Plus qu’une pression sur son régime, c’est un vrai piège que le pouvoir d’Alassane Ouattara, à travers son Premier ministre Guillaume Soro, tend aujourd’hui à Laurent Gbagbo. Mater ‘’l’insurrection populaire’’ au risque de s’isoler davantage ou laisser faire pour se retrouver plus que jamais vers la sortie. Telle est la quadrature du cercle face à laquelle Laurent Gbagbo joue son destin. Et, de source proche de son camp, la question n’est pas définitivement tranchée. Car, l’aile militaire de ce clan, représenté depuis quelques jours par le général Bruno Dogbo Blé, ne cache son envie d’en découvre avec ‘’la République du Golf Hôtel’’. Surtout qu’aujourd’hui, celle-ci pousse loin le bouchon jusqu’à vouloir s’attaquer à l’un des symboles (du reste l’un des derniers) du régime de son maître, Laurent Gbagbo. N’avait-il pas déclaré, vendredi dernier, droit dans ses bottes que « L’Hôtel du Golf est maintenant devenu un refuge de bandits. Je crois qu’à la longue, il faut que nous nous préparions à libérer ce lieu de façon brutale. Parce que c’est un peu trop facile, il faut qu’on leur montre le contraire. Face à la situation de mépris, révoltante à laquelle nous faisons face, je vous demande de vous conditionner pour le combat ultime pour sauver la Côte d’Ivoire » ? Et, sans perdre de temps, il est passé à l’action, même si son entreprise s’est soldée par un cuisant échec. Aujourd’hui, il considère que l’initiative du Premier ministre est, pour lui, du pain béni. Calé dans son coin, il attend ceux qui défient Laurent Gbagbo pour croiser le fer avec eux. Sûr de son affaire, il espère se montrer à la hauteur du défi pour glaner les derniers lauriers qui devraient lui permettre de faire définitivement de l’ombre aux autres généraux en vogue de l’armée ivoirienne, notamment à Philippe Mangou, à Edouard Kassaraté Tiapé voire à Guiai Bi Poin (qui se montre de moins en moins belliqueux ces temps-ci). Malheureusement, pour mettre à exécution son plan, le patron de la garde républicaine doit avoir l’aval de son mentor, Laurent Gbagbo surtout que, selon toute vraisemblance, les Fds ont consenti à l’encadrement de la ‘’marche de libération’’ de la Rti. Une répression sauvage (comme ce fut le cas en 2004) de cette manifestation serait dès lors suicidaire. D’autant plus que les tenants de la ligne du laisser-faire ne sont pas les moins nombreux auprès du grand chef. Selon eux, le Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp) et ses nouveaux alliés mordront la poussière. « Jeudi, les Ivoiriens vaqueront tranquillement à leurs occupations. Guillaume Soro avait dit la semaine prochaine qu’il s’installerait au Plateau, nous sommes aujourd’hui mercredi et il n’est pas encore là », fait remarquer Charles Blé Goudé, leader de la jeunesse pro-Gbagbo. Une réaction qui donne un écho plus large à ce qu’avait confié Alcide Djédjé, ministre des Affaires étrangères de Laurent Gbagbo à un confrère, mardi dernier. « Il ne le fera pas », avait-il répondu à un confrère qui lui demandait s’il redoutait ou non les menaces de Guillaume Soro d’installer les nouveaux dirigeants de la Radiodiffusion-télévision ivoirienne (Rti), ce jeudi et de tenir son premier conseil de gouvernement à la primature au Plateau, vendredi.
Marc Dossa
Marc Dossa
