Le regard sélectif de Tagro sur les violences

Le calme a fui le camp LMP. Gbagbo et son groupe ont le sommeil troublé depuis la fin du second tour de la présidentielle, le dimanche 28 novembre dernier. Conscients du désamour de la population ivoirienne vis-à-vis de leur politique et de la victoire écrasante du candidat du RHDP, ils ne cessent de crier au vol et préparent activement leurs militants à contester les résultats. Et le ministre de l’Intérieur s’est chargé de l’exécution de cette sale besogne. Désiré Tagro, au mépris de la neutralité dont il est astreint en cette période électorale, a pondu un communiqué au vitriol lu par son directeur de cabinet. «Un texte prématuré, hâtif, incomplet et dangereusement partisan», selon la Primature et qui «n’est pas de nature à préserver la sérénité nécessaire aux opérations électorales en cours». Par la voix de son porte-parole, le Premier ministre a invité toutes les parties au strict respect de la neutralité de l’administration et d’agir en sorte que force reste à la loi. En effet, Tagro, dans son communiqué, a versé son venin et sa haine viscérale sur les militants du RHDP qu’il accuse de tueries, de casses et d’entraves au déroulement du processus électoral. Les Forces Nouvelles ne sont pas en reste. Elles sont accusées de connivence avec le RHDP dans les différentes violences constatées ça et là. Dans sa tentative de diaboliser le RHDP et les Forces Nouvelles, il présente les militants LMP comme des saints. A écouter Tagro, LMP n’a rien fait. Compréhensif d’ailleurs puisque ce petit groupe de voleurs au pouvoir depuis 2000 n’a jamais reconnu ses forfaits. Ils ne sont jamais responsables de quelque chose. Et pourtant, les militants LMP ont abattu deux personnes à Niouboua et brûlé plusieurs habitations. A Abobo, trois militants RHDP ont été lâchement tués. A Sinfra, des morts ont été enregistrés. Dans le département d’Aboisso, des militants RHDP ont été tailladés à la machette et empêchés de prendre part au vote. Les mêmes cas ont été constatés à Bronda (Diégonefla) et Galébré où les allogènes ont été molestés et les campements pillés et brûlés. Ces actes d’une violente cruauté ont été passés sous silence par Tagro. Qui, au lieu de se présenter à la Nation en véritable ministre de l’Intérieur et, pour une fois, sortir grandi de cette situation, s’érige en défenseur de la cause de LMP. Chose grave en ce période sensible. Le directeur de campagne de Gbagbo à Issia, caché derrière le costume de ministre de l’Intérieur, menace même de réclamer l’annulation du vote dans les zones du Nord où son candidat est quasi-inexistant. Au motif que les faits mensongers qu’il a relatés sont de nature à entacher la sincérité est la crédibilité du scrutin dans les localités dans lesquelles ils se sont produits. Mais la cause est déjà entendue. Gbagbo a perdu l’élection présidentielle. Et avant de partir, il veut mettre à exécution son lugubre dessein : instaurer le chaos. Et le communiqué partisan, vide et truffé de mensonges de Désiré Tagro s’inscrit dans ce sens. Peine perdue.

OUATTARA Gaoussou