ai aussi joint Annan qui est mon jeune frère, secrétaire général de la cité Mermoz. Et on s'est tous donné rendez vous au carrefour du lycée Sainte Marie. A ma grande surprise, à mon arrivée au lieu du rendez-vous, j'ai été accueilli par une cohorte de jeunes armés jusqu'aux dents, avec des bois, des machettes, des gourdins, des fers, des bouteilles. Dès que j'ai dit, je veux voir le secrétaire général de la Fesci, ils sont tombés sur moi. J'étais avec deux de mes gardes du corps qui m'ont sauvé la vie. Les coups que je recevais pleuvaient de partout.

Des agents de la Police nationale étaient pourtant non loin de la maison du Pdci-Rda. Quelle a été leur réaction ?
Je ne comprenais rien de ce m'arrivait. Les jeunes ont tout pris sur moi. Ils ont pris mon Touraya, mon porte monnaie avec mon argent. Ma chance, c'est que je ne suis pas tombé. Et à ma grande surprise, j'ai constaté qu'à deux pas du lieu de mon agression, un cargo de gendarmes et un autre cargo de policiers étaient garés. Mais personne ne bougeait le petit doigt pour intervenir. Les jeunes de la Fesci cassaient tous les véhicules, brûlaient tout devant la maison du Pdci-Rda, mais aucun des gendarmes et policiers qui se trouvaient pourtant à deux pas, n'a réagi. Les gens m'ont poursuivi, nous avons dépassé les gendarmes et les policiers, mais il n'y a eu aucune réaction de ceux-ci. J'ai été sidéré que les forces de l'ordre, qui normalement sont là pour maintenir l'ordre, aient assisté de façon passive à ce qui s'est passé, comme si elles étaient complices. J'ai été choqué. Alors que mon garde disait à mes agresseurs que je suis un ancien secrétaire général de la Fesci, et qu'à la Fesci, on ne porte pas main sur les anciens, les jeunes gens ont continué. Ils ont fait déborder le vase aujourd'hui. Que ce soit à Mian Augustin et Annan, je leur dit qu'ils ont franchi le rubicon.

Quelle sera votre réaction ?
Un parti politique, c'est un regroupement privé et se fait respecter par deux éléments importants : le volet judiciaire, mais aussi la mobilisation de ses militants. Sur ce point là, je pense que le Rhdp n'a plus rien à prouver à la majorité présidentielle. Nous allons nous organiser. Si on doit lancer la campagne pour le second tour et ça commence ainsi, c'est que la majorité présidentielle, qui a compris qu'elle est une minorité, est en train de s'organiser pour foutre le bordel. A nous de nous organiser comme on l'a fait au niveau du combat des audiences foraines et de la Cei, pour que la minorité agissante ne nous écrase pas. Mes cadets savent que je ne suis pas un militant de base de la Fesci. J'ai été secrétaire général de la Fesci et ils savent ce que ça veut dire.

Avez-vous un message à l'endroit des militants du Rhdp ?
Je voudrais dire aux militants du Rhdp que dès qu'on a annoncé les résultats du premier tour, et qu'on a commencé à avoir des messages de haine, de xénophobie, de tribalisme partout, on doit comprendre que cette élection ne sera pas gagnée d'avance si nous ne nous organisons. Je ne comprends pas que nos jeunes sont aujourd'hui dans une torpeur inexplicable. Je lance un appel de remobilisation à toutes les bases du Rhdp. Le moment est venu qu'on se réveille pour que notre victoire soit concrète au second tour. Si nous dormons, si nous dormons et attendons que Dieu nous aide, nous nous trompons. Nous lançons un appel à la mobilisation à tous les jeunes, à toutes les bases, que tous se réveillent pour faire ombrage à tout ce qui se prépare comme désordre. Nous voulons la paix, mais la paix se prépare.
Entretien réalisé par Patrice Yao