‘‘L’argent n’aime pas le bruit’’, a-t-on coutume de dire. Et ce ne sont pas les opérateurs économiques qui battront en brèche cette assertion. En effet, depuis l’instauration du couvre-feu par décret, le samedi dernier, les activités économiques tournent au ralenti. Commerces fermés, sociétés industrielles ne tournant pas à plein régime, absentéisme prononcé des employés, dû en partie au manque de transport, etc. De nombreux opérateurs économiques, sous le couvert de l’anonymat, ont déploré l’instauration du couvre-feu qui plombe les activités des entreprises industrielles. Pour K.F., chef d’entreprise à Yopougon, ‘‘ le couvre-feu n’est pas fait pour arranger les entreprises, car il perturbe les horaires de travail et altère la cadence de certaines programmations’’. Selon d’autres interlocuteurs, cette situation oblige les entreprises industrielles à aménager leur temps de travail. Le travail se faisant à moitié ou seulement pendant les deux tiers du temps. Les industriels qui avaient pour habitude de travailler 24h/24 sont donc obligés de revoir la cadence de production. En zone industrielle de Vridi, la plupart des entreprises ont aménagé leurs horaires de travail aussi. Ceux-ci courent de 08h à 15h à cause du couvre-feu. Mais lorsque des rumeurs d’attaques ou de tueries se font persistantes, ces entreprises ferment à 12h. Hier, par contre, beaucoup parmi elles, de peur de se retrouver entre deux feux après la proclamation des résultats, ont enjoint leurs employés de rester à la maison. Toute chose qui occasionne un manque à gagner énorme pour ces entreprises industrielles. L’on parle de plusieurs milliards de francs CFA de perte pour ces entreprises. Et c’est l’Etat qui l’apprendra à ces dépens. Cependant, comme le dit cet autre opérateur économique de la zone industrielle de Koumassi, outre l’aspect financier, il y a aussi le volet psychologique. «Ce n’est plus la sérénité chez les employés. Le manque de concentration prévaut désormais et chacun en travaillant pense à son retour à la maison au point de bâcler le travail à la chaîne qui s’exécutait bien auparavant. En plus le travailleur se demande constamment s’il aura un véhicule de transport en rentrant ou bien, même s’il l’a, il craint que le chauffeur ne roule à tombeau ouvert avec tous les risques que cela comporte », indique notre opérateur économique. Qui, la mort dans l’âme, essaie de comprendre les employés qui viennent au service selon leurs possibilités. Cette psychose n’est en tout cas pas un adjuvant au développement des entreprises. Les opérateurs économiques, tout en s’insurgeant contre ce couvre-feu et ses conséquences, souhaitent rapidement la normalisation de la situation pour que les questions de développement soient au cœur des préoccupations de la Côte d’Ivoire. Surtout que depuis dix années, les entreprises broient du noir. La Fédération nationale des industries et services de Côte d’Ivoire (Fnisci) et la Confédération générale des entreprises de Côte d’Ivoire (Cgeci) n’ont pas fait officiellement de commentaire face à cette situation.
Jean Eric ADINGRA
Jean Eric ADINGRA