A l’instar des autres communes de la capitale économique, Treichville a connu elle aussi sa journée folle. Pneus calcinés, routes obstruées, chasse à l’homme, c’est le décor que présentait la commune du maire Amichia hier en milieu d’après-midi. Pourtant, tout était parti pour une journée calme et paisible. Comme la marche que projetaient d’organiser les Ivoiriens pour aller installer le nouveau directeur général de la RTI. Mais les mercenaires libériens et angolais, grassement payés par Gbagbo et les miliciens ont choisi de massacrer le peuple. Face aux marcheurs aux mains nues, ils ont sorti l’arsenal de guerre. A Treichville, la scène était digne d’un film de guérilla urbaine. Dès les premières heures de la matinée, les FDS ont bouclé les grandes artères de l’ancien quartier chic d’Abidjan. Les policiers usent de gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants qui gagnaient en nombre. Sur le pont Félix Houphouët-Boigny qui relie Treichville au Plateau et à Cocody où se trouve le siège de la RTI, quelques éléments de la Garde républicaine ont le regard mauvais. Dans les rues et avenues, la détermination des manifestants est au beau fixe. En quelques minutes, la fumée noire envahie le ciel de ce quartier et enrhume l’atmosphère. Des véhicules de la police nationale patrouillent et balancent quelques grenades lacrymogènes. Dans la même foulée, un cargo de la Garde républicaine emprunte l’avenue 16. Un soldat rafale dans la rue et atteint mortellement un jeune couturier qui venait de fermer son atelier. Le jeune qui ne marchait pas est tué sur le coup. C’est le premier mort de Treichville qui vient allonger la liste noire de tous ceux qui sont tombés sous les balles assassines des hommes de Dogbo Blé, des miliciens et des mercenaires libériens et angolais. En début d’après-midi, Treichville baignait dans le désordre. La célèbre rue 12, véritable centre commercial, a baissé pavillon. Seuls quelques restaurants accueillent les imprudents qui n’avaient rien à manger chez eux. Ces derniers bravaient la psychose d’un quartier devenu un véritable champ de bataille pour aller s’offrir soit un bol de riz ou du foutou. Mais le constat avant la tombée de la nuit était le même. Les manifestants étaient toujours déterminés à opposer la légalité au désordre et à la chienlit que Gbagbo et son clan veulent installer en Côte d’Ivoire.
Koné Lassiné
Koné Lassiné