L`un est le vieux lion des lettres ivoiriennes, qui se fait rare mais sait encore rugir. L`autre est un romancier en vogue doublé d`un polémiste. Pour Bernard Dadié et Venance Konan, la présidentielle sonne l`heure d`une nouvelle bataille, chacun dans son camp.
Abidjan, 9 octobre 2010, investiture du candidat Laurent Gbagbo. La
démarche un peu lourde du poids de ses 94 ans, Bernard Dadié monte sur la
scène du Palais des congrès du célèbre hôtel Ivoire. Il s`avance et transmet
au chef de l`Etat un flambeau, en symbole de "résistance".
Le doyen Dadié, qui a depuis longtemps sa place dans les anthologies de la
littérature africaine, baigne depuis toujours dans la politique.
Avec celui qui deviendrait le "père de l`indépendance" ivoirienne Félix
Houphouët-Boigny, son père Gabriel fut en 1946 l`un des fondateurs du
Rassemblement démocratique africain (RDA), mouvement panafricain à la pointe
de l`anticolonialisme.
Dès ses premiers écrits, l`auteur de la pièce "Béatrice du Congo" milite
pour l`indépendance d`une Côte d`Ivoire alors française. Il exalte le "haut
idéal de libération qui doit être celui de tout Noir".
Mais très critique à l`égard d`un Houphouët presque intouchable du temps de
son règne (1960-1993), il finit par devenir un compagnon de route de
l`opposant numéro un du "Vieux", Laurent Gbagbo.
Pour la campagne 2010, l`écrivain, dont les interventions sont devenues
rares, a pris la plume pour défendre "notre président sortant". Il ne cache
pas son admiration pour ce "jeune homme" de près de 30 ans son cadet.
Alors qu`il était à l`étranger au moment du putsch (finalement raté) de
2002, "il est rentré pour mener la lutte alors que le pays était en guerre.
Qui peut le faire? C`est pour cela que je suis derrière lui", explique Bernard
Dadié à l`AFP d`une voix ferme.
Pour le président du Congrès national de la résistance pour la démocratie
(CNRD), coalition de partis pro-Gbagbo, l`autre finaliste du second tour de
dimanche, l`ex-Premier ministre Alassane Ouattara, est avant tout l`homme de
la France.
Dans son style anticolonialiste aussi virulent que "rétro", il le voit même
en incarnation des "Ivoiriens de circonstance prêts à revêtir la livrée de
leurs tuteurs pour réduire leurs frères à l`état de mendiants permanents".
Mais le candidat Ouattara a aussi trouvé son héraut. De réunions publiques
en tribunes dans la presse locale, Venance Konan, 51 ans, bat la campagne pour
son champion.
"J`ai le choix entre une Côte d`Ivoire ouverte et une Côte d`Ivoire repliée
sur elle-même. Je choisis la Côte d`Ivoire ouverte", dit avec conviction
l`auteur de "Robert et les Catapila", dont les romans acerbes commencent à le
faire connaître en dehors de son pays.
Drôle de parcours pour ce journaliste, procureur acharné de M. Gbagbo.
L`un de ses critiques les plus incisifs, le président de l`Assemblée
nationale Mamadou Koulibaly, proche du chef de l`Etat, ne manque pas une
occasion de lui rappeler qu`il fut dans les années 1990 un chantre du concept
nationaliste d`"ivoirité", qui servit à combattre M. Ouattara, accusé d`être
"étranger".
"Ca nous a menés dans le mur, l`ivoirité. Je me suis trompé, j`ai mené un
faux combat. A l`époque, quand on défendait l`ivoirité, on ne savait pas que
ça allait nous conduire à la guerre", confesse Venance Konan.
Mais il passe vite du mea culpa à l`attaque: "entre moi qui me suis rendu
compte que j`étais sur une mauvaise voie et qui ai fait marche arrière, et
ceux qui reconnaissent qu`ils abordent une mauvaise voie mais qui y restent, à
chacun d`apprécier..."
Abidjan, 9 octobre 2010, investiture du candidat Laurent Gbagbo. La
démarche un peu lourde du poids de ses 94 ans, Bernard Dadié monte sur la
scène du Palais des congrès du célèbre hôtel Ivoire. Il s`avance et transmet
au chef de l`Etat un flambeau, en symbole de "résistance".
Le doyen Dadié, qui a depuis longtemps sa place dans les anthologies de la
littérature africaine, baigne depuis toujours dans la politique.
Avec celui qui deviendrait le "père de l`indépendance" ivoirienne Félix
Houphouët-Boigny, son père Gabriel fut en 1946 l`un des fondateurs du
Rassemblement démocratique africain (RDA), mouvement panafricain à la pointe
de l`anticolonialisme.
Dès ses premiers écrits, l`auteur de la pièce "Béatrice du Congo" milite
pour l`indépendance d`une Côte d`Ivoire alors française. Il exalte le "haut
idéal de libération qui doit être celui de tout Noir".
Mais très critique à l`égard d`un Houphouët presque intouchable du temps de
son règne (1960-1993), il finit par devenir un compagnon de route de
l`opposant numéro un du "Vieux", Laurent Gbagbo.
Pour la campagne 2010, l`écrivain, dont les interventions sont devenues
rares, a pris la plume pour défendre "notre président sortant". Il ne cache
pas son admiration pour ce "jeune homme" de près de 30 ans son cadet.
Alors qu`il était à l`étranger au moment du putsch (finalement raté) de
2002, "il est rentré pour mener la lutte alors que le pays était en guerre.
Qui peut le faire? C`est pour cela que je suis derrière lui", explique Bernard
Dadié à l`AFP d`une voix ferme.
Pour le président du Congrès national de la résistance pour la démocratie
(CNRD), coalition de partis pro-Gbagbo, l`autre finaliste du second tour de
dimanche, l`ex-Premier ministre Alassane Ouattara, est avant tout l`homme de
la France.
Dans son style anticolonialiste aussi virulent que "rétro", il le voit même
en incarnation des "Ivoiriens de circonstance prêts à revêtir la livrée de
leurs tuteurs pour réduire leurs frères à l`état de mendiants permanents".
Mais le candidat Ouattara a aussi trouvé son héraut. De réunions publiques
en tribunes dans la presse locale, Venance Konan, 51 ans, bat la campagne pour
son champion.
"J`ai le choix entre une Côte d`Ivoire ouverte et une Côte d`Ivoire repliée
sur elle-même. Je choisis la Côte d`Ivoire ouverte", dit avec conviction
l`auteur de "Robert et les Catapila", dont les romans acerbes commencent à le
faire connaître en dehors de son pays.
Drôle de parcours pour ce journaliste, procureur acharné de M. Gbagbo.
L`un de ses critiques les plus incisifs, le président de l`Assemblée
nationale Mamadou Koulibaly, proche du chef de l`Etat, ne manque pas une
occasion de lui rappeler qu`il fut dans les années 1990 un chantre du concept
nationaliste d`"ivoirité", qui servit à combattre M. Ouattara, accusé d`être
"étranger".
"Ca nous a menés dans le mur, l`ivoirité. Je me suis trompé, j`ai mené un
faux combat. A l`époque, quand on défendait l`ivoirité, on ne savait pas que
ça allait nous conduire à la guerre", confesse Venance Konan.
Mais il passe vite du mea culpa à l`attaque: "entre moi qui me suis rendu
compte que j`étais sur une mauvaise voie et qui ai fait marche arrière, et
ceux qui reconnaissent qu`ils abordent une mauvaise voie mais qui y restent, à
chacun d`apprécier..."