Lorsqu’Alassane Ouattara débarquait en Côte d’Ivoire, il n’y avait aucun a priori sur lui. D’ailleurs, personne ne le connaissait. Nul ne pouvait donc douter de la capacité intellectuelle de l’homme, présenté aux Ivoiriens comme un « technocrate hors pair ». Ainsi, chacun voulait voir en lui le symbole de la transparence et de la rigueur. C’est aussi ainsi qu’il s’est défini. Mais voilà que le véritable visage de Alassane Ouattara va se présenter aux Ivoiriens : un personnage qui a toujours manqué de décence depuis qu’il a fait irruption dans la vie politique ivoirienne (l'indécence désigne ce qui manque de correction ou de pudeur). En voilà trois exemples concrets. Premier exemple. Moins de deux mois à peine nommé Premier ministre (par défaut), celui qui était chargé de redresser l’économie ivoirienne, achète comptant un domaine à 300 millions FCFA. A Abidjan ! Sous le titre foncier n° 11.968 délivré à Bingerville. Alors que la crise économique frappe durement le pays de plein fouet, que des entreprises peinent à résister ou ferment tout simplement, que le nombre de chômeurs augmente de jour en jour, que les Ivoiriens peinent à se remettre de l’inflation galopante provoquée par l’accaparement de la richesse nationale par une baronnie mal inspirée, voilà que Alassane Ouattara se paie le luxe de s’offrir un domaine de style savoyard. Le contraste est saisissant entre sa mission et cette acquisition. Cela indiquait clairement ce qu’’il est venu faire en Côte d’Ivoire : se nourrir sur le dos de la bête. Sinon à quoi obéissait cette acquisition là où il fallut seulement réclamer une maison de fonction, étant donné que sa mission était limitée dans le temps ? Bien plus, aussi longtemps qu’Ouattara a pu être au service du Fmi et de la Banque mondiale, il n’a jamais occupé un rang aussi élevé qui lui permettrait d’avoir des émoluments d’où il puisse consacrer 300 millions pour acquérir au comptant un domaine. D’où a-t-il eu cet argent ? Deuxième exemple. Pour s’installer dans son domaine, il fait passer sans douane, 19,4 tonnes d’effets qu’il qualifie de « personnels ». C’est-à-dire qu’il ne paye aucun centime à l’Etat là où il chante en longueur de journée qu’il entend instaurer dans le pays le civisme fiscal afin de maximiser les recettes de l’Etat. Troisième exemple. La privatisation tous azimuts, voire le bradage des entreprises de l’Etat et la compression des effectifs de la Fonction publique. Des cas sont patents : en six mois, 90 entreprises ont fermé jetant dans la rue plus de 3019 agents. Parmi elles Transcap, Sonaco, MIAM, Utexi, Bnda. D’autres survivent en réduisant leur personnel, la Sotra et la Caistab. L’essentiel pour Ouattara est de faire réaliser des économies à l’Etat. Qu’il est indécent de mettre à la porte quelqu’un qui a faim et qui cherche la pitance quotidienne. Ils sont nombreux les Ivoiriens qui ont été mis au chômage après les privatisations sauvages de Ouattara. A l’époque on parlait de plus de 90.000 familles. Même le personnel journalier qui se “débrouillait” dans les administrations pour pouvoir, ne serait ce que, chauffer la marmite, a été mis à la porte sans ménagement. Du coup le taux des déscolarisés a augmenté, des familles se sont disloquées, le ressort de la solidarité s’est grippé. Devant tant d'indécences, nous allons rester décents et ne pas en rajouter. Sinon, on évoquerait volontiers la guerre qui continue d’endeuiller le pays et dont l’impact est encore visible. Que Alassane Ouattara ne parle plus de civisme fiscal, de discipline. Il n’est pas un exemple.
J-S Lia
J-S Lia