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Politique Publié le mardi 30 novembre 2010 | Le Nouveau Réveil

Mabri Toikeusse Albert (porte-parole du candidat du Rhdp) : “Ouattara devance de loin Gbagbo. Les preuves”

Les militants du Rhdp ont particulièrement souffert des actes anti-démocratiques perpétrés par les partisans de Laurent Gbagbo lors de ce second tour de la présidentielle. Ces militants ont bravé toutes sortes d'épreuves pour porter à la magistrature suprême leur champion Alassane Ouattara. Hier, après-midi, le porte-parole du candidat Alassane Ouattara nous fait le point de la situation e le moins que l'on puisse dire c'est que Mabri Toikeusses est très confiant.

M. le porte-parole du candidat Alassane Ouattara, pouvez-vous nous faire le point du déroulement de ces élections du 28 novembre ?

Vous savez que le premier tour a engendré beaucoup de défaillances. Nous avons saisi la Commission électorale et un certain nombre de mesures, prises en rapport avec le Premier ministre, ont été annoncées à la veille du scrutin du deuxième tour. Hier également, on a constaté quelques retards dans l'ouverture des bureaux de vote. Il y a eu également quelques problèmes au niveau du matériel électoral ou dans le kit. Parce que cette fois-ci, ce qui était bien, c'est que chaque bureau de vote avait directement son kit qui ne transitait pas par la Cei locale. Donc dans certains kits, il y avait trois exemplaires de PV au lieu de sept, normalement. Je crois qu'il y a une réunion avec nos représentants à la Commission électorale avec l'implication des préfets pour trouver la formule qui convenait. Et puis, nous avons constaté dans presque tout l'intérieur du pays, des listings parallèles que les refondateurs avaient et ils se permettaient quelquefois à l'aide de leur listing de filtrer l'accès aux bureaux de vote. Quand on a été informé, partout où nos superviseurs ont agi. Je crois que la Commission électorale avec l'appui du Cci a fait en sorte que toutes ces listes parallèles soient retirées. Disons que dans l'ensemble, il y avait dès la matinée les empêchements de vote que nous avons enregistrés, en particulier, dans le Centre-ouest, le Sud-Ouest et l'ouest du pays. Il y a eu des empêchements avec quelquefois des atteintes à l'intégrité physique. Il y a eu des blessés, des morts. Certains chefs dans les campements ont été pris, ligotés, quelquefois tranférés à la brigade de gendarmerie. Donc, nous avons eu des remontées d'informations de nos bases et notre conseil juridique a pris note de tout cela, a obtenu les détails et on est maintenant en train de finaliser le dossier. L'après-midi, ça a continué dans les mêmes zones et en fin de journée, à l'heure de la fermeture des bureaux de vote, Abidjan, et particulièrement à Abobo où il y avait eu des problèmes la veille, a donc commencé avec des hommes en armes qui intervenaient pour empêcher le dépouillement, qui se saisissaient des urnes et disparaissaient. Quelquefois, ils ne réussissaient pas devant la résistance des électeurs. Abobo, Koumassi, Vridi, Yopougon dans la soirée, ça a continué jusqu'au tour de 20 h30, 21h, avant que l'Onuci, chargée du transport ou de la sécurisation des urnes et du matériel électoral, n'intervienne avec l'appui des autres forces impartiales. Il y a eu aussi quelques cas à l'intérieur, notamment à Garango, à Bouaflé, à Daloa, à Lakota où en dehors de la ville, nos représentants n'ont eu accès à aucun village. Ils ont tous été chassés. Issia a connu la même situation dans certains bureaux de Soubré, de Divo de Sinfra, nous avons également enregistré ces empêchements de vote et quelquefois des urnes cassées.

Comment vous expliquez cette situation et est-ce que c'est cela qui a fait chuter le taux de participation ?

