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Politique Publié le jeudi 25 novembre 2010 | Le Temps

“Le parcours de Ouattara rime avec coups d’Etat et rébellion”

Le patron de l’Union des nouvelles générations n’est pas d’accord avec ceux qui soutiennent qu’Alassane Ouattara est un économiste brillant. Il l’a fait savoir dans une interview publiée sur son site Web.La présidentielle connaîtra dans quelques jours, son dénouement avec le deuxième tour. Quelles leçons avez-vous tiré du 1er tour ?
Merci pour l’opportunité que vous m’offrez de saluer le sens du civisme du peuple ivoirien, qui a démontré sa maturité politique au monde entier. J’ai particulièrement aimé le climat apaisé dans lequel s’est déroulée la campagne électorale, malgré quelques incidents que je qualifierai de mineurs. Le jour même du vote, les populations se sont rendues massivement aux urnes sans que nous n’ayons eu à déplorer quoique ce soit. Il y a eu également les résultats qui ont retenu deux candidats, parmi les 14 qui se sont présentés. Cela n’a pas suscité non plus de conflits, même si de part et d’autre, l’on a déploré des irrégularités, qui en ce qui nous concerne, ont privé notre candidat d’une victoire dès le premier tour. A vrai dire, on ne peut pas énumérer tous ces faits, sans les mettre à l’actif du Président de la République, Sem Laurent Gbagbo, qui a su créer grâce à l’Accord politique de Ouagadougou, dont il est l’initiateur, un environnement propice à des élections apaisées.

Avez-vous vraiment cru en une victoire de votre candidat au 1er tour ?
Je n’ai jamais exclu une victoire du Président Laurent Gbagbo au premier tour. Je reste même persuadé que n’eût été les fraudes enregistrées çà et là, notre candidat l’aurait emporté dès le 1er tour, à cause des nombreux ralliements dont sa candidature a été l’objet.
Le deuxième tour opposera Laurent Gbagbo à Alassane Ouattara. Avez-vous des appréhensions pour votre candidat ?
Pourquoi en aurais-je? Alassane Ouattara est le candidat avec qui, tout le monde aurait rêvé d’aller au second tour. Même son allié Konan Bédié aurait rêvé d’un second tour qui les opposerait tous les deux.

Pouvez- vous être plus explicite?
Le nom et le parcours du candidat du Rdr riment avec coups d’Etat et rébellion. Son nom apparaît dans toutes les mauvaises passes que la Côte d’Ivoire a traversées, surtout dans cette rébellion dont l’action lui a permis aujourd’hui, d’être candidat. Ce sont des choses qui restent dans les consciences des populations.

Le candidat du Rdr justifie sa candidature par son expérience d’économiste chevronné qui a stabilisé l’économie ivoirienne en 1990. Qu’en pensez-vous ?
Je suppose qu’il ne s’agit là que de slogans de campagne, juste bons pour amuser la galerie. Alassane Ouattara n’a rien stabilisé ici en Côte d’Ivoire. Venu comme un huissier pour récupérer les biens des bailleurs de fonds, Ouattara est parti en laissant le pays dans une situation difficile. Vous vous souvenez que quelques mois avant le décès du Président Houphouët-Boigny, les principaux syndicats observaient des mots d’ordre de grève. Tous les indicateurs étaient au rouge. Le Premier ministre Alassane Ouattara lui-même avait déclaré, qu’il ne serait plus en mesure de payer les salaires. En réalité, il a échoué. Et les chiffres sont là pour le démontrer. Ce n’est donc pas un hasard qu’il soit arrivé en Côte d’Ivoire comme économiste, et qu’il en soit reparti en homme politique.

Il aura quand même permis à Houphouët-Boigny de partir dans la dignité.
Votre point de vue est relatif et n’engage que vous. Quand Alassane Ouattara arrivait en 1990, la Côte d’Ivoire avait un taux de croissance de -1,2%. Quand il partait en 1993, nous avions un taux de croissance de -0,4%. Il n’a jamais pu obtenir un taux de croissance, qui ferait, ne serait-ce que l’équivalent de 0. Cela veut dire que sous lui, la Côte d’Ivoire ne créait pas de richesses, et vivait au-dessus de ses moyens. En 1992, la Côte d’Ivoire avait des recettes fiscales de 573 milliards qui sont tombées en 1993 à 451 milliards de Fcfa. Notre Pib était de 3 417 milliards Fcfa en 1989, avant de tomber en 1993 à 3 127 milliards Fcfa. La sanction de tout ce qu’il a pu entreprendre ici a été la dévaluation du Fcfa. Sa mission avait consisté à stabiliser et à relancer l’économie de la Côte d’Ivoire. En aucun moment, il ne s’est agi de préparer la dévaluation du Fcfa. Si Ouattara avait réussi à relancer l’économie ivoirienne, qui pèse pour plus de 40% dans la sous-région, la zone Uemoa n’aurait pas connu la dévaluation. Pour me résumer, Ouattara n’est pas l’économiste qu’il prétend être. C’est un agent des bailleurs de fonds, qui était venu récupérer leur dû.

