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Politique Publié le mercredi 1 décembre 2010 | Le Nouveau Réveil

Ahoussou Jeannot (directeur national de campagne du candidat du Rhdp) : “On a protégé déjà notre victoire. Notre candidat a bel et bien gagné”

Il ne fait aucun doute que si les résultats du second tour de la présidentielle n'ont pas été proclamés à temps, c'est tout simplement parce qu'un candidat, Laurent Gbagbo désavoué par le peuple dans les urnes, refuse le verdict qui a sanctionné ces consultations électorales historiques. Dans cet entretien, Me Ahoussou Kouadio Jeannot, directeur national de campagne du Rhdp revient sur les conditions de cette victoire qui n'a pas été facile à arracher à Gbagbo.





Bonjour, M. le ministre. En tant que directeur national de campagne du candidat Alassane Ouattara, quel regard jetez-vous sur le scrutin du 28 novembre ?

Vous savez, on a été désigné le 04 novembre 2010. Grâce au concours des frères, des militants du Rhdp, nous avons pu mettre rapidement en place une équipe assez dynamique de la campagne. Ainsi toutes les grandes régions de Côte d'Ivoire, partout où les partis du Rhdp sont présents, ont pu s'organiser pour entrer dans la dynamique de la victoire. La dynamique de la victoire annoncée par le président Henri Konan Bédié qui, bien que battu au premier tour, a engagé tout le Rhdp à la victoire du candidat Alassane Ouattara par son appel historique. A partir de ce moment, la campagne a été organisée avec pour objectif, la victoire de notre candidat qui passait par le report massif des voix des candidats Henri Konan Bédié, Mabri Toikeusse et Anaky Kobena sur le candidat du Rhdp. Nous avons été rejoints dans cette dynamique de conquête par le frère Gnamien Konan qui a appelé aussi ses militants à nous rejoindre ainsi que le professeur Francis Wodié qui a appelé les militants du Pit à en faire autant. Voici les partis significatifs sur l'échiquier politique national. Quant au Pdci et le Rdr, cela fait déjà 2/3 des électeurs. Ajoutez à ceux-là l'Udpci, le Mfa, le Pit et l'Updci. Voyez ce que ça fait. Nous sommes des partis structurés et organisés.

C'est ainsi qu'après avoir mené cette campagne dynamique, nous avions regretté une seule chose : les violences, surtout les empêchements de vote dans les zones forestières. Les violences physiques, suivies de morts. Ils ont eu même à déchirer les mandats de représentation du candidat Alassane Ouattara dans des bureaux de vote. A Fresco, à Divo, les Forces de défense et de sécurité, disons plutôt certaines forces de défense et de sécurité, puisqu'il faut nuancer parce que parmi elles, certaines ont joué leur rôle républicain, d'autres non. Dans certaines zones, elles sont allées arracher des urnes et sortir leur pistolet. Dans la zone d'Issia, on nous signale que ce sont des policiers, des élèves policiers qui étaient des présidents de bureaux de vote. On a remplacé les présidents de bureaux de vote par des élèves policiers. Nous ne pouvons que regretter les morts parce qu'à l'occasion de chaque élection, la zone de l'Ouest connaît des violences, des morts. C'est comme si c'est la seule zone de Côte d'Ivoire d'autres Ivoiriens non originaires vivent. Alors que les ressortissants de cette région, les enfants de cette région sont ailleurs. Ils vivent à Bouaké, à Toumodi, à Yamoussoukro, à Abidjan. On ne les empêche pas de voter. C'est la seule zone de Côte d'Ivoire où on empêche les ressortissants d'autres régions de voter. Cette exclusion mentale, ce racisme, je peux appeler ça du racisme, parce qu'on a entendu des gens de cette région dire " mon Baoulé, mon Sénoufo en 2010, c'est fini cette époque ". C'est ce sentiment de supériorité qu'ils font régner à l'occasion des élections pour empêcher les autres qu'ils considèrent comme des sous Ivoiriens qui n'ont pas droit au vote d'exercer leur suffrage. Nous dénonçons cela, surtout que c'est la région natale du président de la République Laurent Gbagbo, cette région où toujours on empêche les Baoulé, les ressortissants du Nord vivant dans cette région de voter. C'est vraiment déplorable que le chef de l'Etat n'ait pas pu donner les instructions à ses parents de laisser le vote se dérouler calmement. Comme cela s'est passé au 1er tour. Mais jusqu'au 2nd tour, son intérêt majeur étant en jeu, des informations nous parviennent et nous affirmons même que des instructions ont été données à ces militants violents de Lmp de créer la chienlit dans cette région.



