L’activité économique dans la région des Savanes est grippée. Les marchandises agricoles ne sont plus convoyées des campagnes vers les villes. Occasionnant ainsi, la rareté mais aussi la cherté des denrées alimentaires de première nécessité dans les villes de Korhogo et de Ferké (ville située à une cinquantaine de kilomètres de la cité du Poro). Selon Mme Camara T., vendeuse d’igname depuis plusieurs années à Ferké, le pouvoir d’achat des populations qui a diminué durant ces années de crise, s’est encore amenuisé depuis la crise du 28 novembre. A une semaine de la date du second tour de la présidentielle, «j’ai constitué un stock important d’ignames dans mon magasin. Mais, avec l’éclatement de la crise post-électorale, mon produit est en voie de décomposition car la clientèle se fait de plus en plus rare». A l’en croire, les activités commerciales sont quasiment au point mort à cause des incertitudes liées à cette situation. Pourtant, elle renouvelait son stock chaque semaine avant la crise. Des tas d’igname (environ 3 à 4 ignames) qu’elle vendait entre 1000 et 1500 Fcfa, le prix est resté le même. Mais, la qualité et le poids ont considérablement diminué. Par manque de moyen de transport, le marché de Ferké n’est plus correctement approvisionné en denrées à forte consommation. Approchés, les transporteurs expliquent ne plus vouloir prendre de risque en allant chercher les produits dans les grandes zones productrices de vivriers. Principalement à Kong et aux alentours de cette cité historique. A Korhogo, c’est le même constat. Faute de pouvoir aller s’approvisionner dans la capitale économique en produits de première nécessité tels que le riz, l’huile, le poisson, et craignant un enlisement de la situation, les commerçants qui ont eu le nez creux en faisant de gros stocks, ont vite fait de se frotter les mains. Le sac de riz de 50 kg qui était vendu à 15.000 avant le 2ème tour du scrutin présidentiel, est passé à 16.500 Fcfa. Il en est de même pour le sac de sucre de 50 kg qui passe de 25.000 à 30.000 Fcfa. Le kilo de poissons coûte aujourd’hui, 1.100 Fcfa au lieu de 900 Fcfa. Accusés de procéder à de forte spéculation par certains consommateurs, les opérateurs économiques rejettent à leur tour la responsabilité de cette situation sur les politiques. Selon Soro Naguaki, propriétaire d’un grand magasin au quartier commerce, le climat politique actuel du pays a contribué à 90% à rendre la situation encore plus difficile. Mais, tous sont unanimes pour dire que le pire est à venir si rien n’est fait.
Cheick Timité à Korhogo
Cheick Timité à Korhogo