Affi, un vrai pyromane

Chaque sortie de ce monsieur s’est soldée par une catastrophe nationale. Affi N’Guessan, c’est de lui qu’il s’agit, se présente de plus en plus comme l’oiseau de mauvais augure. Chaque fois qu’il fait entendre sa voix, le village plonge dans le malheur et la désolation. Mais contrairement à l’oiseau qui prédit des événements naturels sur lesquels le pauvre vivipare n’a aucune emprise, l’ancien premier ministre de Laurent Gbagbo contrôle les événements malheureux qu’il prédit. Et si on regarde bien sa démarche, pour le moins méthodique, on serait en droit de croire qu’il les planifie et les commandite même s’il ne les exécute pas. Jugez-en vous-même. Dès les premières heures du coup d’Etat manqué du 19 septembre 2002 qui s’est muée en une rébellion, le président du FPI s’est précipité sur les ondes de la radio mondiale, RFI, pour accuser vertement le Général Robert Guei d’être l’auteur du putch. La suite est plus que tragique. L’ancien chef d’Etat ivoirien, qui avait pris le pouvoir à la suite du coup d’Etat militaire de 1999, est assassiné avec 16 autres personnes dont son épouse. Affi savait-il que le Général allait être assassiné avant qu’il n’intervienne sur RFI ? Rien n’est moins sur. Ce n’est d’ailleurs pas la seule sortie pour le moins prémonitoire d’Affi. Après un premier tour pacifique et salué par tous, le président du FPI, jusque là dans les oubliettes de LMP, a refait surface avec un langage emprunt de violence, de xénophobie et de haine. Le candidat du RHDP, Alassane Ouattara et tous ses sympathisants sont traités de tous les noms et accusés de tous les péchés d’Israël. Les populations autochtones sont appelées à empêcher les allogènes de participer au scrutin du second tour ? Sous l’injonction d’Affi N’Guessan, les chaines d’information publiques sont réquisitionnées et transformées en laboratoire de propagande au profit du candidat dit de la majorité présidentielle. La conséquence immédiate est regrettable et sans commentaire. Comme une stratégie bien peaufinée, les zones forestières entrent en ébullition. Les paysans baoulés, malinkés et étrangers de cette partie agricole de la Côte d’Ivoire sont pris à partie par les partisans du candidat LMP. Des morts et plusieurs blessés sont dénombrés. Pour une seconde fois Affi N’Guessan venait de mettre le feu aux poudres de la haine et de la xénophobie. Et comme le molosse ne change jamais sa façon déhontée de s’asseoir, Affi N’Guessan a remis ça. Dès la fermeture des bureaux de vote avant hier dimanche, le même Affi a couru d’abord à la télévision nationale puis sur la radio RFI pour emboucher la même trompette. Il accuse, sans début de preuves, les FAFN d’avoir empêché ses militants dans les zones CNO de voter. Il va plus loin pour demander une invalidation du scrutin dans cette partie du pays. La stratégie du président du FPI est bien connue. Si elle traduit clairement la volonté des refondateurs de contester les résultats du deuxième tour, cette sortie trahit un secret. C’est que le FPI et son candidat sont presque certains que leur champion est non seulement dans les cordes mais qu’il est K O. Mais ce qu’il faut craindre, c’est la chienlit qu’Affi et ses partisans veulent imposer. Car chaque fois que le porte-parole du candidat Laurent Gbagbo a fait une sortie pareille, la Côte d’Ivoire a sombré par la suite dans la violence.

Si vous cherchez celui qui met le feu en Côte d’Ivoire, ne regardez pas loin. Il est tout près et très bruyant et volubile. C’est Affi N’Guessan le vrai pyromane et personne d’autre.

Koné Lassiné