Nous pensons que ça a été une stratégie de la refondation, cette annonce de décret, de voter avec un couvre-feu. Malgré la promesse faite par Laurent Gbagbo de lever la mesure, il l'a maintenue, il l'a même renforcée puisque, hier au lieu de 22h, on nous a dit que c'est 20 h. C'est après le journal de 20h qu'on nous a dit que c'était désormais 22h et puis, il y avait l'attitude des soldats, des Fds dans un certain nombre de régions. Par exemple, dans la région ouest, les gens ont été traumatisés par la guerre, les soldats arrivés avec des armes au poing et quelquefois avec des canons montés sur des véhicules, ça crée la frayeur. Des populations ont quitté les villages pour se réfugier en ville. Hier, il a fallu sensibiliser beaucoup de gens, envoyer des jeunes dans les campements pour demander que l'on revienne au village pour pouvoir voter. Il y avait donc cette peur-là qui a pris Abobo en particulier où jusqu' en fin de matinée, c'était timide. Nous avons donc fait ce qu'il fallait pour sensibiliser. Partout, il fallait le faire pour qu'ils aillent voter.

Ça, ce sont les points au niveau de la zone de l'ouest et d'Abidjan. Pouvez-vous nous faire le point de la situation des zones ex-assiégés quand on sait que des responsables de Lmp disent que certains de leurs militants ont été empêchés de voter ?

Pas à ma connaissance. Il y a eu des reproches qui ont été faits aux Forces nouvelles par Lmp. Evidemment, il appartient aux Forces nouvelles de répondre, mais en ce qui nous concerne, nous avons pu constater à Korhogo, à Biankouma, à Man, à Danané, à Zouan-Hounien, des gens qui se promenaient avec des sacs d'argent pendant que la campagne était terminée et distribuaient de l'argent dans les rangs. Ce qui entrainait le désordre. Ils donnaient de l'argent en parlant et quelquefois, il y a eu la réaction de certains électeurs. Ça a été le cas du ministre de la Production animale, il l'a fait, ça a été constaté. Nous avons aussi informé que sa sécurité qui n'acceptait d'être suivie par les jeunes du Rhdp ou des éléments de sécurité des forces nouvelles a donc menacé à l'aide d'une arme à feu. Ça a donc entrainé des problèmes. En dehors de cela, nous n'avons pas enregistré des empêchements de vote. Ce n'était pas la consigne. Nous, ce que nous souhaitons, c'est que ce scrutin ait lieu, nous l'attendions depuis plus de 5 ans. Nous nous sommes battus pour l'obtenir, nous savions que nous partions avec, si je peux me permettre, en ballotage favorable avec le candidat du Rhdp. Il n'y avait pas de raison d'entrainer des troubles et les consignes étaient claires : pendant la campagne, ne cédez pas aux provocations. Pendant l'élection, attachez-vous à faire en sorte que les Ivoiriens aillent voter et que tous aient l'occasion de s'exprimer dans les urnes.

Le président Affi N'guessan, porte-parole du candidat Lmp, disait qu'il fallait invalider les résultats du nord ?

Vous savez, il y a eu tellement d'arguments légers qui ont été avancés. Quand monsieur Affi dit que le désarmement des forces nouvelles n'ayant pas eu lieu... moi, j'ai été surpris qu'un collaborateur proche de Laurent Gbagbo dise cela parce que l'accord politique de Ouagadougou avait un schéma. Nous sommes tous témoins ici, tous les Ivoiriens sont témoins de ce qu'on a dit. Que tout ce qui devait être fait avant les élections a été fait. Le regroupement, le désarmement des Forces nouvelles mais aussi des milices. Mais nous avons vu des milices à l'Ouest et des étrangers visiblement et quelquefois des Ivoiriens avec des armes, qui se promenaient et qui traversaient la frontière. Donc je voudrais dire que s'il y a eu des insuffisances, ce n'est pas notre faute et puis, nous avons fait le premier tour dans ces conditions. Pourquoi, subitement, c'est au deuxième tour que M Affi se souvient que les forces nouvelles n'avaient pas désarmé et puis dans tous les cas, il y a eu un schéma de sécurisation avec le Cci. En plus de ceux qui y étaient déjà, 1500 soldats Fds qui ont été redéployés au nord, qui étaient là et qui n'ont pas rapporté à travers le Cci, qu'il y avait des problèmes particuliers ou qu'ils ont été incapables de sécuriser au point où ce sont des éléments cantonnés des Forces nouvelles qui se retrouvent à agir au plan de la sécurité ou à empêcher les gens. Je crois qu'il ne faut pas jouer avec la patience des Ivoiriens. Les Ivoiriens ont subi ce régime pendant 10 ans. Ça a été difficile. Aujourd'hui, la pauvreté est à son paroxysme, les attentes du monde des affaires l'est également. Vous savez que nos jeunes sont au chômage, ils ne savent plus comment se prendre en charge. Tout le monde attend cette élection pour que la Côte d'Ivoire reprenne le chemin du progrès. Je crois que personne n'acceptera que pour des raisons qui n'existent pas du tout, on puisse invalider une zone ou dire que les élections n'étaient pas régulières. Il y a eu des problèmes au premier tour comme au deuxième tour, mais cela ne devait pas entacher globalement la régularité de cette élection.

