Dans la Bible, le deuxième livre des Rois d’Israël raconte que deux nourrices partageaient la même couche. Le bébé d’une d’elle, au cours de la nuit, a rendu la vie. La mère dont le bébé est décédé, dépose son fils mort auprès de l’autre mère et prend son fils qui lui est vivant. Le matin, à son réveil, la pauvre mère constate la supercherie et réclame son fils. Il s’en est suivi une dispute entre les deux femmes. L’affaire est alors portée devant le roi Salomon. Après avoir écouté les deux femmes, le roi Salomon décide de faire trancher le bébé en deux pour donner une part de celui-ci à chaque femme. Pendant que le bourreau s’apprêtait à exécuter la sentence du roi, la vraie mère suppliait le bourreau de laisser l’enfant vivant et de le remettre à l’autre mère. Tandis que l’autre mère l’encourageait à le tuer. Le roi Salomon, dans sa grande sagesse, a compris que la vraie mère était celle qui implorait sa grâce. Aussi a-t-il demandé au bourreau de donner l’enfant à sa véritable mère. Cette histoire ressemble étrangement à la situation que vit la Côte d’Ivoire actuellement. Depuis, le 28 novembre dernier, le peuple de Côte d’Ivoire, de façon nette et incontestable, a confié son destin au président Alassane Ouattara, candidat du RHDP. Au moment où les Ivoiriens, dans leur large majorité, attendent que leur volonté soit respectée, le Conseil constitutionnel actionné par le candidat de LMP, Laurent Gbagbo, décide d’opérer un coup de force en annulant l’élection du Président Alassane Ouattara. Aujourd’hui, les deux candidats sont dans la position des deux mères et la Côte d’Ivoire dans la posture de l’enfant tiraillé. Mais des deux mères, les Ivoiriens se rendent compte, aujourd’hui, que Laurent Gbagbo campe le rôle de celle qui n’est pas la véritable mère. Par les actes qu’il pose chaque jour, le père de la refondation montre clairement qu’il n’aime pas les Ivoiriens. Les morts que tout le monde déplore depuis le jour du vote jusqu’à maintenant, sont la conséquence de sa volonté à rester coûte que coûte au pouvoir. Les assassinats et les tueries à l’ouest du pays et à Abidjan portent la marque de son obstination à confisquer le pouvoir. Que tout le pays s’embrasse, Laurent Gbagbo en a cure. Pis, il s’apprête, malgré la pression de la communauté nationale et internationale, à liguer les Ivoiriens les uns contre les autres. Le chef de file de la refondation veut son bain de sang avant de partir. Il veut son holocauste pour marquer la fin de son régime. Laurent Gbagbo veut s’en aller comme il est venu. Et pourtant que n’a-t-on pas entendu ces dernières années et au cours de cette campagne électorale ? « Laurent Gbagbo le patriote », « Laurent Gbagbo celui qui se bat pour les Ivoiriens », « Laurent Gbagbo, le fils du pays », « Laurent Gbagbo 100% pour la Côte d’Ivoire ». Des slogans qui visaient un seul but. A savoir, faire passer le candidat de LMP pour celui qui aime le plus la Côte d’Ivoire et les Ivoiriens. A l’opposé de ses adversaires politiques, considérés comme les « candidats de l’étranger » qu’on soupçonne de vouloir vendre la Côte d’Ivoire aux étrangers. Aujourd’hui, c’est l’occasion pour le candidat de LMP de prouver aux Ivoiriens qu’il est vraiment celui qui les aime. En acceptant tout simplement leur volonté de le voir partir du palais présidentiel. Ce que les Ivoiriens attendent de lui, c’est l’attitude de cette mère qui, dans la Bible, par amour, a accepté d’abandonner son enfant vivant à l’autre mère, plutôt que de le voir découpé en deux. En agissant ainsi, les Ivoiriens verront réellement que l’ancien chef de l’Etat, effectivement, porte un amour inconditionnel à la Côte d’Ivoire. Mais Laurent Gbagbo a-t-il vraiment la hauteur d’esprit pour poser un tel acte ? Aime-t-il vraiment la Côte d’Ivoire et les Ivoiriens comme il le prétend ? Rien, pour le moment, n’indique cela. Au contraire, au fil des jours, l’ancien Président s’efforce à plonger davantage son pays dans le chaos. Laurent Gbagbo n’aime pas les Ivoiriens. Cela est une évidence. Sinon il ne les exposerait pas ainsi par son entêtement à des lendemains incertains comme il le fait actuellement. Avec le comportement du candidat de LMP, aujourd’hui, la Côte d’Ivoire a plus que jamais besoin du jugement de Salomon pour mettre fin aux prétentions de la mère illégitime- c'est-à-dire Laurent Gbagbo- sur l’enfant Côte d’Ivoire. Et le plus tôt serait le mieux pour le bonheur des Ivoiriens et de la Côte d’Ivoire.
Jean-Claude Coulibaly
Jean-Claude Coulibaly