Par Christophe Boisbouvier
Pour la première fois dans l’histoire de la Côte d`Ivoire, un débat télévisé a opposé le 25 novembre au soir les deux candidats au second tour, qui aura lieu dimanche 28 novembre. Compte rendu de l’un des envoyés spéciaux de RFI.
« J’ai bien aimé le ton de l’émission », a lancé le modérateur, Pascal Brou Aka, visiblement soulagé à la fin de ce débat de deux heures trente entre Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara sur le plateau de la Radio-télévision ivoirienne (RTI). « Et les Ivoiriens aussi. Vous savez qu’ils sont inquiets, et que beaucoup ont fait des provisions pour dimanche… ».
Ce qui a frappé les millions d’Ivoiriens qui ont suivi hier soir ce face-à- face Gbagbo-Ouattara, c’est la cordialité des échanges entre les deux finalistes, debout derrière leur pupitre. Bien sûr, il y a eu des moments de tension. Notamment au début de l’émission, quand le président sortant a accusé son adversaire d’être responsable des coups de force de 1999 et 2002, et donc de l’instabilité des ces onze dernières années – citations à l’appui. « Ah bon », a répliqué Alassane Ouattara. « Moi aussi, je peux citer plusieurs phrases de l’époque prononcées par Laurent Gbagbo. Mais ça ne prouve rien ».
Même à cet instant, l’échange est resté courtois. Avant de porter son attaque, Laurent Gbagbo a eu cette précaution oratoire : « C’est là qu’il y a la plus grande divergence entre mon frère Alassane et moi ». Un peu plus tard, le Président sortant a encore lancé : « Non, sur la dette extérieure, je ne vais pas polémiquer avec le Premier ministre. On est assez civilisé comme ça ».
Respect du verdict des urnes
Pas d’insultes, pas de mots blessants… Visiblement, les deux candidats ont entendu les multiples appels à la modération lancés par la société civile et les religieux. Au début, les deux hommes étaient crispés, presque timides. Puis, Alassane Ouattara a cassé la glace en disant, un rien goguenard : « Mais Laurent, d’habitude, on se tutoie ! ». « Oui, mais le moment est un peu solennel », a répondu le président sortant.
Un peu plus tard, les deux finalistes se sont taquinés sur le thème : « Dimanche soir, c’est toi qui m’appellera pour me féliciter de ma victoire ». « Non, c’est vous qui me téléphonerez pour me dire bravo »… Petit éclat de rire. Au-delà des plaisanteries, l’essentiel est là : les deux hommes ont promis de respecter les résultats qui seront annoncés lundi – ou mardi ? – par la Commission électorale indépendante. Brou Aka, l’animateur, était tellement content qu’il a demandé à ses deux interlocuteurs de réitérer leur engagement – ce qu’ils ont fait.
Un point peut tout de même faire controverse : l’annonce surprise par Laurent Gbagbo d’un couvre-feu dimanche soir à partir de 22 heures. Alassane Ouattara s’est dit étonné de ne pas avoir été prévenu, et a estimé que cela pourrait dramatiser la situation, sans vouloir aller plus loin dans la polémique.
A la fin, après une petite hésitation, les deux hommes, apparemment satisfaits d’avoir conservé leur sang-froid, se sont serré la main et se sont donné l’accolade, tout sourire. Le bon mot qui restera, c’est peut-être ce moment où Alassane Ouattara a lancé : « Tu as fait deux mandats, c’est bon ! », et où Laurent Gbagbo a répliqué du tac au tac : « Non, j’ai fait deux mandats en un, et c’est à cause de vous ! ».
Pour la première fois dans l’histoire de la Côte d`Ivoire, un débat télévisé a opposé le 25 novembre au soir les deux candidats au second tour, qui aura lieu dimanche 28 novembre. Compte rendu de l’un des envoyés spéciaux de RFI.
« J’ai bien aimé le ton de l’émission », a lancé le modérateur, Pascal Brou Aka, visiblement soulagé à la fin de ce débat de deux heures trente entre Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara sur le plateau de la Radio-télévision ivoirienne (RTI). « Et les Ivoiriens aussi. Vous savez qu’ils sont inquiets, et que beaucoup ont fait des provisions pour dimanche… ».
Ce qui a frappé les millions d’Ivoiriens qui ont suivi hier soir ce face-à- face Gbagbo-Ouattara, c’est la cordialité des échanges entre les deux finalistes, debout derrière leur pupitre. Bien sûr, il y a eu des moments de tension. Notamment au début de l’émission, quand le président sortant a accusé son adversaire d’être responsable des coups de force de 1999 et 2002, et donc de l’instabilité des ces onze dernières années – citations à l’appui. « Ah bon », a répliqué Alassane Ouattara. « Moi aussi, je peux citer plusieurs phrases de l’époque prononcées par Laurent Gbagbo. Mais ça ne prouve rien ».
Même à cet instant, l’échange est resté courtois. Avant de porter son attaque, Laurent Gbagbo a eu cette précaution oratoire : « C’est là qu’il y a la plus grande divergence entre mon frère Alassane et moi ». Un peu plus tard, le Président sortant a encore lancé : « Non, sur la dette extérieure, je ne vais pas polémiquer avec le Premier ministre. On est assez civilisé comme ça ».
Respect du verdict des urnes
Pas d’insultes, pas de mots blessants… Visiblement, les deux candidats ont entendu les multiples appels à la modération lancés par la société civile et les religieux. Au début, les deux hommes étaient crispés, presque timides. Puis, Alassane Ouattara a cassé la glace en disant, un rien goguenard : « Mais Laurent, d’habitude, on se tutoie ! ». « Oui, mais le moment est un peu solennel », a répondu le président sortant.
Un peu plus tard, les deux finalistes se sont taquinés sur le thème : « Dimanche soir, c’est toi qui m’appellera pour me féliciter de ma victoire ». « Non, c’est vous qui me téléphonerez pour me dire bravo »… Petit éclat de rire. Au-delà des plaisanteries, l’essentiel est là : les deux hommes ont promis de respecter les résultats qui seront annoncés lundi – ou mardi ? – par la Commission électorale indépendante. Brou Aka, l’animateur, était tellement content qu’il a demandé à ses deux interlocuteurs de réitérer leur engagement – ce qu’ils ont fait.
Un point peut tout de même faire controverse : l’annonce surprise par Laurent Gbagbo d’un couvre-feu dimanche soir à partir de 22 heures. Alassane Ouattara s’est dit étonné de ne pas avoir été prévenu, et a estimé que cela pourrait dramatiser la situation, sans vouloir aller plus loin dans la polémique.
A la fin, après une petite hésitation, les deux hommes, apparemment satisfaits d’avoir conservé leur sang-froid, se sont serré la main et se sont donné l’accolade, tout sourire. Le bon mot qui restera, c’est peut-être ce moment où Alassane Ouattara a lancé : « Tu as fait deux mandats, c’est bon ! », et où Laurent Gbagbo a répliqué du tac au tac : « Non, j’ai fait deux mandats en un, et c’est à cause de vous ! ».