Le 2 décembre 2010, dans la soirée, Félix Nanihio, secrétaire général du Conseil national de la communication audiovisuelle (CNCA) a lu, sur les antennes de la Radio-Télévision Ivoirienne (RTI), un communiqué signé du président de l'organe de régulation de l'audiovisuel, Franck Anderson Kouassi.
Invoquant la nécessité "de maintenir la paix sociale fortement ébranlée", le texte ordonne "la suspension sans délai de tous les signaux des chaînes de radio et de télévision étrangères d'information, contenues dans le bouquet de Canal + Horizon". Reporters sans frontières est surprise par cette décision brutale qui limite l'accès des Ivoiriens à l'information alors que l'actualité de leur pays est brûlante. Nous doutons fort que la suspension pure et simple de médias étrangers soit la réponse appropriée aux problèmes de paix sociale auxquels fait actuellement face la Côte d'Ivoire. En cette période d'incertitude, les médias devraient pouvoir travailler sans entrave pour rendre compte du désaccord entre la Commission électorale indépendante et le Conseil constitutionnel.
Reporters sans frontières avait salué les énormes efforts effectués par la presse ivoirienne et les organes de régulation des médias pour assurer une couverture professionnelle et équilibrée de la campagne présidentielle. C'est pourquoi nous regrettons que la tension entourant la proclamation des résultats conduise le CNCA à revenir à de vieux réflexes limitant la liberté d'expression et l'accès à l'information. L'annonce par la Commission électorale indépendante, contredite ensuite par le Conseil constitutionnel, des résultats provisoires de l'élection présidentielle donnant l'opposant Alassane Ouattara vainqueur face au chef de l'Etat Laurent Gbagbo, avait été rapidement relayée sur les télévisions étrangères visibles en Côte d'Ivoire. Selon les informations recueillies par Reporters sans frontières, toutes les chaînes d'information étrangères et panafricaines, telles que TF1, France 24, Africa 24, ou Vox Africa par exemple, ont été suspendues. La station Radio France Internationale (RFI) en FM a également été suspendue. Les chaînes généralistes, de sport et de divertissement, peuvent en revanche être reçues sans problème. Le signal de Canal + n'a pas été coupé.
Dans ces conditions, le travail des journalistes étrangers présents à Abidjan n'est pas aisé. Celui de certains de leurs confrères ivoiriens non plus. Reporters sans frontières a appris que deux journalistes du quotidien d'opposition Le Mandat avaient été conduits, dans la soirée du 2 décembre, dans les locaux de la Garde républicaine puis frappés avant d'être relâchés.
Comment légaliser ce qui n’est pas légitime
Assurément, il n’était fier d’être Ivoirien hier. Le Conseil constitutionnel a donné son verdict. Les résultats provisoires du second tour sont invalidés. Le candidat Laurent Gbagbo est vainqueur avec plus de 51% des suffrages exprimés. Le président Paul Yao N’Dré a annulé pour parvenir à ce résultat les votes des régions du Worodougou et des Savanes, comme le porte-parole du candidat du FPI, Pascal Affi N’Guessan l’avait prédit. Pour donner une avance confortable à son patron, il s’est souvenu qu’il fallait ajouter la région de la Vallée du Bandama à ces régions dont le scrutin est annulé par son bon vouloir. Le plus triste dans l’affaire, en lieu et place des preuves irréfutables attendues, ce sont les allégations et les accusations gratuites déjà proclamées par le porte-parole du candidat LMP que le président du Conseil constitutionnel reprend pour étayer son argumentaire. Mais qu’est-ce qu’il était difficile pour lui de convaincre les Ivoiriens qu’il y a eu des incidents de nature à influer le résultat du vote du dimanche dernier dans la partie septentrionale de la Côte d’Ivoire. Il s’agissait pour l’éminent juriste de se transformer en prestidigitateur. De défendre l’indéfendable et de rendre possible ce qui est impossible. L’équation qui se posait à Paul Yao, était d’expliquer comment un Pouvoir qui a perdu sa légitimé dans les urnes pourrait avoir son pouvoir légalisé. En d’autres termes, comment légaliser un pouvoir qui n’est pas qui n’est pas légitime. Dans cet exercice, le compagnon de lutte de Laurent Gbagbo n’a pas convaincu, même dans son propre camp. Tellement la tâche n’est pas du tout aisée. Notre juriste s’est embrouillé et en même temps tenter d’embrouiller ceux qui le suivaient dans une litanie de texte de droit pour finir par donner un verdict alambiqué qui ne repose sur rien de sérieux en droit. Pour Paul Yao N’Dré, le candidat Laurent Gbagbo a certes perdu le second tour de la présidentielle. Mais compte tenu des quelques échauffourées survenus dans les régions du nord et du centre nord, il reste Président. Paul Yao N’Dré veut faire croire qu’on peut perdre dans les urnes et avec l’aide du droit se faire élire. La légalité qui doit être au service de la légitimité est ainsi instrumentalisée pour faire plaisir à un ami. Doit-on s’en étonner ? Assurément pas ; car il ne faut pas oublier que l’actuel président du Conseil constitutionnel a été nommé par son ami Laurent Gbagbo pour justement jouer ce rôle. Faire de Laurent Gbagbo, à tous les prix, le futur Président de la Côte d’Ivoire. Pour dire au pompier de service qu’est Paul Yao N’Dré que le vernissage légal qu’il veut donner au hold-up électoral de Laurent Gbagbo, ne passera pas. Car même lorsqu’on est alchimiste, il est difficile de transformer le cuivre en or. Surtout au 21 siècle, le siècle où tout de qui est caché est dévoilé. Laurent Gbagbo a perdu dans les urnes. Il sera difficile pour n’importe qui de démontrer le contraire. Il lui appartient d’en tirer toutes les conséquences au lieu de plonger davantage la Côte d’Ivoire dans le ridicule.
