On l'attendait, il est arrivé. Non seulement il s'est montré convaincant et rassurant par la qualité et le contenu de ses interventions sur les différents sujets abordé au débat d'hier, mais en plus le candidat du Rhdp a dompté son adversaire et réussi à imprimer une certaine sérénité au face-à-face. Du coup, Gbagbo qui avait annoncé qu'il viendrait à ce débat pour faire le grand déballage des preuves dont il dispose sur Ouattara est retourné chez lui avec ses dossiers.
Peut-être un signe du temps qui doit être interprété comme une bénédiction.
A 23 heures 35 minutes, lorsque Alassane Ouattara prend la parole pour sa dernière adresse à ses compatriotes, de grosses gouttes d'eau tombe sur Cocody où est située la Rti et aux II Plateaux. Une averse d'une minute et puis plus rien quand le tour de Gbagbo vient de conclure.
Pour revenir au débat, l'on dira tout simplement que le candidat du Rhdp a été simplement remarquable. Il a affiché tout au long des débats une sérénité et un calme olympien. Rien ne pouvait perturber Ouattara qui s'est montré courtois, précis et assez simple dans ses explications pour se faire entendre. Même quand en début de propos Laurent Gbagbo a essayé de le piéger en brandissant une mesure de couvre-feu le soir du scrutin, c'est avec le sourire qu'il lui a répondu en lui faisant remarquer qu'il aurait pu lui téléphoner s'il devrait prendre une telle mesure parce que tous deux sont candidats et ce n'est sûrement pas dans ces conditions qu'une telle décision pourrait être prise et être comprise. De fait si Ouattara avait voulu polémiquer sur le sujet, cela aurait fait dérailler le débat. Le piège tendu par Gbagbo n'a pas fonctionné.
En outre, lorsque Gbagbo a voulu s'engouffrer dans une autre polémique, à savoir faire porter la responsabilité du coup d'Etat de 99 à Ouattara, le candidat du Rhdp a pris de la hauteur en lui faisant remarquer que lui aussi Gbagbo a posé des actes qui pourraient faire croire qu'il est l'auteur du coup d'Etat de 99 : le vol spécial Libreville. Abidjan, l'accueil et son escorte par des militaires de Bouaké à Abidjan, l'activisme de Lida Kouassi dans les casernes et enfin le fait que c'est le Fpi de Gbagbo qui a été le grand bénéficiaire du coup d'Etat, puisque Guéi est resté avec Gbagbo jusqu'aux élections de 2000 dans le même gouvernement. Pour autant, M. Ouattara a fait remarquer à son adversaire qu'il ne se baisait pas sur ces faits pour l'accuser d'être le cerveau du coup d'Etat de 99.
Dès lors, le débat pouvait prendre des allures plus saines et plus constructives, Gbagbo ayant été totalement désarmé et privé de son exercice favori, les empoignades et la polémique.
Et le candidat du Rhdp pouvait dérouler sa batterie de solutions sur les questions de société, d'économie, de politique étrangère, de défense nationale.
Pour l'essentiel, l'on peut retenir que Gbagbo ne s'est pas exprimé comme un chef d'Etat sortant. Mais plutôt comme quelqu'un qui frappe à la porte du palais pour la première fois. Sur presque tout, Gbagbo s'est exprimé en disant "il faut…il faut…, il faut". Très rarement, il a dressé un bilan sur les questions essentielles. Il a même balbutié quelque fois et fait des aveux de taille sur ses échecs. Gbagbo a confié en effet que "l'économie est malade en partie à cause de la guerre". Sans pour autant expliquer l'autre cause de la maladie de notre économie nationale. Prenant également le contre-pied parfait de l'argument principal de campagne de ses lieutenants, Gbagbo a déclaré hier, devant la nation, que "la guerre ne peut être une excuse" pour expliquer le taux astronomique du chômage mais en même temps il estime que ce chômage n'est pas un phénomène nouveau.
Le candidat LMP a également reconnu que "la justice va mal". Mais en même temps il n'est pas prêt à donner à cette justice toute son indépendance.
Expliquant que parfois sur des questions d'intérêt économique par exemple, on ne pouvait pas laisser au juge seul le pouvoir de décider. Gbagbo redoute des pouvoirs trop élargis pour le juge du siège.
Enfin, les deux candidats s'engagent à reconnaître les résultats qui sortiront des urnes au soir du 28 novembre et chacun a demandé à son adversaire de l'appeler assez rapidement pour l'en féliciter.
