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Politique Publié le vendredi 3 décembre 2010 | Le Patriote

Point de vue - Aux politiciens : “Arrêtez de maintenir les ivoiriens prisonniers de vos calculs politiques”

Cela fait trois jours révolus que les ivoiriens, ceux que les deux candidats disent aimer, retiennent leur souffle, l’oreille tendue du côté de la CEI, ralentissant ainsi toutes les activités économiques.
Alors que le candidat Alassane Ouattara demande la proclamation impérative des résultats des urnes, son adversaire, Laurent Gbagbo, président sortant, l’accuse de fraude massive dans les bastions du nord. C’est une grande première. Un président sortant accusant son opposant de fraude massive pour son élection. Et ce, malgré toutes les dispositions sécuritaires prises par la communauté internationale, et récemment, par l’envoie de plus d’un millier de soldats gouvernementaux dans le nord (ce qui n’était pas pendant le premier tour).
L’on nous a montré des images de personnes ayant subies des exactions, des autorités avec un doigt entaillé comme avec un coupe-ongle ordinaire, etc., malgré la présence de ces soldats loyalistes supplémentaires.
La Côte d’Ivoire n’a pas qu’un nord. Ne lui faisons pas perdre le nord ; restons lucide. Dans ma région, celle de la Marahoué, particulièrement à Sinfra, mon village de Koblata a été saccagé, plusieurs résidences brûlées, alors que le RHDP sort vainqueur de ces élections dans le lieu de vote (trois bureaux de vote) du village. En effet, sur 944 suffrages exprimés et 16 bulletins nuls, nous avons 585 voix soit 61,97 %pour Alassane Ouattara contre 359, soit 38,03 % pour Laurent Gbagbo. A l‘heure actuelle, mes parents vivent à la belle étoile, sous la pluie parfois, dans les centres d’hébergement dont le commissariat de la ville de Sinfra. C’est l’occasion pour moi de remercier et féliciter les autorités de la ville, notamment le Préfet et le Commissaire de Police, pour leur sens d’humanisme. La télévision nationale, la presse gouvernementale en général, n’en fait pas cas, n’en montre pas les images. L’on me rapporte que dans plusieurs villages de Sinfra, dont le village de Manoufla-Nannan, les militants et sympathisants RHDP supposés ou connus comme tels, ont été dissuadés d’exercer leur droit de vote. Ce cas est-il moins important pour les calculs politiciens ?
Toutes les tensions que nous vivons aujourd’hui sont nées de la mise en cause de la nationalité ivoirienne du candidat Alassane Ouattara. Nous nous souvenons encore l’acte du juge Epiphane ZORO, signant le certificat de nationalité de monsieur Alassane Ouattara en 1999, au vu des pièces légalement fournies par ce demandeur (extrait d’acte de naissance signé la veille par le Sous-Préfet de Dimbokro, plus la photocopie de la carte nationalité d’identité d’un des parents - le père - du demandeur). Pièces courantes que tout demandeur fournit habituellement. Convoqué en conseil de discipline, c’était là l’occasion de prouver à ce juge, la vérité sur ce qui est dit de la nationalité du demandeur. Rien n’a été fait à ce propos. Bien au contraire, les Ivoiriens se souviennent encore qu’une des autorités de mon pays, spécialisée dans la transhumance politique, a commis un certain Dimitri au Burkina Faso en vue d’obtenir un certificat frauduleux de nationalité de ce pays, pour Alassane Ouattara, à coup de tentative de corruption. Les hommes intègres ont immédiatement mis fin au parcours de Dimitri au Burkina Faso.
Aujourd’hui, des fichiers électroniques circulent dans les boîtes e-mail et sur différents sites sociaux, présentant Henriette Diabaté et Alassane Ouattara en compagnie de leur garde du corps et ces derniers, dans les rangs de la rébellion. Pour les auteurs de ces fichiers et des porte-voix des autorités sortantes, cela est suffisant pour faire des autorités du RDR les responsables de la rébellion.
A mon ami Yeboun François qui m’a envoyé ces images, je dis ce qui suit. Ces gardes du corps, des adultes, travaillaient au compte de l’Etat ivoirien, payés par l’Etat, comme n’importe quel fonctionnaire, n’importe quel enseignant, médecin, etc. C’est simplement ainsi que le proviseur du Lycée où enseigne mon ami François ne sera pas automatiquement coupable de tout acte que François, majeur, poserait en toute responsabilité.
Yeboun François et moi avons des photos ensemble depuis plus de vingt ans. Nos avis politiques ne sont pas forcément les mêmes. Nos photos ensemble, ne sont évidemment pas des preuves de la complicité de l’un avec l’autre pour tout acte que l’un d’entre nous poserait en toute responsabilité, en homme majeur. Passons.
