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Politique Publié le mercredi 24 novembre 2010 | Nord-Sud

Ivoiriens de France : 4500 cartes d’identité introuvables

© Nord-Sud
Distribution des cartes d’identités et des cartes d’électeurs en Cote d`Ivoire pour le vote de la présidentielle du 31 octobre 2010
A quelques jours du deuxième tour de la présidentielle ivoirienne, la situation demeure préoccupante quant au scrutin à Paris. Près de 4500 électeurs ivoiriens de la capitale française n’ont toujours pas reçu leurs cartes d’identité mystérieusement disparues.

Où sont passées les 4500 cartes d’identité des Ivoiriens de Paris ? La question est en ce moment au centre des conversations dans l’Hexagone. Depuis quelques jours, les supputations vont bon train et les rumeurs les plus folles courent à propos desdites cartes d’identité. Il se raconte que ces cartes, notamment celles appartenant à des personnes dont les noms débutent par C, D, F, K et M (essentiellement des noms à consonance nordique, comme Fofana, Karamoko, Méïté…) auraient été jetées à la poubelle et se ramasseraient par lots à divers endroits de la capitale française. D’autres soutiennent qu’elles sont détenues par des non-Ivoiriens à qui elles ont été remises dans le but de voter le 28 novembre. Une seule certitude : ces cartes se sont volatilisées et leurs propriétaires sont plongés dans l’inquiétude totale. A quelques jours du deuxième tour de l’élection présidentielle, elles sont quasiment désespérées de ne plus pouvoir prendre part au vote. A moins d’une décision exceptionnelle du président de la Commission électorale indépendante (Cei), Youssouf Bakayoko et son équipe.

Excédés par cette situation ubuesque, quelques membres du « Mouvement sauvons la Côte d’Ivoire », dirigé par Youssouf Soumahoro, ont organisé, jeudi dernier, un sit-in devant l’ambassade de Côte d’Ivoire à Paris, exigeant de l’ambassadeur Pierre Kipré, des explications sur la disparition desdits documents. Peine perdue. Du côté de la chancellerie, on indique que la distribution des cartes d’identité et d’électeur était du ressort de la Cei locale. Aujourd’hui, cette structure qui a travaillé dans une cacophonie incroyable ne détiendrait aucune de ces pièces.
En fait, quelques jours avant le premier tour, le président de la Cei-France, Sylla Mamadou (Lmp), nous avait confié avoir surpris un commissaire du Rassemblement des républicains (Rdr) avec des lots de cartes. Ce dernier voulant contourner le dispositif de distribution mis en place a malicieusement récupéré des lots de cartes pour des distributions parallèles. Un autre commissaire qui a confirmé l’information a expliqué ce geste par la volonté du fautif de remettre les cartes à leurs véritables propriétaires, vu que le président de la Cei-France avait, selon d’autres sources concordantes, «commencé à les camoufler au fur et à mesure, afin d’empêcher les électeurs favorables au Rdr d’accomplir leur vote.»

On connaît la suite : quelques milliers d’électeurs n’ont pu entrer en possession de leurs documents électoraux et le vote à Paris s’est très mal déroulé. Conséquence : des bureaux de vote ont été fermés car saccagés par des électeurs mécontents de n’avoir pas reçu leurs pièces. Depuis, rien n’a été entrepris pour résoudre la situation. On peut donc parier sur d’éventuels débordements lors du second tour, à Paris.

Joint dimanche matin au téléphone, le conseiller chargé des affaires politiques à l’ambassade, Grégoire Ahononga, a admis l’embarras de la chancellerie sur cette affaire. « Le problème est très important. Malgré nos efforts (Ndlr : l’octroi à la Cei, par l’ambassade, de deux salles à Paris pour la distribution des pièces d’identité), tout le monde n’a pu entrer en possession de sa carte », se désole-t-il. Depuis quelques jours, celui-ci se démène pour obtenir des locaux pour la tenue du deuxième tour à Paris. Plusieurs communes françaises ont déjà opposé un refus catégorique à la requête de la chancellerie. Il s’agit entre autres de Puteaux, Montreuil, Montrouge, Sartrouville, Levallois, Sevran, pour ne citer que celles-là. Les casses et les remue-ménages nés de la mauvaise organisation du scrutin du 31 octobre dernier expliquent ce refus des autorités municipales françaises contactées. Heureusement, quelques unes ont fait table rase du passé en répondant à nouveau favorablement à la tenue des élections dans leurs locaux.
Quid du bureau de la Cei-France? Ses membres à couteaux tirés ne se sont pas réunis depuis belle lurette. Ils réclament dans leur majorité, le limogeage de Sylla Mamadou, l’actuel président. Ce dernier, d’après des sources concordantes, a été suspendu de ses fonctions par la Cei et devrait de toute vraisemblance être remplacé par son adjoint, membre aussi du camp présidentiel.
Pour autant, le problème de l’organisation du scrutin à Paris demeure entier.

Karim Wally à Paris
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