Dinmin Omin, 52 ans, n'a pas oublié
les bombes qui tuèrent son frère et son oncle, pendant la guerre civile de
2002 en Côte d'Ivoire. Alors, quand la présidentielle du 28 novembre a
débouché sur une crise politique, il n'a pas tardé à fuir vers le Liberia
voisin.
Avec des milliers d'autres Ivoiriens, il a traversé la frontière.
"Je suis venu au Liberia parce qu'ils ont annoncé que Gbagbo refusait les
résultats" du second tour, explique Omin, dans la ville frontalière de Kenlay,
à six kilomètres de la Côte d'Ivoire.
L'ancien Premier ministre Alassane Ouattara, donné vainqueur par la
Commission électorale avec 54,1% des suffrages, est désormais reconnu par une
communauté internationale quasi-unanime comme étant le président légitime.
Mais le Conseil constitutionnel, acquis au sortant Laurent Gbagbo, a invalidé
ces résultats et proclamé ce dernier président avec 51,45% des voix.
Persuadé que cette crise institutionnelle va "provoquer une autre guerre",
Omin explique: "Je n'ai pas oublié ce qui est arrivé en 2002. Les forces de
Gbagbo sont entrées dans Danane (du côté ivoirien de la frontière). Des avions
bombardiers ont jeté des bombes sur tout ce qui bougeait".
"J'ai perdu mon oncle et mon frère, dit-il. Nous avons dû réunir leurs
membres épars avant de les enterrer. C'était épouvantable".
En 2002, un putsch raté contre Gbagbo avait débouché sur une quasi-guerre
civile, divisant le pays entre le Sud chrétien contrôlé par le gouvernement et
le Nord musulman contrôlé par les rebelles. Des milliers de personnes ont été
tuées au cours du conflit qui a officiellement pris fin en 2005.
Craignant une reprise de la guerre, quelque 3.700 personnes ont afflué au
Liberia depuis le deuxième tour de la présidentielle, "en majorité des femmes
et des enfants", selon le Haut commissariat des Nations unies pour les
réfugiés (HCR) qui estime qu'environ 150 personnes traversent la frontière
quotidiennement.
Du fait des liens familiaux et ethniques entre les deux pays, chaque
citoyen ivoirien a généralement un parent de l'autre côté de la frontière. Les
réfugiés ne vivent donc pas sous des tentes ou dans des camps mais sont
accueillis par des connaissances.
Pour Omin et sa grande famille, cette situation est particulièrement
pesante.
"Nous sommes 24 au total, compte-t-il. Nous dormons tous dans cette maison
qui compte seulement deux pièces. Nous avons reçu peu de tasses de haricots,
quelques tasses de riz et c'est tout. Dieu merci, mes proches ont ici une
ferme. C'est grâce à cela que nous avons quelques réserves de nourriture. Mais
si ça continue, il y aura pénurie."
Chacun des réfugiés a eu ses raisons de fuir.
Pro-Gbagbo, Seu Modeste dit ainsi avoir été chassé par les partisans de
Outtara. "Je suis de Glanhoué, une ville située à quatre kilomètres de la
frontière libérienne. Immédiatement après les résultats, les rebelles sont
venus chez moi et ont menacé de me battre. C'est pour ça que je suis parti".
Droh Mariette, 60 ans, venue avec sa mère de la ville frontalière de
Liapleu, explique avoir perdu sa famille entière en 2002.
"Mon mari avait été tué, mes trois enfants aussi, quand des bombardiers
venus d'Abidjan ont frappé notre ville. Vu comment les choses se passent, j'ai
peur que la même guerre recommence".
D'autres, encore, disent redouter une intervention de mercenaires libériens.
