Ce document tiré du site de Rfi analyse les probabilités pour les deux adversaires du second tour de remporter le scrutin. Notamment en puisant dans l’électorat de Bédié. Nous en proposons un large extrait.
A l’approche du second tour de la présidentielle, les deux candidats qualifiés, le Président sortant Laurent Gbagbo et l’ancien Premier ministre Alassane Ouattara, sont confrontés à une équation incontournable propre à toute démocratie élective : celle du report des voix. Le premier tour ayant été marqué par la persistante tripolarisation du paysage politique ivoirien, les deux finalistes vont devoir se disputer l’électorat de l’ancien Chef de l’Etat Henri Konan Bédié, arrivé troisième lors du premier tour, de ce fait, éliminé de la course à la présidence et qui, selon les résultats proclamés par le Conseil constitutionnel, a attiré sur son nom 25 % des suffrages alors exprimés. Avant toute considération politique, l’écart entre les deux finalistes, 6 points, permet de fixer les objectifs chiffrés à atteindre par chacun d’eux afin de triompher. Comme nous l’allons démontrer tout à l’heure, le défi que doit à présent relever Alassane Ouattara pour rattraper et dépasser, dans les urnes, le Président sortant, est celui de la mobilisation de l’électorat de Henri Konan Bédié, qui a appelé ses électeurs à voter pour l’ancien Premier ministre de Félix Houphouët-Boigny. Les partisans d’Alassane Ouattara veulent y croire. Car en additionnant toutes ses voix et celles de Bédié, la victoire de leur champion, sur le papier, est acquise. Mais les électeurs de l’ancien chef de l’Etat ivoirien voteront-ils comme un seul homme pour Alassane Ouattara ? Pas sûr. Car les querelles tenaces qui ont opposé les deux hommes par le passé pourraient avoir laissé des traces. Fort de son avance, Laurent Gbagbo compte donc bien récupérer une part suffisamment importante des électeurs d’Henri Konan Bédié pour l’emporter au deuxième tour.
Dépouillement des bulletins de vote à l`école le Nid, à Abidjan, lors du premier tour de la présidentielle ivoirienne.
Les jeux n’étant pas faits, dans les états-majors des deux finalistes, des experts mettent la dernière main à leurs études chiffrées qui viendront étayer les stratégies de campagne du second tour. Entrez dans la danse des chiffres :
- Lors du premier tour, les trois premiers, dans l’ordre Gbagbo, Ouattara et Bédié, n’ont laissé que des miettes aux onze autres candidats : pas plus de 5 % des voix.
- Si l’on exclut à priori l’hypothèse selon laquelle ces 5 % de suffrages exprimés au premier tour s’abstiendront tous au second tour, si l’on admet qu’1 % d’entre eux, néanmoins, s’abstiendront, voteront blanc ou verront leur vote annulé au second tour, alors la répartition des 4 points restants ne peut se faire que de trois façons : 4 points pour l’un des deux finalistes et rien pour l’autre, 3 points pour l’un et 1 point pour l’autre, 2 points pour chacun des finalistes.
- Sachant que le quatrième du premier tour, le candidat de l’UDPCI, Albert Toikeusse Mabri, a recueilli 2,5 % des voix et qu’il a appelé à voter Ouattara au second tour, nous choisirons, a priori encore, la seconde des trois possibilités qui précèdent, soit 3 points pour Ouattara et 1 points pour Gbagbo.