Jean-Claude Coulibaly
Invoquant la nécessité "de maintenir la paix sociale fortement ébranlée", le texte ordonne "la suspension sans délai de tous les signaux des chaînes de radio et de télévision étrangères d'information, contenues dans le bouquet de Canal + Horizon". Reporters sans frontières est surprise par cette décision brutale qui limite l'accès des Ivoiriens à l'information alors que l'actualité de leur pays est brûlante. Nous doutons fort que la suspension pure et simple de médias étrangers soit la réponse appropriée aux problèmes de paix sociale auxquels fait actuellement face la Côte d'Ivoire. En cette période d'incertitude, les médias devraient pouvoir travailler sans entrave pour rendre compte du désaccord entre la Commission électorale indépendante et le Conseil constitutionnel.
Reporters sans frontières avait salué les énormes efforts effectués par la presse ivoirienne et les organes de régulation des médias pour assurer une couverture professionnelle et équilibrée de la campagne présidentielle. C'est pourquoi nous regrettons que la tension entourant la proclamation des résultats conduise le CNCA à revenir à de vieux réflexes limitant la liberté d'expression et l'accès à l'information. L'annonce par la Commission électorale indépendante, contredite ensuite par le Conseil constitutionnel, des résultats provisoires de l'élection présidentielle donnant l'opposant Alassane Ouattara vainqueur face au chef de l'Etat Laurent Gbagbo, avait été rapidement relayée sur les télévisions étrangères visibles en Côte d'Ivoire. Selon les informations recueillies par Reporters sans frontières, toutes les chaînes d'information étrangères et panafricaines, telles que TF1, France 24, Africa 24, ou Vox Africa par exemple, ont été suspendues. La station Radio France Internationale (RFI) en FM a également été suspendue. Les chaînes généralistes, de sport et de divertissement, peuvent en revanche être reçues sans problème. Le signal de Canal + n'a pas été coupé.
Dans ces conditions, le travail des journalistes étrangers présents à Abidjan n'est pas aisé. Celui de certains de leurs confrères ivoiriens non plus. Reporters sans frontières a appris que deux journalistes du quotidien d'opposition Le Mandat avaient été conduits, dans la soirée du 2 décembre, dans les locaux de la Garde républicaine puis frappés avant d'être relâchés.
Comment légaliser ce qui n’est pas légitime
Assurément, il n’était fier d’être Ivoirien hier. Le Conseil constitutionnel a donné son verdict. Les résultats provisoires du second tour sont invalidés. Le candidat Laurent Gbagbo est vainqueur avec plus de 51% des suffrages exprimés. Le président Paul Yao N’Dré a annulé pour parvenir à ce résultat les votes des régions du Worodougou et des Savanes, comme le porte-parole du candidat du FPI, Pascal Affi N’Guessan l’avait prédit. Pour donner une avance confortable à son patron, il s’est souvenu qu’il fallait ajouter la région de la Vallée du Bandama à ces régions dont le scrutin est annulé par son bon vouloir. Le plus triste dans l’affaire, en lieu et place des preuves irréfutables attendues, ce sont les allégations et les accusations gratuites déjà proclamées par le porte-parole du candidat LMP que le président du Conseil constitutionnel reprend pour étayer son argumentaire. Mais qu’est-ce qu’il était difficile pour lui de convaincre les Ivoiriens qu’il y a eu des incidents de nature à influer le résultat du vote du dimanche dernier dans la partie septentrionale de la Côte d’Ivoire. Il s’agissait pour l’éminent juriste de se transformer en prestidigitateur. De défendre l’indéfendable et de rendre possible ce qui est impossible. L’équation qui se posait à Paul Yao, était d’expliquer comment un Pouvoir qui a perdu sa légitimé dans les urnes pourrait avoir son pouvoir légalisé. En d’autres termes, comment légaliser un pouvoir qui n’est pas qui n’est pas légitime. Dans cet exercice, le compagnon de lutte de Laurent Gbagbo n’a pas convaincu, même dans son propre camp. Tellement la tâche n’est pas du tout aisée. Notre juriste s’est embrouillé et en même temps tenter d’embrouiller ceux qui le suivaient dans une litanie de texte de droit pour finir par donner un verdict alambiqué qui ne repose sur rien de sérieux en droit. Pour Paul Yao N’Dré, le candidat Laurent Gbagbo a certes perdu le second tour de la présidentielle. Mais compte tenu des quelques échauffourées survenus dans les régions du nord et du centre nord, il reste Président. Paul Yao N’Dré veut faire croire qu’on peut perdre dans les urnes et avec l’aide du droit se faire élire. La légalité qui doit être au service de la légitimité est ainsi instrumentalisée pour faire plaisir à un ami. Doit-on s’en étonner ? Assurément pas ; car il ne faut pas oublier que l’actuel président du Conseil constitutionnel a été nommé par son ami Laurent Gbagbo pour justement jouer ce rôle. Faire de Laurent Gbagbo, à tous les prix, le futur Président de la Côte d’Ivoire. Pour dire au pompier de service qu’est Paul Yao N’Dré que le vernissage légal qu’il veut donner au hold-up électoral de Laurent Gbagbo, ne passera pas. Car même lorsqu’on est alchimiste, il est difficile de transformer le cuivre en or. Surtout au 21 siècle, le siècle où tout de qui est caché est dévoilé. Laurent Gbagbo a perdu dans les urnes. Il sera difficile pour n’importe qui de démontrer le contraire. Il lui appartient d’en tirer toutes les conséquences au lieu de plonger davantage la Côte d’Ivoire dans le ridicule.
Jean-Claude Coulibaly