On aura vu beaucoup d’incongruités et d’énormités sur le règne du président Laurent Gbagbo. Pendant dix ans, les Ivoiriens n’ont jamais eu de cesse de constater que deux êtres se tiraillent tragiquement du reste, dans la personne de l’ancien opposant historique. Il y a le Gbagbo des slogans et proclamations et celui dont les actes et actions sont toujours en porte à faux avec ses discours. Depuis un bon moment, l’homme, devant un présent qui n’est nullement rassurant, a choisi de donner dans la démagogie politique. Celui qui est connu pour avoir été le plus grand pourfendeur et humiliateur de Félix Houphouët Boigny, qui a bâti sa stratégie sur les attaques verbales et le dénigrement systématique du premier président ivoirien, a surpris plus d’un compatriote, en affirmant sans sourciller, qu’il est un Houphouétiste, de surcroit « le vrai héritier » du « père de la nation ». Pas un jour ne passe sans que lui-même ou ses nombreux courtisans et missi dominici ne le présentent comme le successeur de Boigny. Son épouse, Simone Ehivet Gbagbo, la première des deux Dames de notre république, l’a dit de vive voix à des concitoyens reçus la semaine dernière. Comment Gbagbo qui a créé son parti, le FPI, pour justement calomnier Houphouët et le PDCI, peut –il se réclamer de sa philosophie politique ? Assurément, la honte et le ridicule ne tuent plus, même par temps de burlesque refondation. Mais comme on ne peut pas ruser indéfiniment avec la vérité, encore moins se mentir à soi-même, le symbole de la mise à mort définitive de Félix Houphouët Boigny est venu dans toute sa laideur, le vendredi dernier à Cocody. La FESCI, laide héritière des étudiants qui ont pris les rues en otage en avril 1990, aux cris de « Houphouët voleur », s’est prise au siège du PDCI, construit par Houphouët et ont pillé et saccagé les lieux, blessant au passage des partisans de l’ancien parti au pouvoir. A dire vrai, l’imposture ne pouvait pas prospérer. Laurent Gbagbo, l’homme de la guerre, le belliqueux, l’actant de la violence, le destructeur des acquis, ne peut en aucun cas s’identifier à Houphouët Boigny, l’homme de paix, le partisan du dialogue et le bâtisseur. Il faut arrêter la comédie, même si elle nourrit de petites gens sous la refondation
Bakary Nimaga
Bakary Nimaga