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Politique Publié le mardi 23 novembre 2010 | Partis Politiques

Présidentielle ivoirienne : Lettre ouverte aux ministres Michèle Alliot-Marie et Brice Hortefeux

© Partis Politiques Par DR
France - Mme Michèle Alliot-Marie, ex-ministre de la Défense, entendue comme témoin dans l`affaire du bombardement de Bouaké
Photo d`archives
Lettre ouverte à Madame Michèle Alliot-Marie, ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères et européennes,
Et à Monsieur Brice Hortefeux
Ministre de l’Intérieur, de l’Outre-mer, des Collectivités territoriales et de l’Immigration
Paris le 18 novembre 2010

Madame la Ministre d’État,
Monsieur le Ministre,

Notre pays, la Côte d’Ivoire, parvient à organiser, pour la première fois depuis dix ans, une élection présidentielle. La communauté ivoirienne en France participe à ce scrutin. 13.230 électeurs sont ainsi inscrits sur les listes électorales dont 11.056 pour la seule région parisienne.

Le premier tour de cette élection s’est déroulé en France, le dimanche 31 octobre 2010, dans de telles conditions d’irrégularité, de dysfonctionnements et de violence que la Commission électorale ivoirienne (CEI) nationale a décidé d’annuler le scrutin en Île-de-France. Cette annulation a été saluée par les démocrates de tous bords, en France comme en Côte d’Ivoire. Ainsi, le professeur Francis Wodié, candidat à la présidentielle mais non qualifié pour le second tour - il ne peut donc pas être suspecté de vouloir favoriser l’un ou l’autre candidat - a « eu à déplorer qu’aux bureaux de vote de Paris, des citoyens ivoiriens aient été empêchés d’accéder aux lieux de vote ». Car c’est de cela qu’il s’agit : du droit des citoyens ivoiriens à pouvoir exercer un droit fondamental, reconnu par la Constitution : le droit de vote !

Les Ivoiriens de France ne s’étonnent pas de cette irrégularité, de ce dysfonctionnement et de cette violence. L’actuel ambassadeur de la République de Côte d’Ivoire en France s’est illustré, autrefois, par des propos sans ambiguïté : « Multipartisme : quand j’entends ce mot, je vois rouge ». Il voit rouge encore aujourd’hui alors que depuis cinq ans maintenant, nous attendons de pouvoir participer à cette élection présidentielle qui devait, initialement, avoir lieu en… octobre 2005 ! Il voit rouge et c’est pourquoi il s’est attaché à empêcher la libre expression de la démocratie électorale. Au lieu d’organiser le vote dans un seul et même endroit à Paris, pour l’ensemble de l’Île-de-France, il l’a éparpillé dans 28 bureaux répartis entre 9 centres différents dont l’accès pouvait être d’autant plus difficile qu’au sein d’une même famille les « attributions » de lieu de vote pouvaient être différentes.

Dans le même temps, les interférences entre Monsieur l’ambassadeur et la CEI-France, dont la neutralité politique n’a pas été assurée, ont permis de décider qui étaient les « bons » et qui étaient les « mauvais » électeurs. Des milliers de cartes d’identité et de cartes d’électeur n’ont pas été distribuées, la sélection s’opérant via les patronymes dioula qui pouvaient laisser apparaître une origine « nordiste » considérée comme être en opposition à l’actuel pouvoir en place à Abidjan. Ainsi les Coulibaly, les Cissé, les Fofana, les Karamoko… se sont trouvés sans possibilité d’exercer leur droit de vote tandis que les « militants du camp présidentiel » avaient reçu leurs papiers par voie postale.

Sur le terrain, cette situation a conduit à la confusion puis à l’affrontement. Trois personnes au moins ont été blessées et ont dû être hospitalisées. Ce qui a conduit à déposer plainte contre Monsieur Sylla Mamadou, président de la CEI-France.

Nous avions mis en garde Monsieur l’ambassadeur, à la veille du scrutin, et avions attiré son attention sur les dysfonctionnements anormaux. Il nous a rétorqués qu’il n’avait pas de financement pour organiser, comme il convenait, cette consultation électorale. Et que sa demande, aux autorités françaises, d’un lieu de vote unique, facilitant l’opération, n’avait eu aucun écho.

Le deuxième tour de cette présidentielle doit se dérouler le dimanche 28 novembre 2010. C’est une journée cruciale pour la démocratie ivoirienne. C’est aussi une journée cruciale pour les relations franco-ivoiriennes. La France qui, par son intervention, a empêché le pire à l’automne 2002, est encore engagée sur le terrain et dépense, chaque mois, des sommes considérables pour assurer la sécurisation et l’intégrité de notre territoire national.

Nous dénonçons dans la démarche de Monsieur l’ambassadeur une volonté de « tripatouillage » électoral visant à annoncer, au soir du 28 novembre 2010, que les Ivoiriens de France auront choisi de reconduire au pouvoir celui qui y est depuis dix ans. Une façon comme une autre de réaliser un «holdup » électoral qui pourrait préfigurer une opération du même type en Côte d’Ivoire. Les Ivoiriens de France sont, généralement, considérés comme des « opposants » au régime en place à Abidjan ; s’ils votaient majoritairement pour l’actuel chef de l’Etat cela signifierait que le pays tout entier est dans cette démarche.

Nul ne peut en préjuger. Il faut laisser la liberté de vote aux Ivoiriens de France.

Mais pour que cette liberté de vote puisse s’exprimer, il faut que nous ayons accès à une salle unique, sous une autorité unique et multipartiste, conformément aux accords souscrits par toutes les parties.

D’autres pays africains, moins bien lotis que ne l’est la Côte d’Ivoire et confrontés à des situations politiques moins dramatiques, y parviennent. Pourquoi pas nous ?

Nous souhaitons, dans cette perspective, avoir la contribution, à la fois, du ministère des Affaires étrangères et du ministère de l’Intérieur. Nous demandons par ailleurs, à l’un et l’autre, d’être vigilants quant à ce qui se passe actuellement à l’encontre des Ivoiriens de France.

Adama DIOMANDE
Président de l’ADDL
Association pour la Défense de la Démocratie et des Libertés.
Loi 1901 J.O n°0046 de 1994 France
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