Le QG de campagne du Rassemblement des Républicains(RDR) sis à Wassakara dans la commune de Yopougon ressemblait hier à un véritable champ de guerre. Des vêtements en lambeaux baignant dans une marre de sang, des visages graves encore sous le choc... Et pour cause! Quatre ou huit personnes (selon différentes sources) y ont trouvé la mort, littéralement mitraillées avec des armes automatiques par des individus, dit-on, portant des treillis. On dénombre 14 blessés et des personnes portées disparues. Selon Diomandé Youssouf, directeur du QG, la fusillade s`est déroulée aux environs de 22 heures, alors que les partisans du candidat Alassane Ouattara étaient à l`intérieur du bâtiment, dans l`attente des résultats du second tour de l`élection présidentielle. « Nous avons vu des personnes escalader la clôture et qui se sont mises à tirer sur nous. Certains sont morts, d`autres ont été blessés par balles », témoigne M. Diomandé. « Au total, il y a eu quatre personnes tuées, mais des policiers ont emporté les corps des victimes on ne sait où », ajoute-t-il, très affecté. Nous avons fait un tour au Chu de Cocody, où les blessés ont été évacués par les services des sapeurs-pompiers militaires. Là, la désolation est totale. Les parents des victimes ainsi que des responsables du parti de Dr Alassane Ouattara sont au chevet des miraculés. Les médecins sont à pied d`œuvre pour traiter les blessés. Haïdara Ibrahim a vu sa jambe gauche fracturée après avoir été transpercée par une balle; quant à Traoré Amidou, deux balles sont logées dans ses deux jambes. « Ils m`ont roué de coups à la tête avec la crosse de leurs armes », témoigne-t-il, nous montrant son crâne ouvert. De source médicale, les blessés sont arrivés aux environs de 2 heures. « Il y a une dizaines de blessés par balles, le reste porte des traumatismes divers », explique un médecin, qui a préféré garder l`anonymat. Ouattara Drissa, président des jeunes de la commune de Yopougon pour le compte du RDR indique que sur les 51 personnes qui se trouvaient au siège du RDR cette nuit-là, huit sont mortes, 14 personnes ont été blessées, et le reste porté disparu. « Nous sommes à leur recherche », fait-il savoir, entre deux coups de fil. Ces faits interviennent trois jours après la tenue du second tour de l`élection présidentielle. La Commission électorale indépendante(CEI) n`a pu rendre public les résultats, faute de consensus entre les différents commissaires. Le délai légal de publication des résultats a donc expiré le mercredi 1er decembre 2010. Entre temps, la tension monte dans le pays. Le couvre-feu instauré le dimanche dernier jour du scrutin et qui devrait prendre fin ce mercredi a été prorogé au dimanche 5 novembre 2010.
Bertrand GUEU
Bertrand GUEU