Pensez-vous que le camp Lmp s'inscrit déjà dans une logique de contestation des résultats ?

Ils ont commencé. Vous nous avez suivi, Affi N'guessan et moi, sur Rfi ce matin (Ndlr hier). Ils ont dit qu'ils contestent. Il était en train d'hésiter pour savoir avec quel objet ils contestent. Nous attendons de voir ce qu'ils diront. Nous aussi, nous avons un dossier. La Commission électorale appréciera. Nous avons pour ce processus un facilitateur avec une mission. Nous avons une mission de certification des Nations Unies en place. Il y a eu des observateurs un peu partout y compris à Korhogo et dans toutes les régions de Côte d'Ivoire. Des observateurs à Abobo ont aussi été témoins de ce que nous avons vu ainsi que dans le centre-ouest. Je crois qu'il ne faut pas s'inquiéter. Les gens se font peur.

En tant que porte-parole, êtes-vous confiant de la victoire de votre candidat à cette heure ?

Oui, nous sommes confiants. Nous sommes partis avec un ballotage favorable pour notre candidat Alassane Ouattara. Il s'agissait pour le Rhdp de maintenir les acquis, de les consolider. L'appel du président Bédié, de nous tous, je pense, a été largement suivi. C'est vrai que le taux de participation a baissé, mais c'est une baisse générale. Et les résultats que nous avons, nous savons que dans le centre, les chiffres nous donnent largement vainqueurs dans le N'zi-Comoé, dans les Lacs et la Vallée du Bandama, tout comme dans les régions forestières où le président Bédié a gagné, a eu un pourcentage honorable.

Malgré donc les empêchements de vote, vous avez pu maintenir votre avance.

Malgré les empêchements, nous avons maintenu l'avance. Nous pensons que nous ferons mieux que ce que nous avons obtenu au premier tour en termes de pourcentage, de suffrage exprimé.

Et dans le nord ?

Dans le nord, il n'y a pas de changement notable. Dans certains endroits, nous avons amélioré le score. De toute façon, il s'agit des scores de Ouattara auxquels on ajoute ce qui a été réalisé par Bédié, Mabri, Anaky, Wodié, Gnamien et par d'autres. Et nous savons que choisir entre quatorze candidats a causé beaucoup de tort à nos parents. En particulier dans les zones rurales. Avec deux, c'était plus facile pour eux de choisir. Tous ceux qui se sont trompés pour choisir Adama Dahico alors qu'ils pensaient choisir Mabri, ont choisi plus facilement cette fois-ci. Cela nous a permis d'améliorer les scores par-ci et par-là.

Il y a aussi la transmission des résultats des lieux de vote à la sous préfecture, dans les départements et les Cei locales. Il semble qu'au premier tour, beaucoup de choses se sont passées à ce niveau. Avez-vous pris des dispositions dans ce sens ?