- Alors le score du désormais candidat de l’opposition se hausse à 32 + 3 = 35 %. En conséquence, pour atteindre la majorité, Ouattara devra trouver dans l’électorat de Bédié 50 – 35 = 15 points qui lui font défaut. Avant d’aller plus loin, nous admettrons que Les électeurs qui ont voté Gbagbo au premier tour feront de même au second. Ceux d’entre eux qui s’abstiendront ou qui, par extraordinaire, voteront Ouattara, ne devraient pas, significativement, affecter le résultat. De même, les électeurs ayant voté Ouattara au premier tour en feront autant au second. Ceux d’entre eux qui s’abstiendront ou qui, d’aventure, voteront Gbagbo, ne devraient pas, significativement, affecter le résultat. Le taux de participation, qui a été historiquement élevé au premier tour (plus de 83 %), ne devrait guère être supérieur au second. Cela veut bien dire que les rares abstentionnistes du premier tour ne voteront pas non plus au second ou que les abstentionnistes du second tour seront au moins aussi nombreux que ceux qui se seront ravisés et auront décidé d`y voter alors qu`ils s`en étaient bien gardés au premier. Dès lors, plusieurs hypothèses peuvent être désormais envisagées :
PREMIERE HYPOTHESE : LES ELECTEURS DE BEDIÉ VOTENT TOUS AU SECOND TOUR :
- L’objectif incompressible d’Alassane Ouattara peut alors être chiffré au captage, au second tour, de 15 voix sur 25 qui se sont portées sur le candidat du PDCI au premier, soit le 15/25ème, c`est à dire le 3/5ème des voix de Bédié, ou encore 6 voix sur 10. Pour l’atteindre, le candidat de l’opposition aurait alors prudemment intérêt à se fixer comme objectif les deux tiers des voix de Bédié.
- Pour Gbagbo, le même calcul le conduit à un objectif chiffré de 50 - (38 + 1) = 11 points à prendre dans le réservoir de voix de Bédié, soit 11/25ème, c`est à dire 44 % de cet électorat. Pour l’atteindre, le candidat de La majorité présidentielle aurait alors prudemment intérêt à se fixer comme objectif la moitié des voix de Bédié. C’est à cette aune que l’on mesure le caractère plus confortable de la situation strictement chiffrée de Gbagbo que celle de Ouattara. Le premier doit viser la moitié des voix de Bédié, le second les deux tiers.
DEUXIEME HYPOTHESE : LES ELECTEURS DE BEDIÉ S’ABSTIENNENT TOUS AU SECOND TOUR :
- Ne resterait plus alors que 38 + 32 + 5 = 75 % de l’électorat qui voterait au second tour.
- Dans ce cas, même s’il ne récupérait aucune des voix des onze autres candidats, Gbagbo serait élu avec 38/75ème de votants, soit 50,66 % des voix.
TROISIEME HYPOTHESE : PARMI LES ELECTEURS DE BEDIÉ, UN SUR TROIS S’ABSTIENT AU SECOND TOUR (SOIT ENVIRON 8 SUR 25):
Sachant que, sur 100 électeurs du premier tour, il n’y aurait plus que 25 – 8 = 17 électeurs de Bédié votant au second tour, le point d’équilibre entre les deux candidats finalistes se situe à :
(100 – 8 – 1)/2 – (38 + 1 ) = 6.5 voix de Bédié pour Gbagbo
(100 – 8 – 1)/2 – (32 + 3 ) = 10.5 voix de Bédié pour Ouattara
-Pour battre Gbagbo sur le fil, Ouattara devrait donc récupérer au moins 11 des 17 électeurs restants de Bédié, soit alors un objectif incompressible de 11/17ème, soit environ deux tiers de l’électorat de Bédié au second tour et donc, pour plus de sécurité, un objectif des trois quarts.
-Pour battre Ouattara sur le fil, Gbagbo devra alors attirer à lui au moins 7 électeurs de Bédié sur 17, soit alors un objectif incompressible de 7/17ème, soit un peu peu plus d’un tiers de l’électorat de Bédié au second tour et donc, pour plus de sécurité, un objectif d`un sur deux.
L’analyse chiffrée qui précède révèle ainsi qu’alors que l’objectif à atteindre par Gbagbo ne change pas avec un tiers d’abstentionnistes dans l’électorat Bédié, celui de Ouattara s’éloigne et passe des deux tiers aux trois quarts de cet électorat.