M. le ministre, au regard de ce que vous expliquez, est-ce que vous êtes inquiet par rapport au résultat ?

Je ne suis pas inquiet par rapport au résultat parce que je vous ai dit que le report des voix du Pdci-Rda, du Mfa, de l'Udpci et de l'Upci et du Pit a été massif. Prenez la région du Centre, ce qu'on appelle le "V" baoulé, le report des voix se situe autour de 70 à 75% et parfois plus. Dans certaines régions, les gens ont mieux voté pour Alassane que pour Bédié. J'ai les statistiques. Dans les régions comme Bocanda, Gbagbo a 3.000 voix, Alassane en a 25.000 voix.



M. le ministre, le porte-parole du candidat de Lmp dit que pour le report des voix au niveau des zones baoulé, le président Bédié n'a pas été suivi. Est-ce que vous confirmez cela ?

Je suis désolé. Affi N'guessan est peut-être aveuglé par le Fpi. Il ne comprend rien du tout à la politique. Il ne sait pas lire les signes. Comment, lui, président d'un parti, devient porte-parole d'Issa Malick qui était au Pdci et ce à l'arrière-ban ? Qu'il commence d'abord à se demander ce qu'il a fait depuis qu'il est à la tête du Fpi. Ce qu'il dit, ce sont des mensonges. Je pèse mes mots, je dis, c'est un menteur, c'est un fieffé menteur. Ils ont fait dans le mensonge. Depuis qu'ils ont créé le Fpi, ils ont fait dans la violence, dans la tricherie, dans la fraude. C'est ce qui explique l'élection calamiteuse en 2000, la gestion calamiteuse pendant dix (10) ans. Il faut qu'on le dise à Gbagbo pour que son départ soit moins calamiteux.



M. le ministre, les tendances donnent votre candidat favori, pour ne pas dire gagnant, mais il y a quand même un retard au niveau de la proclamation des résultats. Est-ce que cela est de nature à vous inquiéter ?

Je pense que la Cei a un délai de trois (03) jours. Elle est encore dans l'intervalle de ses trois (03) jours. Mais, en ce qui nous concerne, puisque chaque procès-verbal de bureau de vote est remis à tous les représentants des candidats, nous avons nos procès-verbaux, ils sont arrivés à pratiquement 90%. Nous pouvons dire que notre candidat a gagné. Il a gagné parce que les chiffres sont clairs. Les procès-verbaux sont établis en 4 ou 5 exemplaires. Une partie pour la Cei, une partie pour l'Onuci. Les représentants de chaque candidat en ont, le représentant du facilitateur en a un.

Nous avons fait le total de tout ce que nous avons comme voix. Nous disons que notre candidat a gagné à plus de 56%.



Est-ce qu'on ne peut pas aujourd'hui arracher votre victoire parce qu'il y a beaucoup de rumeurs qui circulent sur les intentions du camp présidentiel qui dit avoir gagné les élections ?

