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Politique Publié le mercredi 1 décembre 2010 | Le Patriote

Pour éviter la honte après la débâcle électorale Monsieur Gbagbo, sachez partir !

La Côte d’Ivoire a peur depuis quelques jours. Sa peur est proche de la terreur. Ses habitants sont tétanisés. L’angoisse les étreint et ils sont effrayés par des lendemains incertains. Le souvenir des tueries gratuites, des escadrons de la mort, de la chasse à l’homme, a brusquement resurgi. Leurs activités sont quasi gelées. La précarité dans laquelle vivent bon nombre d’entre eux, ceux que la terminologie marxiste – et donc socialiste – range dans la catégorie des prolétaires, en devient intenable. Ils font pitié, en un mot comme en mille. Les opérateurs économiques quant à eux redoutent à nouveau la banqueroute. La destination Côte d’Ivoire commence à se fermer pour ceux qui croyaient en un renouveau définitif de notre pays avec l’élection qui vient de s’achever.
Pourquoi donc tout cela ? Qui veut donc nous replonger dans ce cauchemar qu’on croyait derrière nous ? Qui ? Qui?
La réponse est connue et personne, ni les Ivoiriens ni la communauté internationale, n’est à présent dupe. C’est une personne et une seule. Et elle s’appelle Laurent Gbagbo. A cause de Gbagbo, notre pays court à nouveau le risque de se déflagrer. A cause de Gbagbo, la Côte d’Ivoire s’angoisse. Une seule personne a décidé de martyriser 20 millions de ses semblables. Est-ce acceptable ? Est-il Dieu ? Est-il le propriétaire de ce pays, de ses habitants ? Sans Gbagbo la Côte d’Ivoire disparaîtra-t-elle ? Sans Gbagbo les Ivoiriens marcheront-ils sur la tête ? Evidemment non ! Cette personne a gouverné le pays pendant dix ans. Quand ses compatriotes lui ont demandé son bilan pour qu’ils puissent voir dans quelle mesure ils pourraient lui renouveler leur confiance, il leur a brandi de la chimère. Pis, il leur a montré la misère, le sous-développement, l’échec et la violence scolaire, le chômage, les déchets toxiques, etc. Il n’a pas pu construire une seule école, ni université pour les élèves et étudiants. Il n’a pas pu améliorer la condition de vie des agriculteurs, ceux qu’on appelle « les braves paysans ». Il n’a pas pu construire une seule infrastructure, une seule usine, une seule unité industrielle susceptible d’apporter un quelconque bien-être à ses concitoyens. Il n’a rien fait. Ou plutôt si : il a enrichi de façon pour le moins insultante une coterie d’individus proches de lui et de ses intérêts politiciens.
Et voilà que les élections arrivent. Au lieu de reconnaître humblement qu’il a échoué et que pour cette fois, il s’engage à ne pas les trahir, c’est de l’arrogance que ses lieutenants servent aux populations. Et au lieu de leur brandir honnêtement leur programme de gouvernement, ils passent leur temps à insulter leurs adversaires, qui seraient des candidats de l’étranger, quand leur champion serait celui des Ivoiriens. Mais quel est donc ce président des Ivoiriens qui ne met pas un point d’honneur, dix ans durant, à se préoccuper des Ivoiriens, se contentant d’exalter en eux le sentiment d’être des Ivoiriens et d’en être fiers ? Comment vont-ils se nourrir, se vêtir, s’instruire, se soigner, si on ne leur offre que le sentiment patriotique ? C’est quoi un patriote qui a faim et qui n’a aucune chance de travailler ? C’est quoi un Ivoirien dont l’avenir est obstrué quand des médiocres se la coulent douce ? On pourrait répondre, si on veut être à la mode de cette campagne, « c(est maïs ! » Mais la situation actuelle, trop sérieuse, nous invite à plus de respect pour nos compatriotes. Disons-le donc tout net : Gbagbo s’est trop amusé avec les Ivoiriens, avec leur vie, leur condition d’existence. Il a trop joué avec la fonction présidentielle. Un président, ce n’est pas ça ! C’est beaucoup plus important que ce que ce bon monsieur nous a fait vivre pendant ces dix ans. Un président, c’est un corps unifié avec son peuple, qui ne vit que pour ce peuple, qui lui évite autant que faire se peut, de pleurer, de souffrir le martyre. Or Gbagbo n’a pas réussi cela. Il a échoué sur toute la, ligne.
Eh bien, quand on a échoué, à quoi s’attend-on ? A quoi Gbagbo s’attendait-il donc ? Que les Ivoiriens lui confient à nouveau leur destin ? Sont-ils si suicidaires que ça ?
Voici la raison pour laquelle il n’a pas gagné cette élection. Les Ivoiriens ont préféré quelqu’un de plus pragmatique, de plus sérieux, de plus soucieux du devenir de ses concitoyens, mais surtout de plus compétent. Voici ce qui justifie leur choix pour Alassane Ouattara. Ce n’est rien d’autre. Les Ivoiriens veulent des solutions à leurs problèmes existentiels. C’est tout.
Maintenant, le plus important, c’est que Laurent Gbagbo le comprenne sous cet angle. Il est censé être un démocrate. En tout cas, depuis plus de trente ans, c’est ce qu’il fait savoir de lui aux Ivoiriens. En démocratie, c’est le peuple qui décide. C’est comme ça que ce peuple était censé avoir décidé en 2000, quand il lui a confié les rênes du pouvoir. Il avait estimé, ce peuple, que Gbagbo avait gagné le pouvoir contre le Général Robert Guéi. Il n’a donc pas voulu lui en priver. Laurent Gbagbo est un historien et « un enfant des élections », il sait très bien que rien ne peut contre la volonté du peuple.
Or, c’est ce même peuple qui a choisi aujourd’hui Alassane Ouattara. Il faut qu’il se plie. Il en sortira grandi. Tous les artifices auxquels on assiste en ce moment, venant notamment de son porte-parole, ne le grandissent pas. Déjà, les Ivoiriens ne comprenaient pas pourquoi, depuis cinq ans, ce « démocrate » refusait obstinément de se soumettre à la volonté populaire. Maintenant, que Gbagbo n’achève pas de les conforter dans l’idée qu’il n’est démocrate que de nom. Il faut qu’il accepte sa défaite. Les Ivoiriens ne vont pas encore mourir comme des mouches par la faute d’un seul individu. Les exemples sont légion en Afrique de dirigeants qui ont accepté de se soumettre à la volonté de leur peuple. Il faut que Gbagbo les imite. Qu’il sache partir.

KORE EMMANUEL
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