Fort logiquement, on s’apercevra que l’équation ira en se compliquant pour Ouattara (et, corolaire, se simplifiera pour Gbagbo) à mesure qu’augmentera l’abstention dans l’électorat de Bédié (…)
Source: RFI
NB : Les titres sont de la rédaction
A l’approche du second tour de la présidentielle, les deux candidats qualifiés, le Président sortant Laurent Gbagbo et l’ancien Premier ministre Alassane Ouattara, sont confrontés à une équation incontournable propre à toute démocratie élective : celle du report des voix. Le premier tour ayant été marqué par la persistante tripolarisation du paysage politique ivoirien, les deux finalistes vont devoir se disputer l’électorat de l’ancien Chef de l’Etat Henri Konan Bédié, arrivé troisième lors du premier tour, de ce fait, éliminé de la course à la présidence et qui, selon les résultats proclamés par le Conseil constitutionnel, a attiré sur son nom 25 % des suffrages alors exprimés. Avant toute considération politique, l’écart entre les deux finalistes, 6 points, permet de fixer les objectifs chiffrés à atteindre par chacun d’eux afin de triompher. Comme nous l’allons démontrer tout à l’heure, le défi que doit à présent relever Alassane Ouattara pour rattraper et dépasser, dans les urnes, le Président sortant, est celui de la mobilisation de l’électorat de Henri Konan Bédié, qui a appelé ses électeurs à voter pour l’ancien Premier ministre de Félix Houphouët-Boigny. Les partisans d’Alassane Ouattara veulent y croire. Car en additionnant toutes ses voix et celles de Bédié, la victoire de leur champion, sur le papier, est acquise. Mais les électeurs de l’ancien chef de l’Etat ivoirien voteront-ils comme un seul homme pour Alassane Ouattara ? Pas sûr. Car les querelles tenaces qui ont opposé les deux hommes par le passé pourraient avoir laissé des traces. Fort de son avance, Laurent Gbagbo compte donc bien récupérer une part suffisamment importante des électeurs d’Henri Konan Bédié pour l’emporter au deuxième tour.
Dépouillement des bulletins de vote à l`école le Nid, à Abidjan, lors du premier tour de la présidentielle ivoirienne.
Les jeux n’étant pas faits, dans les états-majors des deux finalistes, des experts mettent la dernière main à leurs études chiffrées qui viendront étayer les stratégies de campagne du second tour. Entrez dans la danse des chiffres :
- Lors du premier tour, les trois premiers, dans l’ordre Gbagbo, Ouattara et Bédié, n’ont laissé que des miettes aux onze autres candidats : pas plus de 5 % des voix.
- Si l’on exclut à priori l’hypothèse selon laquelle ces 5 % de suffrages exprimés au premier tour s’abstiendront tous au second tour, si l’on admet qu’1 % d’entre eux, néanmoins, s’abstiendront, voteront blanc ou verront leur vote annulé au second tour, alors la répartition des 4 points restants ne peut se faire que de trois façons : 4 points pour l’un des deux finalistes et rien pour l’autre, 3 points pour l’un et 1 point pour l’autre, 2 points pour chacun des finalistes.
- Sachant que le quatrième du premier tour, le candidat de l’UDPCI, Albert Toikeusse Mabri, a recueilli 2,5 % des voix et qu’il a appelé à voter Ouattara au second tour, nous choisirons, a priori encore, la seconde des trois possibilités qui précèdent, soit 3 points pour Ouattara et 1 points pour Gbagbo.