C'est normal, Affi N'guessan est en train de mentir encore à Gbagbo. Ils ont menti pendant dix (10) ans. Comme tous ceux qui l'ont entouré, ce sont de petits politiciens. Ce dont je peux vous assurer, c'est que Gbagbo ne peut pas gagner cette élection. Le président Henri Konan Bédié, président du Comité de campagne de Alassane Ouattara a donné le mot d'ordre. Les résultats du report des voix démontrent encore une fois qu'il a été suivi. Et même des militants du Fpi ont préféré voter pour Alassane Ouattara parce qu'ils sont des militants conscients, ceux-ci aiment la Côte d'Ivoire.



Il se trouve que les militants du RHDP et les Ivoiriens ont peur. A l'heure où je vous parle, il semble que le candidat Laurent Gbagbo a demandé à la RTI de le rejoindre à sa résidence et à appeler tous les militaires qui sont à l'intérieur du pays de rejoindre Abidjan. Est-ce que ce sont des informations tendant à vous inquiéter ?

Je vous ai dit que dans la nuit du dimanche à lundi, nous avons protégé notre vote. Si vous avez circulé à Abidjan vous avez dû vous rendre compte que tous les militants sont sortis pour protéger partout les bureaux de vote quand bien même que les militaires aient tenté d'arracher de force les urnes, ils se sont opposés énergiquement. C'est déjà le signe annonciateur de la victoire. Qu'on dise à Laurent Gbagbo de se tenir tranquille. Il est venu au pouvoir d'une manière calamiteuse, il a géré d'une manière calamiteuse, d'une manière désastreuse, les Ivoiriens ne veulent plus pleurer. Une chose est certaine, la Côte d'Ivoire doit revenir à "sa mère". "La mère" de la Côte d'Ivoire, c'est le Rhdp. Le bébé a pleuré pendant 10 ans. Aujourd'hui, c'est la fin des pleurs. Gbagbo a appelé les agents de la RTI pour qu'elle vienne chez lui. On ne peut pas compter sur la RTI parce qu'elle est caporalisée. Il en a fait ce qu'il veut. Mais comment pouvez-vous comprendre qu'un candidat à l'élection présidentielle, présente des affiches avec des personnes aux bras coupés, aux pieds coupés, bref. Tout ce qui est macabre. Il faut vraiment avoir l'esprit macabre, l'esprit machiavélique pour pouvoir présenter des affiches de ce genre, évoquer la douleur des victimes. L'homme est fait de telle sorte que quand une situation malheureuse lui arrive, Dieu l'aide à oublier cette situation malheureuse. Figurez-vous, vous pouvez perdre un parent d'une manière atroce, 10 ans après on ne doit pas vous évoquer encore la manière atroce dont votre parent est décédé. Ça c'est Laurent Gbagbo.



Si Laurent Gbagbo était tenté par le désir de mettre "out" la Cei, de dissoudre le gouvernement et de se maintenir au pouvoir quelle sera la réaction du Rhdp ?

Le peuple a voté. Le peuple a sanctionné Laurent Gbagbo dans les urnes. Si Gbagbo veut prendre le pouvoir par la force, ce même peuple va le sanctionner dans la rue.



Vous êtes donc déterminé à ne pas vous laisser voler votre victoire ?

Je vous l'ai dit. On a protégé déjà notre victoire. On est déterminé à ne pas se laisser voler par Laurent Gbagbo. Ce n'est pas possible. A moins qu'il installe une dictature. M. Choi (Représentant de l'Onuci) a déjà annoncé, tous les observateurs ont indiqué que le vote s'est déroulé dans l'ensemble de manière démocratique. Je ne vois pas où Affi N'Guessan va trouver des raisons pour dire que dans le Nord, il y a eu des violences… Il oublie toutes les violences subies à l'Ouest. Il y a eu plus de violences à l'ouest. A Guiglo, à Douékoué, à Issia, à Sinfra. A Sinfra il y a eu morts d'hommes, à Fresco, à Lakota, Zikisso. Etc…Il fait fi de ces violences-là. Quand la violence est dans sa zone, il ne fait pas cas de cela. Il trouve cela normal. Mais au Nord, on n'a pas appris qu'il y a eu des exactions ni morts d'homme. Si Gbagbo veut, on peut reprendre mille fois les élections au Nord il perdra mille fois. Plus on va continuer à voter moins il y aura des voix. Ça, c'est clair et net. Il y a un rejet systématique de Laurent Gbagbo. Qu'il comprenne cela !



