Si elles affichent une certaine sérénité et une apparente gaieté de vivre, les populations d'Abengourou ont du mal à cacher la peur qui les étreint. Depuis la marche sur la RTI qui s'est manifestée localement par une paralysie totale de la ville, les rumeurs les plus effrayantes les unes que les autres occupent le quotidien de cette population qui n'aspire qu'à vivre dans la paix. En effet, la radio-treichville locale annonce des miliciens armés et des caches d'armes à Adaou, un village dans la banlieue de la ville et à Niablé, ville située à 30 km d'Abengourou, à la frontière ghanéenne. Toute chose qui force à une prudence qui frise même la paranoïa chez les habitants de la cité royale de la paix. Personne n'ose plus parler avec des inconnus et les communications téléphoniques sont l'objet de précautions méticuleuses. Craignant d'être dénoncés aux escadrons de la mort et aux miliciens supposés par des espions et les grandes oreilles qui pullulent dans la ville, l'on préfère appeler de son propre téléphone et surtout parler en langue à son interlocuteur. Les nuits de couvre-feu sont peu rassurantes. Les habitants des quartiers s'organisent donc comme ils peuvent pour faire échec à d'éventuels kidnappings comme cela a lieu à Abidjan notamment. Au cours d'une réunion tenue récemment au siège du RDR, les responsables de la jeunesse ont conseillé à leurs camarades de respecter les consignes de prudence et de s'en tenir aux mots d'ordre de la hiérarchie tout en restant mobilisés. Abou coulibaly, Bah Abdoulaye et Delma Salice, ont félicité la population pour sa participation active aux manifestations qui ont paralysé la ville pendant 48 heures. Ici à Abengourou, les populations bien qu'inquiètent ne doutent pas un seul instant du prochain départ de Laurent Gbagbo." Que la communauté internationale soit plus diligente et nous aide à le bouter hors du pouvoir. S'ils n'agissent pas vite, Gbagbo va finir par tuer tout ce qui n'est pas LMP. Un génocide est en train de se dérouler en Côte d'Ivoire et les gens se bornent à des menaces. Gbagbo ne comprend pas ce langage. Pour lui, seule la force doit s'exprimer" déclare un enseignant qui se dit traumatisé par la situation. Alarmés par les unes des journaux, les populations se soucient de plus en plus pour les conditions de survie du gouvernement du Président de la république qui reste confiné à l'hôtel du golf surtout avec l'assaut annoncé des jeunes patriotes. Pour l'heure, les fonctionnaires et agents de l'Etat se demandent s'ils auront leurs salaires du mois alors que le prix des denrées de consommation grimpe vertigineusement.
Armand Déa, correspondant
Armand Déa, correspondant
