Suite au premier tour de l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire, la Convention de la Société Civile Ivoirienne (CSCI), après avoir exprimé sa satisfaction sur le déroulement global du scrutin, n’a cependant pas manqué de relever quelques inquiétudes. Elles sont liées à des dysfonctionnements constatés dans l’organisation du scrutin et à la forte influence de considérations tribales, régionales, religieuses et financières sur les choix des électeurs.
La Commission Electorale Indépendante (CEI) et les forces de sécurité sont en train de prendre des dispositions pour essayer de corriger les quelques imperfections relevées lors du premier tour. Cela est à saluer.
Toutefois, des inquiétudes demeurent relativement au second tour du scrutin prévu pour le 28 novembre 2010. Les considérations irrationnelles s’aiguisent et semblent pouvoir déterminer encore les résultats du second tour.
Bien plus, la campagne électorale pour le second tour se déroule dans une atmosphère de plus en plus tendue, comme le montrent :
•les tons agressifs et violents utilisés par les différents leaders politiques,
•les procès d’intentions et les accusations graves faits par chaque candidat à l’encontre de l’autre ;
•la radicalisation des positions des jeunesses des deux camps illustrée, entre autres faits, par la tentative d’incendie du siège du PDCI/RDA ;
•la diffusion de films, sms et rumeurs incitant à la haine et à la vengeance ;
•les menaces morales et physiques sur la liberté de vote dans les zones Centre Nord Ouest et gouvernementales ;
•les dérives de la presse proche des partis politiques ;
•le refus des états majors des deux camps d’envisager une défaite électorale ;
•le conditionnement des extrémistes des deux camps en vue d’affrontements éventuels.
Tous ces faits exposent le pays à une situation incontrôlable après la proclamation des résultats du second tour de la présidentielle.
II – Analyses de la situation
La CSCI analyse la situation ivoirienne actuelle sous trois angles : les progrès, les ambigüités et l’espérance à ne pas décevoir.
Dans l’absolu, des facteurs positifs ont permis de faire avancer de manière décisive le processus de sortie de crise. Ce sont notamment les accords complémentaires de l’Accord Politique de Ouagadougou, les récentes performances de la Commission Electorale Indépendante (CEI) et la collaboration entre les deux forces armées.
Les ambigüités étaient liées aux nombreux reports de l’élection présidentielle et aux complications politico juridiques que cela aurait pu engendrer.
Deux autres ambigüités persistent. L’article 60 nouveau du code électoral dispose que toute réclamation doit être faite dans les trois jours suivant la clôture du scrutin. Comment peut-on faire des réclamations argumentées avec des pièces justificatives complètes avant ou pendant la proclamation des résultats ?
Par ailleurs, l’opinion publique n’est jusqu’à présent pas située exactement sur la préséance entre la certification des résultats par le Représentant Spécial du Secrétaire Général des Nations Unies et l’arrêt du Conseil Constitutionnel.
L’espérance à ne pas décevoir est la foi placée par beaucoup d’acteurs dans l’avenir proche de la Côte d’Ivoire. Les religieux se sont particulièrement impliqués dans la recherche de l’apaisement par des actions discrètes et par la prière, manifestant ainsi la main de Dieu dans le processus ivoirien. La société civile a suivi tout le processus par des propositions, la sensibilisation et l’observation électorale. La communauté internationale a investi des sommes colossales dans la recherche de solution à la crise ivoirienne. Les électeurs sont exprimé un intérêt très remarquable pour le premier tour du scrutin.
Les deux candidats en lice pour le second tour mesurent-ils leur responsabilité historique face à toutes ces espérances ? Qui leur pardonnera un échec ?
III – Recommandations
Au regard des menaces qui pointent à l’horizon, les recommandations suivantes s’avèrent nécessaires :
1-Se conformer sans délai aux dispositions du code de bonne conduite des partis politiques ;
2-Se conformer également sans délai aux recommandations des Journées de Consensus National sur lesquelles, à l’instar des autres partis politiques, viennent de s’engager le FPI et le RDR, et dont l’un des objectifs est une sortie rapide, pacifique et définitive de crise ;
3-Ne pas attendre la proclamation des résultats pour faire une déclaration sous le coup de l’émotion ;
4-Prendre des dispositions morales et mentales pour prévoir la défaite comme une éventualité à ne pas écarter. Il faut donc avoir le courage de préparer ses plus proches collaborateurs à toute éventualité.
5-Avoir le courage de préparer, par anticipation, trois déclarations à présenter après la proclamation des résultats : deux déclarations selon qu’on accepte sa défaite ou qu’on veut faire des réclamations dans la légalité tout en appelant ses partisans au calme. La troisième déclaration exprimera sa victoire en toute humilité et dans un esprit de rassemblement.