Revenons sur les populations en zones forestières où le vote des Baoulé était capital. Par rapport à tout ce qu'ils ont subi comme exactions savez-vous un message particulier ?

Je ne peux que compatir et continuer de pleurer avec mes parents parce que depuis 2002 la guerre a emporté plein de nos frères et sœurs. Elle a délocalisé plein de nos parents. Plein de nos frères et sœurs sont morts de pauvreté et de misère. Leurs enfants sont abandonnés. Dans cette région du centre de la Côte d'Ivoire il y a plein de veuves et de veufs et d'orphelins. On ne peut que pleurer et compatir avec eux. Et, à l'occasion de ces élections, on les a tués encore. Nous disons non, non et non. Ce n'est pas parce que le Baoulé a donné Félix Houphouët-Boigny qui a bâti cette Côte d'Ivoire en sacrifiant, je peux le dire haut et fort l'intérêt des Baoulé. Le barrage de Kossou a pris les terres des Baoulé, l'électricité brille partout, il en est de même du barrage de Taabo. Tous les programmes de Bad Ouest que le président Bédié a initiés en investissant des milliards à l'Ouest, tous les programmes que le président Houphouët a initié dans le Nord. Les projets sucriers, les projets de soja, tous ces grands projets ont été financés par tous et surtout le café-cacao dont les Baoulé sont producteurs. Et pourtant c'est la région la moins électrifiée de Côte d'Ivoire. Le gros producteurs de café-cacao, sont les Baoulés. Qu'on les laisse tranquilles ! Ils ont le droit de choisir qui, ils veulent. A l'endroit de nos frères, qui ont voté massivement, qui ont écouté Bédié. Nous leur disons merci, merci d'avoir maintenu leur dignité. Merci d'avoir dit aux yeux et à la face du monde entier que le Baoulé est digne et non achetable. Gbagbo a déversé plusieurs milliards à Yamoussoukro. Tous les week-ends, il y était. Plus d'argent dans le pays baoulé qu'ailleurs. Mais le Baoulé a su rester digne. A l'occasion de sa dernière visite à Sakassou, Gbagbo a laissé des millions, des véhicules. Mais il n'a eu que 3000 voix quand son adversaire Alassane a eu 15.000 voix. Ça prouve que le Baoulé a le sens du discernement, il a le sens du jugement. Le Baoulé a ses convictions et préfère mourir pour celles-ci que de suivre moutonnement l'argent.



En guise de conclusion, pouvez-vous envoyez un message à l'endroit de vos militants et de tous ceux qui vous écoutent par rapport à cette journée ?

Je demande à tous nos militants de demeurer mobilisés et à l'écoute du mot d'ordre qui leur sera donné et, aussi au prix de leurs vies de ne pas se laisser voler leur victoire par Laurent Gbagbo qui déjà a perdu. C'est un mauvais perdant. Il a été mauvais perdant face à Guéï, mauvais gouvernant, très mauvais gouvernant. La Côte d'Ivoire n'a jamais sombré comme nous le connaissons. Les scandales des déchets toxiques, l'agonie de l'école, etc. Je ne vais pas vous énumérer cela. Vous savez mieux que moi. Haine par-ci haine par-là. Qu'il arrête de communiquer sa haine aux Ivoiriens parce qu'un chef doit communiquer l'amour comme le président Houphouët l'a fait. Un chef doit communiquer la paix, comme le président Bédié l'a fait. M. Alassane Ouattara incarne la paix, il est de cette école d'Houphouët-Boigny. Nous disons à nos militants de ne pas se laisser voler leur victoire.

Interview réalisée par Patrice Yao et Akwaba Saint Clair
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