Au premier tour effectivement, partout où il y a eu des fraudes, c'était moins dans les bureaux de vote. C'est vrai qu'il y a eu des empêchements de vote dans des régions. On a empêché nos représentants d'avoir accès aux bureaux de vote. Les résultats ont été manipulés. Mais le plus gros de la fraude s'est passé après les dépouillements et le transfert des PV et des urnes. Cette fois-ci, la décision prise par la Commission électorale qui a tenu compte de nos observations, c'est que l'Onuci soit transporte, soit sécurise le transport. Ce que nous avons constaté, c'est que l'Onuci avait le contrat à travers l'Unops, mais l'Unops n'avait pas suffisamment de moyens pour transporter les urnes. Donc ils ont sous traité avec des transporteurs qui, eux-mêmes, l'ont fait dans des conditions pas du tout sécurisées. Donc cette fois-ci, nous pensons que ça a été fait dans de bien meilleures conditions. Mais mieux, nous-mêmes, nous avons pris des dispositions pour demander à nos militants, aux électeurs de chaque bureau de vote, d'escorter les urnes jusqu'à la Cei locale. Ça s'est passé dans bien de villages où quelquefois à pied, à moto, ou accrochés à la benne, les jeunes sont allés jusqu'à la sous préfecture pour déposer les urnes. Ça s'est également passé à Abidjan où à pied, ils ont escorté, malgré le couvre-feu, tous les risques, quelquefois, on a vu des gens qui sont arrivés avec des tenues militaires, avec des armes, dans des véhicules peints aux couleurs des Nations Unies. Ils ont tenté de prendre les urnes. Ils ont réussi à certains endroits, mais dans la plupart des cas, il y a eu de la résistance et les urnes sont arrivées à bon port. Donc nous pensons qu'il y a eu moins de possibilités de fraude entre le bureau de vote et le lieu de centralisation des résultats.

Les Ivoiriens attendent avec impatience les résultats. Quelles sont les tendances ?

Il y a quelques rares régions où la boucle est bouclée, où on a reçu tous les PV au niveau de la Cei locale. Nous avons nos représentants dans les bureaux qui envoient des Sms ou qui téléphonent pour donner les résultats à une cellule centrale ici, ensuite à nos représentants au niveau de la sous préfecture ou du département. Ensuite ceux de la sous préfecture ou du département prennent tout ce qu'il y a au niveau des différents bureaux de vote et ils remontent les résultats directement ici par fax ou par internet. Nous avons demandé qu'avant la fin de l'après midi, tous les ddc fassent remonter tous les PV sur Abidjan. Je sais que dans certains endroits, ça va être difficile parce que c'est maintenant que les derniers PV arrivent. J'ai été appelé hier de Blaisekro, un campent dans Bonou, celui que j'ai eu était à 27km. Il a tenté de joindre la cellule, il n'y arrivait pas. Il m'a appelé pour me donner les résultats de ce campement où nous avons gagné. Je lui ai demandé d'envoyer les PV à Bonou. Il m'a dit qu'il est 22h30, si j'envoie les Pv, on va m'arrêter sur la route, on va me frapper et le Pv vont disparaitre. Donc je préfère attendre le matin à 6h pour y aller. Lui avait une moto, mais d'autres n'en ont pas. Nous avons pris des dispositions dans toutes les zones pour qu'il y ait des motos, des Kia pour aller chercher les Pv, mais ce n'est pas toujours évident. Nous pensons que d'ici le début de la soirée (Ndlr hier), nous aurons le maximum des Pv remontés. Et puis nous attendons toujours de joindre nos correspondants dans les Cei locales avant de les consolider. Mais je voudrais vous dire que jusqu'à la mi-journée, nous avons une remontée de pratiquement 2/3. C'était très avancé à Abidjan. Sur la base de l'estimation du taux de participation, nous nous attendions à 1 500 000 personnes qui ont voté à Abidjan. A la mi-journée, nous étions pratiquement à 1 150 000 personnes qui avaient déjà été prises en compte. Evidemment, il y a le coude-à-coude. Mais dans une quinzaine de régions, nous sommes en avance. Cela est conforme à la situation sur laquelle nous sommes allés aux élections au second tour. C'est-à-dire le ballotage favorable dont je vous parlais tout à l'heure. Partout nous avons constaté un bon niveau de report de voix. Dans le centre, nous avons constaté que le report des voix se situait entre 65, 70, 75% avec des scores importants. On a des scores de 83, 85% dans certaines régions. C'est pareil dans les zones forestières, dans les régions des montagnes. Je crois que sur cette base, nous n'avons pas de souci. Nous pensons que nous sommes en train de conforter la situation et même améliorer le score.

Interview réalisée par Patrice Yao et Akwaba Saint Clair
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