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Politique Publié le mardi 23 novembre 2010 | Le Patriote

Coup d’Etat de 1999 et Guerre de 2002 : Gbagbo, le vrai père

© Le Patriote Par DR
Tournée du candidat du FPI : Laurent Gbagbo à Bondoukou
Mardi 28 septembre 2010. Stade Ali Timité de Bondoukou. Meeting de clôture du Président Laurent Gbagbo dans la région du Zanzan
Laurent Gbagbo ! Il est à la peine depuis l’ouverture de la campagne électorale pour la conquête de la Magistrature Suprême. Comme lors du premier tour, le camarade socialiste éprouve toutes les difficultés du monde à séduire les électeurs. Il n’a pas de programme et n’a aucun bilan à présenter à ses compatriotes, après dix ans passés à la tête du pays. En manque d’arguments, il a choisi de donner dans les slogans et discours inopérants. Après avoir parlé sans convaincre d’Indépendance, acquise le 7 août 1960 et de souveraineté, Gbagbo a opté pour les faux débats. Ainsi, depuis un bon moment, il accuse très sensément Alassane Ouattara d’être le père du coup d’Etat de décembre 99 et le géniteur de la guerre de septembre 2002. A la vérité, Laurent Gbagbo crée de fausses controverses, dont l’unique ambition est de salir un adversaire politique redoutable et de grande frappe, qu’il n’a jamais voulu affronter dans une compétition loyale et démocratique. Malheureusement pour lui, l’histoire politique est très récente, pour espérer subir des contorsions et des falsifications. De même que « Mal nommer les choses, c’est ajouter aux malheurs du monde », de même laisser prospérer le mensonge, c’est véritablement opérer un crime odieux contre la Côte d’Ivoire.
« Si le PDCI refuse les élections transparentes….Un Kabila viendra »
Le coup d’Etat du 24 décembre 99 a une histoire claire que l’historien de candidat veut occulter, comme si les Ivoiriens n’avaient pas de mémoire. Laurent Gbagbo qui veut manipuler ses compatriotes se rappelle avoir certainement dit en 1998, ces propos lancés aux dirigeants de l’ancien parti au pouvoir : « si le PDCI refuse de créer les conditions d’élections transparentes, j’irai m’asseoir tranquillement dans mon village, à Mama et un Kabila viendra ». Ce discours n’était vraiment pas anodin, puisqu’en décembre 99, Laurent Gbagbo était confortablement assis à Libreville, au Gabon, chez Omar Bongo Ondimba, quand le Général Robert Guéi prenait le pouvoir. Sûr de son fait, Gbagbo est rentré immédiatement en Côte d’Ivoire, escorté comme un héros par des soldats, de Bouaké à Abidjan. Une fois dans la capitale économique, le candidat du FPI, s’est réjoui de la situation : « le coup d’Etat est un coup de pouce à la démocratie ». Les Ivoiriens se souviennent encore ! Par ailleurs, dès la formation du gouvernement du Comité national de salut public, Laurent Gbagbo a voulu distraire ses concitoyens, en lançant à la cantonade : « si c’est un coup d’Etat du RDR, qu’on nous le dise ». Décrypté, le message de Laurent Gbagbo donne ceci : « j’ai fait mon coup d’Etat et vous nommez des gens proches du RDR ». Sous la menace du géniteur, il fait entrer le Général Doué Mathias au gouvernement et met ses principaux lieutenants aux postes de conseillers de Robert Guéi. Par la suite, il va pousser Guéi à « chasser » du gouvernement, les dirigeants du RDR et prendre carrément le patron du CNSP en otage. En octobre 2000, veille de la présidentielle, le pot aux roses est découvert, avec ces propos de Laurent Gbagbo : « c’est moi qui ai demandé au général Guéi d’invalider la candidature de Ouattara et celles des candidats du PDCI ». Qui était Gbagbo pour prendre une telle décision ? Sans doute, la collusion avec Guéi était sans ambigüité. Le temps aidant, la grande majorité des tenants du CNSP vont se révéler au grand jour comme des militants du FPI. Il y a d’abord Sama Damalan Henri César qui a échappé au lynchage grâce à l’intervention de Tiéti Roch d’Assomption alias Freedom Neruda, proche collaborateur de Gbagbo. Par la suite, Sama sera envoyé par Gbagbo à l’étranger comme attaché militaire mais également acheteur d’armes pour le compte du FPI. On ne confie pas une telle mission à un homme qu’on ne connait pas. A présent, Sama règne comme un monarque à Fresco et menace les militants de l’opposition qui s’aviseraient de ne pas voter Gbagbo. Il y a Djikalou Saint Cyr qui vit une « retraite » paisible dans une structure internationale. Lui n’a pas été inquiété lors de la chute du CNSP. Que dire de Mouassi Grena ? Comme Djikalou, le « barbu » de l’ex-junte militaire est bien tranquille. Il a même le temps de construire sans peine et de faire campagne pour le FPI du côté d’Oumé. Il y a également feu Boka Yapi, l’artificier du CNSP. Quand la guerre a éclaté en Côte d’Ivoire, il a prêté ses services à la refondation, à travers un message passé en boucle à la télévision et à la radio : « le chat qui dort n’est pas mort. J’attends ». On se saurait passer sous silence le rôle joué par le Général Mathias Doué, ami de longue date de Gbagbo. Directeur de campagne de Guéi à la présidentielle d’octobre 2000, il travaillait à la vérité pour le chef de file de la refondation. Le « Chinois » si énigmatique n’avait-il pas déclaré « être toujours dans le camp des vainqueur » ? Il n’avait pas tort car dès la chute de Guéi, il a été nommé Chef d’Etat Major des FANCI par l’ancien opposant historique. Avant de connaitre la disgrâce et le douloureux chemin de l’exil. Même le Général Guéi s’est mise au service de Gbagbo avant d’être roulé dans la farine et être assassiné en septembre 2002, après la grave accusation portée contre lui par Pascal Affi N’guessan. Depuis quelques jours, la presse « bleue » fait état de l’arrivée dans le camp présidentiel de Zoin Honoré, un ancien dirigeant du CNSP. Au regard de tous ces faits, on ne peut pas dire que Laurent Gbagbo est étranger au coup d’Etat de décembre 99.