Au début du mois, la présidente libérienne Ellen Johnson Sirleaf a adressé
"une sévère mise en garde aux Libériens pour qu'ils s'abstiennent de
s'immiscer dans les affaires intérieures de la Côte d'Ivoire".
les bombes qui tuèrent son frère et son oncle, pendant la guerre civile de
2002 en Côte d'Ivoire. Alors, quand la présidentielle du 28 novembre a
débouché sur une crise politique, il n'a pas tardé à fuir vers le Liberia
voisin.
Avec des milliers d'autres Ivoiriens, il a traversé la frontière.
"Je suis venu au Liberia parce qu'ils ont annoncé que Gbagbo refusait les
résultats" du second tour, explique Omin, dans la ville frontalière de Kenlay,
à six kilomètres de la Côte d'Ivoire.
L'ancien Premier ministre Alassane Ouattara, donné vainqueur par la
Commission électorale avec 54,1% des suffrages, est désormais reconnu par une
communauté internationale quasi-unanime comme étant le président légitime.
Mais le Conseil constitutionnel, acquis au sortant Laurent Gbagbo, a invalidé
ces résultats et proclamé ce dernier président avec 51,45% des voix.
Persuadé que cette crise institutionnelle va "provoquer une autre guerre",
Omin explique: "Je n'ai pas oublié ce qui est arrivé en 2002. Les forces de
Gbagbo sont entrées dans Danane (du côté ivoirien de la frontière). Des avions
bombardiers ont jeté des bombes sur tout ce qui bougeait".
"J'ai perdu mon oncle et mon frère, dit-il. Nous avons dû réunir leurs
membres épars avant de les enterrer. C'était épouvantable".
En 2002, un putsch raté contre Gbagbo avait débouché sur une quasi-guerre
civile, divisant le pays entre le Sud chrétien contrôlé par le gouvernement et
le Nord musulman contrôlé par les rebelles. Des milliers de personnes ont été
tuées au cours du conflit qui a officiellement pris fin en 2005.
Craignant une reprise de la guerre, quelque 3.700 personnes ont afflué au
Liberia depuis le deuxième tour de la présidentielle, "en majorité des femmes
et des enfants", selon le Haut commissariat des Nations unies pour les
réfugiés (HCR) qui estime qu'environ 150 personnes traversent la frontière
quotidiennement.
Du fait des liens familiaux et ethniques entre les deux pays, chaque
citoyen ivoirien a généralement un parent de l'autre côté de la frontière. Les
réfugiés ne vivent donc pas sous des tentes ou dans des camps mais sont
accueillis par des connaissances.
Pour Omin et sa grande famille, cette situation est particulièrement
pesante.
"Nous sommes 24 au total, compte-t-il. Nous dormons tous dans cette maison
qui compte seulement deux pièces. Nous avons reçu peu de tasses de haricots,
quelques tasses de riz et c'est tout. Dieu merci, mes proches ont ici une
ferme. C'est grâce à cela que nous avons quelques réserves de nourriture. Mais
si ça continue, il y aura pénurie."
Chacun des réfugiés a eu ses raisons de fuir.
Pro-Gbagbo, Seu Modeste dit ainsi avoir été chassé par les partisans de
Outtara. "Je suis de Glanhoué, une ville située à quatre kilomètres de la
frontière libérienne. Immédiatement après les résultats, les rebelles sont
venus chez moi et ont menacé de me battre. C'est pour ça que je suis parti".
Droh Mariette, 60 ans, venue avec sa mère de la ville frontalière de
Liapleu, explique avoir perdu sa famille entière en 2002.
"Mon mari avait été tué, mes trois enfants aussi, quand des bombardiers
venus d'Abidjan ont frappé notre ville. Vu comment les choses se passent, j'ai
peur que la même guerre recommence".
D'autres, encore, disent redouter une intervention de mercenaires libériens.
Au début du mois, la présidente libérienne Ellen Johnson Sirleaf a adressé
"une sévère mise en garde aux Libériens pour qu'ils s'abstiennent de
s'immiscer dans les affaires intérieures de la Côte d'Ivoire".