La mission de l’ONU en Côte d’Ivoire (ONUCI) vient de poser un acte qui va, plus que jamais, concourir à la discréditer dans son rôle déjà controversé dans notre pays. En effet, dans sa «note d’information» n°1024 du 30 novembre 2010, l’ONUCI travestit des propos confiés à une de ses missions dans le centre-ouest du pays. M. Nianson Konian, préfet du département de Sinfra, ne décolère pas depuis hier. Dans un communiqué pondu le 30 novembre 2010 à Daloa, le préfet accuse l’ONUCI de s’être autorisée à tronquer de façon inacceptable les propos qu’il a eu à confier à une très haute délégation de la mission onusienne à Sinfra. Selon ce communiqué, le préfet de Sinfra aurait soutenu qu’il n’y a jamais eu de mort dans sa localité, malgré «des affrontements» entre partisans du président Gbagbo et ceux de l’opposition. «Je m’inscris en faux contre cette malhonnête manière de faire des missionnaires de l’ONUCI», nous a confié, visiblement énervé, le préfet Konian que nous avons joint par téléphone. Après avoir raccroché, le «gouverneur» de Sinfra nous a rappelé cinq minutes plus tard pour nous certifier qu’il a pu joindre M. Hamadoun Touré, Porte-parole de l’ONUCI, auprès de qui, dit-il, il a élevé une vive protestation en réclamant «la restitution immédiate et exacte» des propos qu’il aurait confiés à la mission de l’ONUCI qu’il a effectivement reçue le 30 novembre. Joint à son tour par téléphone, M. Hamadoun Touré nous a certifié qu’il a été effectivement appelé par le préfet en colère et qu’il était en train de vérifier les bandes sonores des échanges que la mission de l’ONUCI a eus avec M. Konian afin de donner la suite idoine aux plaintes du préfet. Quelques heures plus tard, M. Touré nous confirmait avoir vérifié lesdites bandes sonores et les propos du préfet. Où se trouve la vérité ? Suite aux attaques barbares des militants de l’opposition contre ceux de La Majorité présidentielle, l’ONUCI s’est donné la noble tâche d’envoyer des missions d’information sur le terrain, notamment dans le centre-ouest de la Côte d’Ivoire. Cette délégation-ci, précise la note d’information n°1024 pondue le 30 novembre 2010 par l’ONUCI depuis Daloa, était dirigée par le Représentant spécial adjoint du Secrétaire général des Nations Unies pour la Côte d’Ivoire et coordonateur humanitaire, Ndolamb Ngokwey. Le représentant spécial adjoint était accompagné de l’Adjoint au Comandant de la Force de l’ONUCI, le général Freeman Kusi, du Représentant du Haut Commissaire aux Réfugiés (HCR), Jacques Franklin, du responsable du bureau de l’ONUCI pour le secteur Ouest et d'un officier des droits de l'Homme. Selon son communiqué intitulé, la mission a visité les localités de Soubré, Sinfra et Divo, pour se rendre compte par elle-même «des incidents entre partisans des candidats opposés lors du scrutin présidentiel». A Soubré, c’est le Préfet, M. Gombagui Gueu Georges, qui a reçu la délégation en compagnie du Secrétaire général de la préfecture et du maire de la ville. Et le communiqué de préciser : «A Sinfra, la délégation s’est rendue en compagnie du bataillon du bengladesh dans une localité où, selon des informations reçues par la mission, des affrontements avaient eu lieu. Elle s’est ensuite rendue à la résidence du Préfet, Nianson Konian, afin d’échanger avec lui. «Il est vrai qu’il y a eu des affrontements mais il n’y pas eu de mort», a confirmé le préfet à la délégation. Mensonge ! A Sinfra, les attaques des militants du RHDP contre les partisans de la majorité présidentielle et les populations gouro ont fait, à ce jour, sept (7) morts (voire la liste des morts en encadré), au moins 70 blessés et des maisons incendiées (Notre Voie du mercredi 1er décembre, page 9). Le préfet Konian affirme avoir dressé ce bilan pour les missionnaires de l’ONU. « Quelle raison pousserait-elle l’ONUCI à camoufler une aussi triste et sanglante réalité ? Les populations ne cessent de nous dire que ces gens de l’ONUCI sont en mission de destruction de la Côte d’Ivoire. Je vois maintenant qu’elles n’ont pas tout à fait tort », nous a dit le préfet Nianson Konian. En promettant de rappeler M. Hamadoun Touré pour réclamer les bandes sonores en question, avant de nous rappeler pour dire que M. Touré a promis finalement de rectifier ses propos. De toute évidence, à cette allure, l’ONUCI risque de se mettre en difficulté dans le conflit ivoirien. Cette bagarre de déclarations avec le préfet de Sinfra rappelle les errements de son patron Young J. Choi, qui n’a pas vu les sauvageries dans les régions sous contrôle de la rébellion le jour du 2nd tour du scrutin présidentiel. On comprend les raisons qui l’ont poussé à affirmer que le scrutin a été «globalement démocratique»n César Etou cesaretou2002@yahoo.fr
Politique Publié le jeudi 2 décembre 2010 | Notre Voie
