Les Ivoiriens retiennent encore leur souffle. L’attente des résultats du dernier tour du scrutin présidentiel devient longue la population. Les actes de barbarie et autres formes de violences enregistrés çà et là, chaque jour, ont engendré une ambiance de psychose. Les Ivoiriens redoutent une escalade de violence entre les partisans des deux camps opposés. La Majorité présidentielle dont le président sortant, Laurent Gbagbo est le candidat et le Rassemblement des Houphouétistes dont l’ancien Premier ministre Alassane Ouattara est le porte-flambeau. La tension est vive entre les partisans des deux candidats malgré leur engagement commun à accepter le verdict des urnes attendu. Cet engagement apparait aujourd’hui comme un vœu pieu eu égard à l’ambiance qui prévaut. C’est une vérité de Lapalisse, aucun camp n’est prêt à accepter la défaite. Et chacun semble avoir préparé un plan B machiavélique pour contrer l’adversaire au cas où il serait proclamé victorieux. Au LMP, on ne transige pas sur le plan B de Ouattara et ses partisans de descendre dans les rues, armés, notamment de machettes déjà achetées et distribuées, pour contester la victoire de Gbagbo. Ambiance similaire au RHDP et particulièrement au RDR, où l’on soupçonne le président sortant de vouloir braquer l’armée contre son adversaire au cas où il serait élu. Soupçon contre soupçon, la méfiance et la défiance nourries entre ces deux camps ont dépassé le seuil de la tolérance. Partisans de Gbagbo et de Ouattara sont prêts à en découdre. Ils en donnent déjà l’illustration dans les zones de Sinfra, Gagnoa et autres où les morts se multiplient avant même que les résultats du scrutin ne soient connus. Que va-t-il en être du jour ou des lendemains de la proclamation du verdict final ? Voilà qui retient le souffle des populations, apeurées, gagnées par le doute, les regards tournés vers la Commission électorale indépendante (CEI), mais les cœurs battant la chamade quand à ce qui pourrait advenir à l’issue de la publication des résultats provisoires. Surtout après les réserves émises dans chaque camp relativement à la régularité du scrutin dans certaines zones où des recours en annulation sont en voie d’être introduits auprès des instances compétentes. Au premier tour, une telle ambiance avait déjà crispé l’atmosphère jusqu’à ce que tout finisse par rentrer dans l’ordre. Mais, à ce sprint final, les passions semblent davantage ravivées et les militants très déchainés au point où l’on redoute le pire évité il y a un mois. Le feu couve entre LMP et RHDP et la diplomatie dans l’ombre doit jouer sur les passions pour désamorcer la bombe de l’embrasement qui menace la Côte d’Ivoire. Pourra-t-on éviter ce glaive ? La Côte d’Ivoire peut-elle retrouver son unité à l’issue de ce scrutin ? Bien malin qui pourra le dire, à quelques heures du verdict des urnes. Lequel risque de laisser encore des plaies à ce pays déjà meurtri. La solution est entre les mains de la CEI et du Conseil constitutionnel dont la vigilance et la droiture seules pourront éviter à la Côte d’Ivoire de sombrer à nouveau.
F.D.BONY
Photo : Youssouf Bakayoko et Paul Yao N’dré
Légende : La CEI de Youssouf Bakayoko et le Conseil constitutionnel de Yao N’dré doivent jauger avec beaucoup de tact la situation pour éviter une autre crise à la Côte d’Ivoire
F.D.BONY
Photo : Youssouf Bakayoko et Paul Yao N’dré
Légende : La CEI de Youssouf Bakayoko et le Conseil constitutionnel de Yao N’dré doivent jauger avec beaucoup de tact la situation pour éviter une autre crise à la Côte d’Ivoire