- Alors le score du désormais candidat de l’opposition se hausse à 32 + 3 = 35 %. En conséquence, pour atteindre la majorité, Ouattara devra trouver dans l’électorat de Bédié 50 – 35 = 15 points qui lui font défaut. Avant d’aller plus loin, nous admettrons que Les électeurs qui ont voté Gbagbo au premier tour feront de même au second. Ceux d’entre eux qui s’abstiendront ou qui, par extraordinaire, voteront Ouattara, ne devraient pas, significativement, affecter le résultat. De même, les électeurs ayant voté Ouattara au premier tour en feront autant au second. Ceux d’entre eux qui s’abstiendront ou qui, d’aventure, voteront Gbagbo, ne devraient pas, significativement, affecter le résultat. Le taux de participation, qui a été historiquement élevé au premier tour (plus de 83 %), ne devrait guère être supérieur au second. Cela veut bien dire que les rares abstentionnistes du premier tour ne voteront pas non plus au second ou que les abstentionnistes du second tour seront au moins aussi nombreux que ceux qui se seront ravisés et auront décidé d`y voter alors qu`ils s`en étaient bien gardés au premier. Dès lors, plusieurs hypothèses peuvent être désormais envisagées :
PREMIERE HYPOTHESE : LES ELECTEURS DE BEDIÉ VOTENT TOUS AU SECOND TOUR :
- L’objectif incompressible d’Alassane Ouattara peut alors être chiffré au captage, au second tour, de 15 voix sur 25 qui se sont portées sur le candidat du PDCI au premier, soit le 15/25ème, c`est à dire le 3/5ème des voix de Bédié, ou encore 6 voix sur 10. Pour l’atteindre, le candidat de l’opposition aurait alors prudemment intérêt à se fixer comme objectif les deux tiers des voix de Bédié.
- Pour Gbagbo, le même calcul le conduit à un objectif chiffré de 50 - (38 + 1) = 11 points à prendre dans le réservoir de voix de Bédié, soit 11/25ème, c`est à dire 44 % de cet électorat. Pour l’atteindre, le candidat de La majorité présidentielle aurait alors prudemment intérêt à se fixer comme objectif la moitié des voix de Bédié. C’est à cette aune que l’on mesure le caractère plus confortable de la situation strictement chiffrée de Gbagbo que celle de Ouattara. Le premier doit viser la moitié des voix de Bédié, le second les deux tiers.
DEUXIEME HYPOTHESE : LES ELECTEURS DE BEDIÉ S’ABSTIENNENT TOUS AU SECOND TOUR :
- Ne resterait plus alors que 38 + 32 + 5 = 75 % de l’électorat qui voterait au second tour.
- Dans ce cas, même s’il ne récupérait aucune des voix des onze autres candidats, Gbagbo serait élu avec 38/75ème de votants, soit 50,66 % des voix.
TROISIEME HYPOTHESE : PARMI LES ELECTEURS DE BEDIÉ, UN SUR TROIS S’ABSTIENT AU SECOND TOUR (SOIT ENVIRON 8 SUR 25):
Sachant que, sur 100 électeurs du premier tour, il n’y aurait plus que 25 – 8 = 17 électeurs de Bédié votant au second tour, le point d’équilibre entre les deux candidats finalistes se situe à :
(100 – 8 – 1)/2 – (38 + 1 ) = 6.5 voix de Bédié pour Gbagbo
(100 – 8 – 1)/2 – (32 + 3 ) = 10.5 voix de Bédié pour Ouattara
-Pour battre Gbagbo sur le fil, Ouattara devrait donc récupérer au moins 11 des 17 électeurs restants de Bédié, soit alors un objectif incompressible de 11/17ème, soit environ deux tiers de l’électorat de Bédié au second tour et donc, pour plus de sécurité, un objectif des trois quarts.
-Pour battre Ouattara sur le fil, Gbagbo devra alors attirer à lui au moins 7 électeurs de Bédié sur 17, soit alors un objectif incompressible de 7/17ème, soit un peu peu plus d’un tiers de l’électorat de Bédié au second tour et donc, pour plus de sécurité, un objectif d`un sur deux.
L’analyse chiffrée qui précède révèle ainsi qu’alors que l’objectif à atteindre par Gbagbo ne change pas avec un tiers d’abstentionnistes dans l’électorat Bédié, celui de Ouattara s’éloigne et passe des deux tiers aux trois quarts de cet électorat.
Fort logiquement, on s’apercevra que l’équation ira en se compliquant pour Ouattara (et, corolaire, se simplifiera pour Gbagbo) à mesure qu’augmentera l’abstention dans l’électorat de Bédié (…)
Source: RFI
NB : Les titres sont de la rédaction