Comme promis donc, les ivoiriens attendaient ce jour du 25 novembre, les fameuses preuves contre Alassane Ouattara pour sa supposée responsabilité en ce qui concerne le coup d’Etat de 1999, les différentes tentatives de coups d’Etat de 2000 et 2001, et la rébellion de 2002. Nous avons tous suivi le débat, point de preuves. N’étaient-ce que des manipulations de l’opinion publique ? En tout cas, cela aura pris, vu l’intensité des violences conséquentes que nous observons ci et là. Qui est donc responsable de ces conséquences déplorables ? Mon ami François me disait aussi ceci, avant le premier tour des présidentielles et après les 90 minutes du dernier candidat (dernier dans le sens de la programmation) : " De tous les candidats que j’ai écoutés, c’est le programme de celui du RDR qui est le plus cohérent et convainquant… Même l’un des candidats les plus attendus, le mien, n’a fait que tirer dans tous les sens, sans véritablement répondre aux questions cruciales, évoquant les problèmes de la Côte d’Ivoire des années 70. Ceci dit, pour les questions de coups d’Etat et de rébellion collés à Alassane, je voterai pour Gbagbo.". Fin de citation. On voit bien les bénéfices d’une accusation sans preuve. Et avant le deuxième tour, les ivoiriens, dans leur ensemble, ont eu l’occasion de constater l’absence de preuve. Ce qui augure du probable plébiscite de Alassane Ouattara dans les urnes.
Pour terminer, je me suis posé la question de savoir ce que signifierait la refondation. J’ai regardé autour de moi et observé le passé récent et me suis dit : La refondation veut-elle dire " Laisser dégrader vertigineusement l’existant et investir de gros montants dans le moins urgent, le moins vital (Monuments coûteux aux carrefours – on s’en orgueillit lors des campagnes, Hôtel des députés, palais présidentiel de Yamoussoukro, campagnes présidentielles à coup de multiples milliards, etc.) ", alors que les hôpitaux et nos routes sont dans l’agonie. Que dire de nos écoles qui sont à la limite de la pourriture, aux sens figuré comme propre. Rendez quelques visites au Lycée scientifique de Yamoussoukro et les Ecoles de prestiges regroupés au sein de la désormais INPHB (ENSTP, INSET et ENSA), pour ne citer que ceux-là… C’est scandaleux et choquant de voir dans quel état de délabrement baignent ces institutions qui ont formé des élites de ce pays alors que l’Etat de Côte d’Ivoire investit plus du milliard de nos francs dans la réhabilitation du Lycée Français Blaise Pascal, au détriment du Lycée scientifique ivoirien de Yamoussoukro… Est-ce cela œuvrer pour l’avenir de ce pays, œuvrer pour la jeunesse ? C’est certainement la guerre et la rébellion qui justifient tout cela, la guerre et la rébellion nous voilent les priorités, me dira-ton.
N’oublions pas que le Sénégal fait aussi face à une rébellion dans la Casamance depuis des décennies. Les différents dirigeants de ce pays n’ont jamais justifié leurs éventuels échecs par cette rébellion.
Senghor disait ceci : " L’émotion est nègre, la raison est hellène ". IVOIRIEN, on m’a dit que tu n’Y VOIS RIEN. De toutes ces déclarations sans preuves, tu continues de ne rien y voir. Je ne le crois pas. La Côte d’Ivoire a 50 ans, l’âge de la raison par excellence. Faisons mentir Senghor, je dirais mieux, rassurons Senghor en faisant prévaloir la raison, l’objectivité dans nos décisions et actions. IVOIRIENS, laissez proclamer les résultats de ces élections présidentielles ivoiriennes.
Pour une Côte d’Ivoire plus unie, prospère et hospitalière.
Dr Elogne ZORO
PS : Sur le point de conclure cet article, il m’a été rapporté du village que le Préfet, solidaire des villageois dans le sinistre, leur a offert 14 sacs de riz et divers vivres. Je lui renouvelle toute ma gratitude pour mes parents, les villageois. Mais les caciques, qui veulent aller plus loin dans leur logique, accuse l’opposition, et particulièrement mon père, le père du juge ZORO d’être responsable de leur malheur. Comment une haine contre le juge ZORO pour son acte de courage (Acte pour lequel Laurent Gbagbo lui-même l’a félicité lors d’un meeting au stade Robert Champroux de Marcory, en 1999) peut-il perdurer plus d’une dizaine d’années au point de menacer monsieur Bertin ZORO et sa proche famille de mort dans son propre village, village où le RHDP a remporté les élections présidentielles du second tour à 61,97% des voix. L’argument évoqué est que sa maison n’a pas été détruite par les flammes. Alors que cette maison est contigüe à celle (restée aussi intacte) de mon oncle Marcel ZAZAN qui reste un inconditionnel du FPI. Avoir sa maison intacte est-elle synonyme de complicité avec ces hommes aux desseins obscurs qui ont saccagé mon village ? Si tel est le cas, Bertin ZORO et Marcel Zazan (pour ne citer que ces deux-là), tous deux d’opinions politiques opposées, sont-ils complices des incendiaires?
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