Alassane Ouattara pouvait-il réussir dans l’environnement difficile qu’il avait trouvé ?
C’est plutôt lui qui a rendu la situation difficile. C’est lui qui a fermé nos internats, réduit le salaire des enseignants de moitié, créé la carte de séjour, augmenté le prix du passeport qui était passé entre- temps de 5000 Fcfa à 20000 Fcfa, privatisé les sociétés d’Etat, vendu les véhicules d’Etat. Son passage à la Primature a été un véritable cauchemar pour les Ivoiriens. Son passage au Fmi, qu’il brandit comme gage de compétence a été un bide. L’équipe Camdessus dont il faisait partie a été l’une des plus mauvaises qui ait gouverné le Fmi. Elle a eu à faire face à des crises majeures, et à chaque fois, elle a imposé des solutions qui ont aggravé la situation. Ce fut le cas au Mexique en 1994, en Thaïlande en 1997, puis dans l’ensemble des économies de l’Asie du Sud-Est en 1997-1998 et en Russie en 1998. Ces pays ont en commun de s’être rendus au guichet de l’équipe Camdessus-Ouattara, et ils en ont bavé. Savez-vous qu’en 1990, le Pib de la Chine qui n’a pas eu à faire au binôme Camdessus-Ouattara représentait 60% de celui de la Russie. Dix ans plus tard, c’était l’inverse. La Chine a progressé de 10% par an pendant 20 ans, quand la Russie a reculé en moyenne de 5% par an pendant 15 ans. C’est cela le bilan économique de l’ancien Premier ministre de Côte d’Ivoire. Ouattara brillant économiste, je crois que c’est une réputation surfaite.

Malgré tout, le candidat du Rdr se targue d’avoir plusieurs longueurs d’avance sur votre candidat en matière d’économie. Cela pourrait être déterminant pour le choix du Président d’un pays qui sort de la crise.
Le tout n’est pas d’avoir des diplômes en économie, mais plutôt d’avoir une vision économique pour son pays. D’ailleurs, le bilan économique de Laurent Gbagbo qui n’est pas économiste est de loin, plus élogieux que celui du Dr Alassane Ouattara. Quand Ouattara arrivait, la Côte d’Ivoire avait un taux de croissance de -1,2% qui est passé à -0,4% quand il partait. Quand Gbagbo arrivait en 2000, le taux de croissance était de -2,37%. C’était une situation beaucoup plus compliquée, parce que ce taux de croissance veut dire que notre économie était totalement sinistrée. Les grandes exportations nationales étaient défaillantes à hauteur de 42 milliards et devaient près de 63 milliards aux banques commerciales. Le secteur de l’électricité avait un déficit de 50 milliards de Fcfa, celui des hydrocarbures avait un déficit de 40 milliards de Fcfa qui devait déboucher sur la liquidation de la Sir. Lorsque Laurent Gbagbo arrivait aux affaires, les entreprises publiques avaient un déficit cumulé de plus de 37 milliards de Fcfa, et nous avions une dette de plus de 6700 milliards.

Quels sont concrètement les résultats de l’équipe Gbagbo ?
J’allais en parler. En 2001, le taux de croissance de – 2,3 % était monté à 0,1%. En dépit de toutes les difficultés que nous avons traversées, la Côte d’Ivoire a aujourd’hui, un taux de croissance de 3,7%. Les entreprises publiques participent désormais pour un montant global d’environ 40 milliards au budget de l’Etat. Sous Laurent Gbagbo, la Côte d’Ivoire est passée d’un déficit budgétaire de 197 milliards de Fcfa à un excédent budgétaire de 89 milliards en 2001.

Aujourd’hui, notre dette de 6700 milliards est tombée à 4000 milliards qui connaîtront une réduction de 80%, avec le point d’achèvement du Ppte. Et dire que cela s’est fait dans un environnement marqué par la crise que nous avons connue, je crois que les Ivoiriens doivent tirer leur chapeau au candidat de Lmp. Vous voyez donc que Laurent Gbagbo est meilleur économiste qu’Alassane Ouattara, parce qu’il a des résultats concrets.

