Jeudi 16 décembre 2010. Yopougon-Siporex. Il est 7h 20mn du matin, un attroupement monstre de jeunes gens (que l’on n’a pu identifier), envahit l’espace Ficgayo. Quelques minutes plus tard, la horde de manifestants met le cap sur l’autoroute du Nord. La mobilisation des populations est assez impressionnante pour amener les chauffeurs de véhicules de transport en commun à suspendre leur service. Le trafic intercommunal est aussitôt perturbé. Le peloton de tête arrive à atteindre l’autoroute du nord. La seconde vague des jeunes est systématiquement interceptée par les Fds (police nationale) au niveau de la statue à la sortie de Yopougon-Siporex. Des tirs de sommation, des nuées de gaz lacrymogène et des douilles d’armes automatiques qui jalonnent les rues de la commune, arrivent à convaincre les manifestants quant à l’opiniâtreté des hommes de Philippe Mangou à maintenir coûte-coûte l’ordre public. La foule se disperse. Les plus teigneux en font autant et font vite de se transformer en petits rongeurs pour arpenter les couloirs des quartiers Wassakara, Sogefhia solic 1 et 2 et le Banco 2. Les riverains assistent au spectacle, le regard hagard, obligés qu’ils sont de regagner au plus vite leur domicile sous la fréquence accélérée des tirs de dissuasion, le picotement des yeux ainsi que des douleurs au niveau des fausses nasales, provoqués par les jets des gouilles de lacrymogène. Alors que les protestataires se croyaient tirés d’affaire, les Fds sont allés les chercher jusque dans leur dernier retranchement. Des manifestants, que nous avons rencontrés dans les ruelles de yopougon-Sogefhia solic 1, étaient essoufflés et s’étaient badigeonné tout le corps de citron. Approchés ils diront : « Ça nous permet de résister contre le gaz lacrymogène », A notre passage sur l’autoroute du nord, un spectacle fort intéressant a retenu notre attention. Au niveau de la bretelle qui conduit au Plateau – exactement où les ‘’fanico’’ font la lessive, des Fds ont réussi à mettre le grappin sur des manifestants récalcitrants. Sous la canicule certains manifestants ont été amenés manu militari de prendre un bain de boue dans la rivière du Banco tandis que d’autres ont profité de l’occasion pour se bronzer au soleil. C’est aux environs tour de 11h que le calme est revenu dans la plus grande commune de Côte d’Ivoire.
Krou Patrick
Krou Patrick