L’annonce d’un couvre-feu à partir de demain suscite des interrogations au sein de l’opinion.
Annoncé par le président de la République, candidat à sa propre succession, à partir de dimanche, le couvre-feu est rejeté par l’opposition. Selon Laurent Gbagbo, cette décision vise une meilleure sécurisation de l’après scrutin. Elle trouve, en partie, sa justification dans la violence qui a causé deux morts au cours de la campagne.
Selon une source bien informée, le couvre-feu a été inspiré par les militaires, commis à la sécurisation du processus. Ce sont donc les hommes en armes qui en ont exprimé le besoin.
Pour le moment, la décision n’est pas totalement rapportée. Toutefois, des aménagements ne sont pas à exclure, dans le but de rassurer tout le monde sur ses motivations et, surtout, permettre à la Commission électorale indépendante (Cei) de mener à bien sa mission. Interrogé hier par Nord-Sud, le porte-parole de la Cei ne remet pas en cause le principe du couvre-feu. « Sur le terrain, ça va gêner », constate-t-il. La Cei s’inquiète en effet des désagréments que la décision pourrait causer à la nuit électorale, consacrée par la loi. Il est vrai que cette longue nuit est marquée par un ballet incessant d’hommes dans les différentes structures de la commission. Ainsi, les résultats doivent être transmis, des bureaux de vote aux commissions sous-préfectorales, puis aux commissions départementales, régionales, avant d’arriver à la commission centrale. A chaque étape de regroupement, les membres de la Cei sont tenus d’attendre tous les résultats avant de passer à l’étape suivante. « Je suis superviseur de la Vallée du Bandama qui compte 35 commissions locales, 1513 bureaux de vote et plus de 900 lieux de vote. Toute la nuit, ce sera une longue chaîne de travail », explique M. Bamba. Pour lui, pas de doute : « Ce sera difficile avec le couvre-feu».
Il faut rappeler que les Ivoiriens voteront dans environ 20.000 bureaux de vote.
Par exemple, ceux qui vont acheminer les urnes devront le faire et revenir avant le début du couvre-feu. Un vrai défi. Alors que la loi donne toute la nuit électorale à la Cei pour mener à bien les opérations de dépouillement des bulletins et de proclamation des résultats. Cela, en présence de délégués des candidats et même de toute personne qui le souhaite. Les observateurs aussi pourraient être concernés par la décision.
Face aux conséquences prévisibles sur la qualité du scrutin, à défaut d’annuler la mesure, il n’est pas exclu que le chef de l’Etat y apporte des aménagements qui garantissent des conditions de travail adéquates à la Cei. C’est tout le sens de son rendez-vous avec le Premier ministre hier. Mais, un éventuel assouplissement devra aussi recueillir l’assentiment des militaires, qui auront la lourde responsabilité de garantir la sécurité du scrutin et des opérations de dépouillement.
Kesy B. Jacob
Annoncé par le président de la République, candidat à sa propre succession, à partir de dimanche, le couvre-feu est rejeté par l’opposition. Selon Laurent Gbagbo, cette décision vise une meilleure sécurisation de l’après scrutin. Elle trouve, en partie, sa justification dans la violence qui a causé deux morts au cours de la campagne.
Selon une source bien informée, le couvre-feu a été inspiré par les militaires, commis à la sécurisation du processus. Ce sont donc les hommes en armes qui en ont exprimé le besoin.
Pour le moment, la décision n’est pas totalement rapportée. Toutefois, des aménagements ne sont pas à exclure, dans le but de rassurer tout le monde sur ses motivations et, surtout, permettre à la Commission électorale indépendante (Cei) de mener à bien sa mission. Interrogé hier par Nord-Sud, le porte-parole de la Cei ne remet pas en cause le principe du couvre-feu. « Sur le terrain, ça va gêner », constate-t-il. La Cei s’inquiète en effet des désagréments que la décision pourrait causer à la nuit électorale, consacrée par la loi. Il est vrai que cette longue nuit est marquée par un ballet incessant d’hommes dans les différentes structures de la commission. Ainsi, les résultats doivent être transmis, des bureaux de vote aux commissions sous-préfectorales, puis aux commissions départementales, régionales, avant d’arriver à la commission centrale. A chaque étape de regroupement, les membres de la Cei sont tenus d’attendre tous les résultats avant de passer à l’étape suivante. « Je suis superviseur de la Vallée du Bandama qui compte 35 commissions locales, 1513 bureaux de vote et plus de 900 lieux de vote. Toute la nuit, ce sera une longue chaîne de travail », explique M. Bamba. Pour lui, pas de doute : « Ce sera difficile avec le couvre-feu».
Il faut rappeler que les Ivoiriens voteront dans environ 20.000 bureaux de vote.
Par exemple, ceux qui vont acheminer les urnes devront le faire et revenir avant le début du couvre-feu. Un vrai défi. Alors que la loi donne toute la nuit électorale à la Cei pour mener à bien les opérations de dépouillement des bulletins et de proclamation des résultats. Cela, en présence de délégués des candidats et même de toute personne qui le souhaite. Les observateurs aussi pourraient être concernés par la décision.
Face aux conséquences prévisibles sur la qualité du scrutin, à défaut d’annuler la mesure, il n’est pas exclu que le chef de l’Etat y apporte des aménagements qui garantissent des conditions de travail adéquates à la Cei. C’est tout le sens de son rendez-vous avec le Premier ministre hier. Mais, un éventuel assouplissement devra aussi recueillir l’assentiment des militaires, qui auront la lourde responsabilité de garantir la sécurité du scrutin et des opérations de dépouillement.
Kesy B. Jacob