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Politique Publié le jeudi 2 décembre 2010 | Le Temps

Le cadre des émissaires pour la promotion des élections crédibles en Afrique (Cepeca) -2nd de la présidentielle/ Eugène Djué (Membre du haut conseil politique-Lmp) - «Les élections ont été anti-démocratiques à Bouaké»

Le vote s’est déroulé sous tension et dans une atmosphère de peur généralisée. En effet, toute la semaine de la campagne électorale du 2nd tour a été marquée par des pressions énormes sur les responsables, sympathisants Lmp et leurs présumés électeurs. L’opération était conduite par des éléments en treillis communément appelés ‘’bérets verts ‘’ qui ont pris d’assauts les villages et hameaux de Bouaké et environnant. Leur message aux populations : «Si vous votez Gbagbo, vous êtes morts, nous viendrons vous tuer tous ici et personne ne dira mot. Alassane est notre chef, tant qu’il n’est pas Président nous ne déposerons jamais les armes’’.
Cette ambiance lourde a poussé les acteurs de Lmp à se retirer ou presque du terrain. Ainsi on a pu observer à Bouaké ville que seul le Rdr a fait campagne avec plusieurs meetings, caravanes, auto-motos et plusieurs autres manifestations. Les dirigeants Lmp et leurs militants, menacés se sont contentés de quelques rencontres en lieux clos et des opérations de porte à porte.
Les hostilités commencent véritablement le samedi 27 novembre 2010 la veille du scrutin avec l’attaque ciblées de plusieurs Qg de campagne de la Lmp, les Qg de Ndjebonouan du Ddc Kouamé Fréderic, d’Ahougnansou de la Ddc Amos Adjoua Suzanne et surtout celui de Koko Bamoro du Ddc Kouassi Ferdinand alias Watcha Kédjebo où prétextant qu’ils ont été informés de la présence d’armes à feu, les Bérets verts sont allés procéder à l’arrestation de tout le personnel non sans avoir mis à sac les locaux. Le bilan de l’opération : 6 motos, des meubles, des ordinateurs et des vivres emportés. Le personnel sera libéré tard dans la nuit sur intervention du Cci et après l’intervention du Premier ministre Guillaume Soro.
Le jour du vote face à cette situation et craignant des dérapages graves j’ai fait de la sécurisation du jour du scrutin un point d’honneur. Je me suis adressé au Pm pour lui signifier nos préoccupations et demander que des mesures soient prises. Des équipes mixtes composées des éléments du contingent venu d’Abidjan et des éléments du Cci déployés sur le terrain étaient avérés insuffisants. Seuls étaient visibles les éléments Fafn.
La journée débute normalement à partir de 7 heures avec les responsables Lmp en place. Curieusement, aux environs de 10 heures, une chasse à l’homme s’engage dans les lieux de vote. C’est d’abord par des insultes et des menaces verbales que commence l’opération.
Ensuite, des agressions physiques. Plusieurs jeunes munis de gourdins d’armes blanches et de pierres s’entassent devant les lieux de vote. Ils s’attaquent à tout individu reconnu ou suspecté d’être membre de la Lmp vocifèrent des insultes à l’endroit du candidat Lmp. Pis les soldats Fafn en arme s’en prennent systématiquement à tous les représentants du candidat Lmp. Ils interpellent les jeunes et les conduisent à leur camp sous prétexte d’aller les interroger. Les représentants sont entendus parfois sur Pv avant d’être relâchés. Pendant ce temps les bureaux de vote restent sans présence de représentants Lmp. Certains sont restés ainsi détenus pendant plusieurs heures. D’autres chassés des bureaux de vote manu militari. Ainsi aucun de nos représentants n’a pu assister au dépouillement des bulletins de vote encore moins signer les Pv.
Ces faits concernent plusieurs bureaux de vote dans les communes de Bouaké notamment Belle-ville, et Koko Bamoro, ce fut le cas à Dar-es-salam et Epp camp militaire, Csg protestant (5 Bv) Epp Paris Bouaké (5 Bv), Belle-ville nord (5 Bv), Collège moderne (5 Bv) école annexe (4 Bv), le foyer de jeunes Koko ,école Aboliba I&II (plus de 15 Bv) pour ne citer que ceux-là.
Informé de ces dysfonctionnements graves, j’ai dû me rendre dans ces différentes localités pour vérifier les faits qui étaient une réalité, à l’occasion de cette tournée. J’ai été moi-même violemment pris à partie avec des injures, des jets de pierres à l’école Aboliba où plusieurs militants Rhdp étaient rassemblés sur la voie publique à l’extérieur des bureaux de vote, armés d’objets de toutes natures prêts à s’attaquer à tout passant.
S’il n’ya pas eu d’affrontements graves ni de morts à l’image d’autres régions de la Côte d’Ivoire, c’est par la seule sagesse de Lmp qui a préféré la discrétion voire la clandestinité au face-à-face brutal, aussi bien lors de la campagne électorale que le jour du scrutin.
Il faut noter que je n’ai pu voir d’observateur ni national ni international. Je me suis rendu ensuite chez le préfet qui avait été déjà informé de ces incidents et qui selon ses déclarations s’était lui-même déjà rendu sur les lieux pour les constater. C’est bien le préfet de région M. Konin Aka aidé en cela par le Cci qui a tiré notre superviseur Hilarion, mis dans un sac et frappé pendant longtemps par les Fafn, des griffes de ses bourreaux.
Parmi les nombreuses victimes de la barbarie du Rhdp et des militaires Forces nouvelles il faut signaler les cas spécifiques du Dlc Aka Léon, des superviseurs Sinan, Hilarion, Emile Konan et plusieurs autres responsables Lmp qui ont été battus, ligotés par les bérets verts et exfiltrés par le Cci qui se trouvent maintenant à Brobo, Mbahiakro, Yamoussoukro ou Abidjan. Pour ceux restés sur place dans les villages, à Bouaké et environnant la chasse à l’homme continue. Il nous a été signalé l’arrestation de plusieurs d’entre eux détenus présentement au Pco des Fafn avec la promesse du pire pour eux en cas de victoire de Lmp.