Enfin, pour sauver la paix, la CSCI suggère au Conseil Constitutionnel, à l’ONUCI, au Facilitateur et aux deux candidats en lice que le délai des réclamations commence à courir plutôt après la proclamation des résultats.
Pour la CSCI, le Coordonnateur national
Dr N’Gouan Patrick
La Commission Electorale Indépendante (CEI) et les forces de sécurité sont en train de prendre des dispositions pour essayer de corriger les quelques imperfections relevées lors du premier tour. Cela est à saluer.
Toutefois, des inquiétudes demeurent relativement au second tour du scrutin prévu pour le 28 novembre 2010. Les considérations irrationnelles s’aiguisent et semblent pouvoir déterminer encore les résultats du second tour.
Bien plus, la campagne électorale pour le second tour se déroule dans une atmosphère de plus en plus tendue, comme le montrent :
•les tons agressifs et violents utilisés par les différents leaders politiques,
•les procès d’intentions et les accusations graves faits par chaque candidat à l’encontre de l’autre ;
•la radicalisation des positions des jeunesses des deux camps illustrée, entre autres faits, par la tentative d’incendie du siège du PDCI/RDA ;
•la diffusion de films, sms et rumeurs incitant à la haine et à la vengeance ;
•les menaces morales et physiques sur la liberté de vote dans les zones Centre Nord Ouest et gouvernementales ;
•les dérives de la presse proche des partis politiques ;
•le refus des états majors des deux camps d’envisager une défaite électorale ;
•le conditionnement des extrémistes des deux camps en vue d’affrontements éventuels.
Tous ces faits exposent le pays à une situation incontrôlable après la proclamation des résultats du second tour de la présidentielle.
II – Analyses de la situation
La CSCI analyse la situation ivoirienne actuelle sous trois angles : les progrès, les ambigüités et l’espérance à ne pas décevoir.
Dans l’absolu, des facteurs positifs ont permis de faire avancer de manière décisive le processus de sortie de crise. Ce sont notamment les accords complémentaires de l’Accord Politique de Ouagadougou, les récentes performances de la Commission Electorale Indépendante (CEI) et la collaboration entre les deux forces armées.
Les ambigüités étaient liées aux nombreux reports de l’élection présidentielle et aux complications politico juridiques que cela aurait pu engendrer.
Deux autres ambigüités persistent. L’article 60 nouveau du code électoral dispose que toute réclamation doit être faite dans les trois jours suivant la clôture du scrutin. Comment peut-on faire des réclamations argumentées avec des pièces justificatives complètes avant ou pendant la proclamation des résultats ?
Par ailleurs, l’opinion publique n’est jusqu’à présent pas située exactement sur la préséance entre la certification des résultats par le Représentant Spécial du Secrétaire Général des Nations Unies et l’arrêt du Conseil Constitutionnel.
L’espérance à ne pas décevoir est la foi placée par beaucoup d’acteurs dans l’avenir proche de la Côte d’Ivoire. Les religieux se sont particulièrement impliqués dans la recherche de l’apaisement par des actions discrètes et par la prière, manifestant ainsi la main de Dieu dans le processus ivoirien. La société civile a suivi tout le processus par des propositions, la sensibilisation et l’observation électorale. La communauté internationale a investi des sommes colossales dans la recherche de solution à la crise ivoirienne. Les électeurs sont exprimé un intérêt très remarquable pour le premier tour du scrutin.
Les deux candidats en lice pour le second tour mesurent-ils leur responsabilité historique face à toutes ces espérances ? Qui leur pardonnera un échec ?
III – Recommandations
Au regard des menaces qui pointent à l’horizon, les recommandations suivantes s’avèrent nécessaires :
1-Se conformer sans délai aux dispositions du code de bonne conduite des partis politiques ;
2-Se conformer également sans délai aux recommandations des Journées de Consensus National sur lesquelles, à l’instar des autres partis politiques, viennent de s’engager le FPI et le RDR, et dont l’un des objectifs est une sortie rapide, pacifique et définitive de crise ;
3-Ne pas attendre la proclamation des résultats pour faire une déclaration sous le coup de l’émotion ;
4-Prendre des dispositions morales et mentales pour prévoir la défaite comme une éventualité à ne pas écarter. Il faut donc avoir le courage de préparer ses plus proches collaborateurs à toute éventualité.
5-Avoir le courage de préparer, par anticipation, trois déclarations à présenter après la proclamation des résultats : deux déclarations selon qu’on accepte sa défaite ou qu’on veut faire des réclamations dans la légalité tout en appelant ses partisans au calme. La troisième déclaration exprimera sa victoire en toute humilité et dans un esprit de rassemblement.
Enfin, pour sauver la paix, la CSCI suggère au Conseil Constitutionnel, à l’ONUCI, au Facilitateur et aux deux candidats en lice que le délai des réclamations commence à courir plutôt après la proclamation des résultats.
Pour la CSCI, le Coordonnateur national
Dr N’Gouan Patrick