« Appelez la guerre, elle vient sans délai »

Comme pour le coup d’Etat de décembre 99, Laurent Gbagbo, contrairement à ses proclamations, est pour beaucoup dans la survenue de la guerre de septembre 2002. Il a tout mis en œuvre pour que son pays connaisse la première guerre de son histoire. Par son comportement, il a « appelé la guerre qui est venue sans délai » pour emprunter aux propos de Jérôme Diégou Bailly. D’abord par sa prise du pouvoir en dehors des normes démocratiques. Qu’espérait Laurent Gbagbo en éliminant tous les candidats sérieux à la présidentielle, en tuant des centaines d’Ivoiriens pour prendre le pouvoir dans des « conditions calamiteuses » avec l’aide d’une partie de l’armée ? Que souhaitait Gbagbo en prenant le pouvoir en dehors de l’onction populaire et sans aucune légalité ? Pensait-il que tous ces militaires que son régime abonné aux complots avait chassés de leur pays allaient lui sourire comme des enfants à qui on a donné des friandises ? Par ailleurs, s’il avait écouté les conseils de son homologue Burkinabé, en ouvrant le dialogue avec les soldats en exil au Faso, la Côte d’Ivoire aurait évité le conflit fratricide. Ce n’est plus un secret, quand le conflit a éclaté, il pouvait également ouvrir le temps du dialogue comme l’a fait président malgache avec ses mutins, au lieu de « sortir son épée et de se battre ». Prenant le contrepied de Félix Houphouët-Boigny qui a parlé avec les militaires qui avaient pris la rue en 1991. A n’en point douter, les Ivoiriens n’auraient pas connu la guerre si le chef de la refondation n’avait pas rusé avec le Forum pour la Réconciliation Nationale et avait réglé avec courage, les problèmes qui se posaient à son pays et était parvenu à vider le lourd contentieux issu d’une élection de façade. La paix aurait continué d’être « la seconde religion des Ivoiriens » si son pouvoir n’avait pas inauguré de nombreux complots pour tuer des Ivoiriens. Pour tout dire, Gbagbo est le géniteur de la guerre en Côte d’Ivoire. Celle-ci n’est pas venue ex-nihilo. Elle a été savamment préparée par les activistes de la refondation qui ont voulu marquer du fer rouge de l’exclusion une part importante de la population, victime expiatoire des délits de faciès et de patronyme. Pour sûr, si Gbagbo avait tenu compte de la mise en garde du sociologue belge, Benoit Schoer à travers son documentaire « Côte d’Ivoire, poudrière identitaire », le pire ne se serait pas arrivé. Si la guerre est donc la résultante d’un certain nombre d’injustice et de mauvaise gouvernance, celle de la Côte d’Ivoire est imputable à Gbagbo qui n’a jamais pu se comporter comme « le président de tous les Ivoiriens » mais celui d’un clan, d’une tribu. Comme pour le coup d’Etat de 99, sa responsabilité est entière dans l’éclatement de la guerre. S’il est vraiment courageux, comme le disent ses courtisans, il doit assumer.

Bakary Nimaga
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