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Politique Publié le mercredi 24 novembre 2010 | AFP

Election ivoirienne: la crainte des paysans baoulé au coeur du "Gbagboland"

© AFP Par DR
Présidentielle : Meeting du candidat LMP à Krinjabo.
Dimanche 21 novembre 2010.
ZAMBLEKRO - Des paysans baoulé venus vivre dans le centre-ouest ivoirien, région du chef de l'Etat Laurent Gbagbo, redoutent les lendemains de la présidentielle de dimanche, alors que les voix de leur ethnie sont spécialement convoitées par les deux finalistes.

"Il y a une peur chez nous, les +allogènes+", confie à l'AFP Léopold Kouadio, habitant de Zamblékro, gros campement perdu dans la forêt.

Beaucoup disent craindre d'être dépossédés de leurs terres en cas de troubles post-électoraux, dans une région abonnée aux conflits fonciers parfois sanglants.

Zamblékro se situe en périphérie de Gagnoa, berceau du président-candidat d'ethnie bété et fief du "Gbagboland" dans la moitié sud du pays dont il conserva le contrôle après l'occupation du nord par une rébellion en 2002.

Dans cette pauvre bourgade poussiéreuse cohabitent depuis des décennies "allogènes" et étrangers. Les premiers sont des Ivoiriens issus d'autres régions, baoulé du centre et sénoufo du nord, qui côtoient des Burkinabè et des Maliens. Tous sont venus cultiver le cacao, principale richesse de la Côte d'Ivoire dont elle est le premier producteur mondial.

Leurs terres leur ont été léguées par les "autochtones" bété, leurs "tuteurs" comme les appellent ces baoulé et qui vivent dans des villages à proximité.

A Zamblékro comme dans les nombreux campements baoulé de la zone, sur les murs des maisons et les troncs d'arbres géants, d'immenses affiches vantent le candidat Gbagbo qui affrontera au second tour dimanche le nordiste Alassane Ouattara, ancien Premier ministre.

Courtisés par les deux camps, les baoulé qui ont voté massivement au premier tour le 31 octobre pour l'un des leurs, l'ancien président Henri Konan Bédié, se retrouvent en position de "faiseurs de roi". Leur favori défait a appelé à voter pour son allié Ouattara.

Sur les terres des fidèles de Gbagbo, nombre de ces planteurs trouvent leur situation inconfortable et ont peur de l'avenir.

"Nos voix sont convoitées", observe Koffi Kouassi en étalant des fèves de cacao dans la cour de sa maison où l'ont rejoint une vingtaine de paysans baoulé.

Alors que "nous avons ici la majorité de nos biens", "nous avons peur de la réaction de nos +tuteurs+ bété en cas de défaite" de Gbagbo, poursuit-il. "Ils nous indexeront comme responsables", redoute-t-il. Ses compagnons acquiescent.

Originaire du nord, Oumar Ouattara évoque des "menaces des jeunes bété". Ils "exigent que nous votions Gbagbo, sinon...", raconte-t-il sans terminer sa phrase.

Le Burkinabè Salif Ouédraogo dit craindre pour sa famille. Le regard fuyant, il tient son bébé dans ses bras et s'interroge: "s'il y a un danger, que vais-je faire?"

L'atmosphère est lourde. A Abidjan, l'opposition dénonce des "intimidations" visant ses électeurs dans ces zones forestières, mais le camp Gbagbo et même l'armée s'emploient à rassurer, réfutant vigoureusement les "rumeurs".

"Gbagbo est au pouvoir depuis dix ans, et on a toujours vécu en bonne intelligence avec nos frères baoulé. Cette élection ne viendra pas nous diviser", tranche Koudou Alexis, notable de Nékédi, village bété tout proche.

Simplice Douyou, le chef de Nékédi, travaille d'ailleurs avec son homologue baoulé de Zamblékro pour apaiser les peurs. "Il n'y aura pas de représailles ni de chasse aux baoulé", assure-t-il.

Toutefois, le chef bété n'y va pas par quatre chemins quand il s'adresse à ses voisins baoulé. "Je leur ai dit: +votez pour notre fils+" Laurent Gbagbo, rapporte-t-il.

Un paysan baoulé, Mathieu Kouadio, le dit sans fard: avec d'autres, il fait le choix de la sécurité pour dimanche. "On souhaite que le président Gbagbo soit réélu pour que franchement nous soyons en paix".
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