Conclusion
L’élection présidentielle à Bouaké a été émaillée de beaucoup d’actes anti-démocratiques. Elles n’ont pas été libres car les électeurs avaient à choisir selon les soldats Fafn leur vie en votant Allassane Ouattara ou leur mort en votant Laurent Gbagbo. C’est tout naturellement que plusieurs d’entre eux ont choisi leur vie. Quant aux abstentions, elles s’expliquent par les troubles et la psychose créés par ces menaces.
Ces élections n’ont pas pu être non plus justes car les électeurs et les acteurs Lmp n’ont pas été traités de la même manière que leurs homologues du Rhdp. Les premiers ont étés empêchés par tous moins tandis que les derniers encouragés et encadrés donnaient ou recevaient les consignes de vote.
Il est à noter qu’en début d’après- midi, devant le manque d’engouement des électeurs, les bérets verts ont investi les quartiers et villages environnants de Bouaké pour contraindre les électeurs à aller, voter faute de quoi selon eux, ils reviendront les brûler vif.
Ces élections n’ont pas pu être transparentes vu l’absence de nos représentants dans les bureaux de vote. Et nous doutons très fort du taux de participation annoncé qui semble trop élevé par rapport au constat sur le terrain des foules clairsemées. Nous avons également reçu des témoignages et informations de personnes affirmant avoir voté plusieurs fois en plusieurs endroits différents.
En notre sens, ceux qui ont voté ont choisi de préserver leur vie. Ils nous ont souvent dit lors de la campagne électorale les voix pleines d’inquiétudes : «et si nous vous votons est-ce que vous pourrez assurer notre sécurité après les résultats. Vous allez nous laisser partir exposer à ces gens avec leurs fusils nous avons assez souffert déjà’’. Ceux qui n’ont pas voté, eux ont décidé de ne pas trahir leur conscience. Ils ont choisi l’abstention pour exprimer la confusion et les troubles qui les habitent devant toutes ces violences gratuites.
Il est apparu clairement après ce vote que les armes ont joué un rôle prépondérant au détriment de Lmp. Nous comprenons maintenant que certains avaient souhaité les élections avant le désarmement dans le secret espoir de pouvoir utiliser les armes comme un atout dans la victoire du candidat du Rdr.
En tout cas, ce qui est malheureusement ressorti de plusieurs déclarations soit directement adressées à nous soit faites en l’air et provenant de plusieurs éléments en arme rencontrés ce jour aux alentours des bureaux de vote.
Même les observateurs surtout internationaux ont été très discrets pour ne pas dire absents sur le terrain, de peur certainement eux-mêmes, de subir la rage des soldats Fafn particulièrement excités ce jour.
Le Cci a sauvé plusieurs vies par sa force diplomatique. Les éléments sont eux-mêmes exposés et à la mercie des extrémistes du Rhdp et des bérets verts.
Il est à noter qu’à la veille du scrutin soit le vendredi 26 novembre 2010 trois (3 ) cars transportant des représentants de bureaux de vote du candidat Lmp en provenance d’Abidjan dont deux avaient pour destination Korhogo et 1 pour Dabakala ont été bloqués à Bouaké malgré nos explications, ces passagers qualifiés d’infiltrés de Gbagbo ont été jugés indésirables et priés de regagner Abidjan sur les menaces d’éléments surexcités des Fafn. Le Cci a dû les escorter pour les conduire hors de N’Djébonouan.
Aujourd’hui, mardi 30 novembre 2010 (Ndlr) nos différents responsables connus sont pourchassés, menacés et arrêtés. Plusieurs d’entre eux conduits au Pco sont détenus dans des conditions humiliantes et inhumaines. Plusieurs personnes qui ont eu l’audace de nous recevoir chez elles pendant la période de campagne électorale sont pourchassées et arrêtées.
La chasse à l’homme continue à Bouaké et dans les villages environnants. Il y a une menace réelle et grave qui pèse sur l’ensemble des militants, sympathisants et responsables de Lmp.

Fait à Abidjan le 30 novembre 2010
Eugène Kouadio Djué,
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