Pour la première fois dans l’histoire de la jeune démocratie ivoirienne, les Ivoiriens sont invités à prendre part à un second tour d’une élection présidentielle. Cet acte second de l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire va opposer Laurent Gbagbo à Alassane Ouattara, le dimanche 28 novembre prochain. Pour garantir le caractère démocratique de cette élection, et à l’instar des grandes démocraties mondiales, un face à face historique sera organisé entre les deux finalistes par le Conseil National de la Communication Audio-visuel (CNCA) et la RTI. Un face à face qui se veut une tribune de toutes les vérités parce qu’invitant les deux adversaires à dévoiler chacun toute son artillerie pour convaincre l’électorat national. Depuis l’annonce officielle de cet évènement par Franck Anderson Kouassi, président du CNCA, le camp présidentiel est saisi par une sorte de frénésie, tels des ‘’Comian’’ en transe. Le leader des frontistes, Koudou Laurent Gbagbo, n’a plus sa sérénité d’avant les élections qui lui faisait dire qu’il gagnerait au premier tour. Chacune de ses sorties s’apparente à une véritable foire aux injures, là où le bon sens lui recommande une campagne civilisée. Dans sa panique, le Woody de Mama a oublié le code de bonne conduite dont il est cosignataire, pour laisser libre cours à ses propos agressifs et désobligeants à l’endroit de son adversaire. A côté de cela, ses thuriféraires inondent le pays avec la projection de films montrant toutes les atrocités commises sur des civils et des éléments des FDS et dont on attribue la paternité à ADO. Des images exceptionnellement révoltantes et incitatives à la violence. Là où les films n’ont pu être projetés, ce sont des affiches montées maladroitement par des ennemis de la paix en Côte d’Ivoire, présentant ADO en train de découper des personnes, qui sont exposées. Quels sentiments veut-on faire naitre chez des Ivoiriens qui portent encore en eux, les séquelles indélébiles de cette guerre avec ce type de campagne ? « Mon adversaire est l’auteur du coup d’état de 99 et le père de la rébellion. Nous en avons les preuves et nous allons les montrer au cours du face à face », déclarait, au cours d’une de ses nombreuses sorties, le candidat de LMP. Ce genre de propos émanant d’un président sortant et réclamant une campagne civilisée, n’est que l’expression nette d’une peur panique de quelqu’un qui craint son adversaire contre qui il manque cruellement d’arguments. Gbagbo est conscient d’une chose, c’est qu’il va affronter au second tour un adversaire particulièrement coriace et résistant à toutes les tempêtes et autres flèches de ses adversaires. Sérieusement, le candidat refondateur et toute sa clique ont des jambes tremblantes à l’idée d’affronter dans un ultime épisode, le candidat du RHDP. Sinon, dans la campagne d’une élection pour sortir d’une crise, cette crise ne devrait pas être utilisée comme élément de campagne. Pour la simple raison qu’elle remue le couteau dans la plaie, et remet les Ivoiriens à nouveau sur le pied de guerre. C’est ce qu’on appelle ‘’ faire de la mauvaise campagne’’. Malheureusement, paniqué, on ne sait pas souvent ce qu’on fait, et c’est le cas. Il s’avère dont impérieux que tous ceux qui sont impliqués dans la gestion du processus électoral interpellent les ‘’paniqués’’ afin de prévenir des dérives aux conséquences imprévisibles.
Rodolphe Flaha
Rodolphe Flaha