Laurent Gbagbo voudrait se moquer du président Blaise Compaoré, facilitateur du dialogue direct inter-ivoirien, qu'il ne s’y serait pas pris autrement. En effet, après une journée d'intenses négociations bilatérales et croisées avec les acteurs de la sortie de crise, le président du Faso obtient du chef d'Etat ivoirien sortant la prise d'un décret de levée du couvre-feu décrété à 48 heures du scrutin. Blaise Compaoré, heureux de ce dénouement, fait même une déclaration à la presse dans ce sens. Mais dès que le facilitateur tourne le dos, non seulement Gbagbo ne tiendra pas parole, mais pour bien montrer qu'il fait tout comme bon lui semble, il prend une mesure pour renforcer le couvre-feu en vigueur. Ainsi hier, alors que l'heure fixée pour le début du couvre-feu était 22 heures, Gbagbo décide de la ramener à 20 heures. A la Rivierra où il a voté hier, le président sortant et candidat de LMP, Laurent Gbagbo, a fait savoir hier que le couvre-feu qu'il a décrété reste en vigueur : " J'ai appris que quelqu'un a prononcé la levée du couvre-feu. Je voudrais dire qu'en Côte d'Ivoire, il y a une seule personne qui décrète le couvre-feu et lève le couvre-feu, c'est le président de la République. C'est-à-dire, c'est moi… Et à 20 heures je vais faire lire une communication pour les dispositifs qui vont permettre à la CEI de faire son travail ". C'est en ces terme que le candidat LMP a affiché son refus de lever le couvre-feu que tous les partenaires du scrutin trouvent inopportun et innaceptable. Mieux, il tient ainsi tête au facilitateur à qui il avait pourtant dit alléger le couvre-feu et devant qui il a pris l'engagement que le scrutin se passe sans accroc. Pourquoi autant de restriction à la liberté ? Que s'est-il passé, qu'est-ce que les militants du Rhdp ont-ils posé comme acte et qui a pu motiver que le couvre-feu de 22 heures soit ramené à 20 heures, le soir même du scrutin ? Que veut-on cacher ? Le braqueur a-t-il décidé de ne plus se cacher, d'opérer au vu et au su de tous ? Où est donc passée la démocratie ? Sur le terrain et comme l'a dénoncé avec promptitude le directeur national adjoint associé chargé des élections du candidat Alassane Ouattara, entouré des avocats du Rhdp, dans la quasi-totalité des localités du pays et particulièrement en zones forestières, les allogènes baoulé ou ceux ayant des noms à consonance nordique ont été empêchés de voter. Les cadres du Fpi, aidés par les jeunes miliciens armés et des éléments des Forces de l'ordre ont empêché physiquement des citoyens ivoiriens de voter. Ailleurs, l'on a essayé de corrompre purement et simplement les représentants du Rhdp dans les bureaux de vote quand ces derniers ne sont pas empêchés d'accéder à ces bureaux. Comment peut-on se proclamer “enfant des élections” et cautionner des attitudes pareilles ? C'est à croire qu'on n'a tiré aucune leçon des "élections calamiteuses" d'octobre 2000. On agit comme si le principal ici, c'est d'accaparer le pouvoir quelle qu'en soit la manière.
Paul Koudou
Paul Koudou