Pour vous, Laurent Gbagbo a redressé une situation économique, beaucoup plus délicate que celle que le Premier ministre Alassane Ouattara avait trouvée en 1990. Quelle différence y a-t-il selon vous, entre les deux tableaux ?
La première chose, c’est qu’Alassane Ouattara n’avait pas eu à gérer en 1990, une situation de crise armée. Du fait de cette crise, nos finances publiques ont perdu plus de 3 035 milliards, à cause de la fermeture des postes douaniers et bureaux de collectes d`impôts dans les zones Centre-nord ouest (Cno). Il faut y ajouter les mesures prises par l`Etat pour réduire les effets de cette crise, dont le coût est estimé à 800 milliards de Fcfa. Il y a aussi et surtout les fuites du café et du cacao vers les pays limitrophes qui ont occasionné des pertes de l`ordre de 240 milliards à la Douane. L`Etat a également assuré les frais de consommation d`eau et d`électricité dans la zone Cno de septembre 2002 à décembre 2006 pour un montant de 40 milliards de Fcfa, sans oublier les factures des casses à la Bceao perpétrées par les rebelles à Bouaké, Korhogo et Man. La Côte d`Ivoire s`est engagée à rembourser les montants dérobés dont la valeur est estimée à 50 milliards de Fcfa. Cela fait vraiment beaucoup. Je pense en toute sincérité que c’est maintenant avec Laurent Gbagbo que la Côte d’Ivoire a opéré son tout premier miracle économique. Alassane Ouattara lui, levait l’impôt sur toute l’étendue du territoire national. Il ne finançait pas de sortie de crise, il n’avait pas adopté des mesures fiscales incitatives pour les entreprises sinistrées du fait de la crise.

Malgré ces bons résultats, les Ivoiriens éprouvent toujours des difficultés pour vivre. Comment expliquez-vous cela ?
Le quotidien des Ivoiriens, ce sont les emplois à créer, les infrastructures à développer, le sort de la femme à améliorer. La Côte d’Ivoire vient de loin, et il a fallu préserver les fondamentaux, développer les instruments qui créent la richesse. Avec la réélection de Laurent Gbagbo, la Côte d’Ivoire percevra ces données macro-économiques dans le panier de la ménagère, parce qu’avec un pays quasiment débarrassé de la dette, nous ne pouvons que reprendre notre développement. Les fruits des efforts entrepris seront prioritairement affectés à la création d’emplois, au développement des infrastructures et à la transformation de nos matières prémières. Nous avons tous compris que Ouattara promet des milliards partout, parce qu’il sait que le travail de Laurent Gbagbo a produit des richesses. Quand il venait en 1990, il ne promettait rien, parce qu’il n’y avait rien à distribuer.

Le second tour de la présidentielle aura lieu dans quelques jours, Avez-vous un appel à lancer aux électeurs ?
Je voudrais dire aux électeurs que nous sommes à quelque 3 jours du second tour de la présidentielle, censée mettre un point final à la crise qui a remué notre pays pendant 8 ans. Cette crise a obligé la Côte d’Ivoire à consentir des efforts inestimables pour maintenir l’Etat debout, payer les salaires, rembourser les dettes accumulées par les devanciers de Laurent Gbagbo, améliorer les recettes publiques… etc.

Dans trois jours, celui qui nous a attaqués, aura l’audace de solliciter nos suffrages, pour présider le pays qu’il a voulu détruire. Dans trois jours, celui qui n’a jamais pu obtenir de résultats économiques probants, demandera nos voix, pour dilapider le fruit des efforts consentis pour remettre notre économie en marche. Dans trois jours, celui qui a bâti sa carrière politique dans les coups d’Etat, demandera nos voix pour être Président de la République. En face de lui, celui qui nous a défendu, quand l’autre nous attaquait attend que nous achevions ensemble la lutte que nous avons menée, en disant non à la guerre. En face de lui, Laurent Gbagbo qui malgré la crise, a réalisé des prouesses économiques, attend que nous lui donnions quitus pour bâtir la prospérité sur la démocratie et la paix. Le temps est venu de sanctionner les coups de force et de donner notre onction à la démocratie. Mobilisons-nous tous comme un seul homme pour confier à nouveau le pouvoir à Laurent Gbagbo, parce que sa réélection remettra la Côte d’Ivoire sur les rails du développement.
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