Au total, grâce à Ouattara, les deux candidats ont offert un débat serein et potable aux Ivoiriens. Un débat qui pourrait décrisper un peu la tension socio-politique tendue de ces derniers jours.
Akwaba Saint-Clair
Peut-être un signe du temps qui doit être interprété comme une bénédiction.
A 23 heures 35 minutes, lorsque Alassane Ouattara prend la parole pour sa dernière adresse à ses compatriotes, de grosses gouttes d'eau tombe sur Cocody où est située la Rti et aux II Plateaux. Une averse d'une minute et puis plus rien quand le tour de Gbagbo vient de conclure.
Pour revenir au débat, l'on dira tout simplement que le candidat du Rhdp a été simplement remarquable. Il a affiché tout au long des débats une sérénité et un calme olympien. Rien ne pouvait perturber Ouattara qui s'est montré courtois, précis et assez simple dans ses explications pour se faire entendre. Même quand en début de propos Laurent Gbagbo a essayé de le piéger en brandissant une mesure de couvre-feu le soir du scrutin, c'est avec le sourire qu'il lui a répondu en lui faisant remarquer qu'il aurait pu lui téléphoner s'il devrait prendre une telle mesure parce que tous deux sont candidats et ce n'est sûrement pas dans ces conditions qu'une telle décision pourrait être prise et être comprise. De fait si Ouattara avait voulu polémiquer sur le sujet, cela aurait fait dérailler le débat. Le piège tendu par Gbagbo n'a pas fonctionné.
En outre, lorsque Gbagbo a voulu s'engouffrer dans une autre polémique, à savoir faire porter la responsabilité du coup d'Etat de 99 à Ouattara, le candidat du Rhdp a pris de la hauteur en lui faisant remarquer que lui aussi Gbagbo a posé des actes qui pourraient faire croire qu'il est l'auteur du coup d'Etat de 99 : le vol spécial Libreville. Abidjan, l'accueil et son escorte par des militaires de Bouaké à Abidjan, l'activisme de Lida Kouassi dans les casernes et enfin le fait que c'est le Fpi de Gbagbo qui a été le grand bénéficiaire du coup d'Etat, puisque Guéi est resté avec Gbagbo jusqu'aux élections de 2000 dans le même gouvernement. Pour autant, M. Ouattara a fait remarquer à son adversaire qu'il ne se baisait pas sur ces faits pour l'accuser d'être le cerveau du coup d'Etat de 99.
Dès lors, le débat pouvait prendre des allures plus saines et plus constructives, Gbagbo ayant été totalement désarmé et privé de son exercice favori, les empoignades et la polémique.
Et le candidat du Rhdp pouvait dérouler sa batterie de solutions sur les questions de société, d'économie, de politique étrangère, de défense nationale.
Pour l'essentiel, l'on peut retenir que Gbagbo ne s'est pas exprimé comme un chef d'Etat sortant. Mais plutôt comme quelqu'un qui frappe à la porte du palais pour la première fois. Sur presque tout, Gbagbo s'est exprimé en disant "il faut…il faut…, il faut". Très rarement, il a dressé un bilan sur les questions essentielles. Il a même balbutié quelque fois et fait des aveux de taille sur ses échecs. Gbagbo a confié en effet que "l'économie est malade en partie à cause de la guerre". Sans pour autant expliquer l'autre cause de la maladie de notre économie nationale. Prenant également le contre-pied parfait de l'argument principal de campagne de ses lieutenants, Gbagbo a déclaré hier, devant la nation, que "la guerre ne peut être une excuse" pour expliquer le taux astronomique du chômage mais en même temps il estime que ce chômage n'est pas un phénomène nouveau.
Le candidat LMP a également reconnu que "la justice va mal". Mais en même temps il n'est pas prêt à donner à cette justice toute son indépendance.
Expliquant que parfois sur des questions d'intérêt économique par exemple, on ne pouvait pas laisser au juge seul le pouvoir de décider. Gbagbo redoute des pouvoirs trop élargis pour le juge du siège.
Enfin, les deux candidats s'engagent à reconnaître les résultats qui sortiront des urnes au soir du 28 novembre et chacun a demandé à son adversaire de l'appeler assez rapidement pour l'en féliciter.
Au total, grâce à Ouattara, les deux candidats ont offert un débat serein et potable aux Ivoiriens. Un débat qui pourrait décrisper un peu la tension socio-politique tendue de ces derniers jours.
Akwaba Saint-Clair