La Commission électorale indépendante (Cei) a trois jours pour proclamer les résultats provisoires après le scrutin. Mais personne n'attend la Cei pour être situé ne serait-ce que sur les tendances. Et les tendances sont communiquées par téléphone par des représentants des candidats dans les bureaux de vote ou les Qg. Dans ces centres, au fur et à mesure que les Procès verbaux tombent et sont traités, l'information est répercutée à d'autres centres de décisions pour leur gouverne. Les chiffres définitifs communiqués ici et là, n'ont pas pour vocation d'être publiés dans la presse. Mais au moins, ces informations ont l'avantage d'apaiser les populations, de désamorcer les bombes, en attendant que la Cei ne se décide à parler. Parce que de part et d'autre, les partisans sont occupés à faire leurs propres calculs, à appeler ici et là, pour compléter leur tableau ou l'actualiser. Dans certains milieux, les résultats ainsi obtenus sont commentés en attendant d'autres. Si certains résultats rendent euphorique d'autres par contre mettent les partisans dans un état d'abattement. On est triste, on se lamente, on parle de trahison, d'efforts vains, de moyens engagés pour de piètres résultats. Mais aussi, on se console, espérant des compensations sur d’autres tableaux. Et si certains électeurs se fient à des pourcentages pour se tranquilliser, d'autres, les plus critiques, veulent savoir avant tout le chiffre que représente ce pourcentage pour lancer leurs analyses. Car celui qui a obtenu 80% de 20 000 votants, ne doit pas faire le boucan face à celui qui a 60% de 200 000 voix. On cherche à localiser donc les gros chiffres, le résultat des villes à fortes concentrations humaines. "Même s'il fraude dans telle zone, avec le surplus de voix obtenu dans telle autre zone, nous pouvons largement compenser", entend-on là où les gens sont regroupés pour parler des élections. S'il fallait attendre donc la Cei pour se faire une idée des résultats de la présidentielle, on rencontrerait plusieurs fous après cet événement. Parce que la pression est élevée, à la dimension de l’événement. Le téléphone joue donc un rôle important dans la circulation de l'information provisoire, de sorte que le choc du résultat final ne soit pas catastrophique.
Germain Séhoué
Germain Séhoué