Dans les rues de Yaoundé, les débats font fureur entre ceux qui dénoncent l`ingérence étrangère dans les élections ivoiriennes et ceux qui critiquent le forcing de Laurent Gbagbo. En octobre 2011, ce sera aux Camerounais d`élire leur Président. Ce 21 décembre 2010, les Camerounais n`ont pas décroché de leur écran.
Tous suivaient le débat sur la crise post-électorale en Côte d`Ivoire organisé par la première chaîne de télévision privée à Yaoundé, Canal 2 International. Depuis le face-à-face télévisé historique du 25 novembre entre Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara, la situation politique en Côte d`Ivoire est suivie de près par le pays frère. Le Cameroun prend fait et cause pour Laurent Gbagbo. Jean-Claude Awono, écrivain, explique : « Ce qui se passe aujourd`hui en Côte d`Ivoire intéresse tous les Africains car ce qui arrive à nos frères là-bas pourrait aussi bien arriver au Cameroun. » Mais au-delà de cette explication, c`est surtout la cristallisation du sentiment nationaliste et panafricaniste qui mobilise les foules.
Pour Jean-Michel Nintcheu, député au sein du Social democratic front (Sdf), principal parti de l`opposition :« La rue camerounaise, qui semble soutenir majoritairement M. Gbagbo, n`est pas fondamentalement pro-Gbagbo, mais plutôt antifrançaise. » Les premiers impliqués dans l`affaire ivoirienne sont d`ailleurs bien les partis d`opposition camerounais. Ainsi, le Mouvement africain pour la nouvelle indépendance et la démocratie (Manidem) envisage une marche ces prochains jours pour soutenir Laurent Gbagbo. De même, l`Union des populations du Cameroun a pris fait et cause pour le Président ivoirien sortant. Le 4 décembre, ce parti lui a adressé une lettre de félicitation, pour son « éclatante victoire qui est le couronnement d`une lutte du peuple ivoirien». Mais au sein du Sdf, la situation ivoirienne fait des vagues. Alors que le parti a officiellement reconnu la victoire du Président Gbagbo, Jean-Michel Nintcheu soutient que « les Présidents africains, Paul Biya [le Président camerounais, ndlr] en tête, gagneraient à apprendre la culture de l`alternance. »Radios et TV multiplient les émissions.
La rue et les médias n`échappent pas à l`engouement. « Coup d`Etat électoral contre coup d`Etat constitutionnel », titre Le Messager, « Un fauteuil pour deux », annonce le quotidien Mutations, « La crise ivoirienne secoue le Sdf », lit-on dans La Nouvelle Expression, ou encore « Tout sur les accords qui ont vidé le pouvoir de Laurent Gbagbo » selon l`hebdomadaire Emergence. Tandis que radios et télévisions multiplient les émissions interactives.
Entre ceux qui voient dans l`attitude de la communauté internationale une ingérence qui ne vise qu`à écarter Laurent Gbagbo du pouvoir, et les autres qui pensent que celui-ci est un mauvais perdant, la mobilisation des Camerounais se fait sentir jusque dans les rues. Comme devant un kiosque à journaux de la capitale camerounaise, mardi 21 décembre, où fuse un échange particulièrement corsé entre deux clients : « Vous accusez les Blancs de vouloir chasser Gbagbo. Dites-moi si ce sont eux qui ont voté pour Ouattara. – Ce ne sont pas les Blancs qui ont voté mais dis-moi où Ouattara a trouvé l`argent pour mener toute sa campagne et pourquoi les médias français le supportent de cette façon». Pour Céline, une étudiante : « Laurent Gbagbo a publiquement accepté de respecter le verdict des urnes. Il ne doit pas ressortir aujourd`hui la carte du nationalisme parce qu`il a perdu». Mais pour son camarade Eric : « La communauté internationale doit respecter les Institutions ivoiriennes. C`est le Conseil constitutionnel qui proclame les résultats définitifs. Et cette Institution a proclamé Gbagbo vainqueur. Il faut respecter ce résultat». Tandis que la tension monte à Abidjan, les rues de Yaoundé s`enflamment sur la situation au pays des Eléphants...
Paru dans Rue89
Tous suivaient le débat sur la crise post-électorale en Côte d`Ivoire organisé par la première chaîne de télévision privée à Yaoundé, Canal 2 International. Depuis le face-à-face télévisé historique du 25 novembre entre Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara, la situation politique en Côte d`Ivoire est suivie de près par le pays frère. Le Cameroun prend fait et cause pour Laurent Gbagbo. Jean-Claude Awono, écrivain, explique : « Ce qui se passe aujourd`hui en Côte d`Ivoire intéresse tous les Africains car ce qui arrive à nos frères là-bas pourrait aussi bien arriver au Cameroun. » Mais au-delà de cette explication, c`est surtout la cristallisation du sentiment nationaliste et panafricaniste qui mobilise les foules.
Pour Jean-Michel Nintcheu, député au sein du Social democratic front (Sdf), principal parti de l`opposition :« La rue camerounaise, qui semble soutenir majoritairement M. Gbagbo, n`est pas fondamentalement pro-Gbagbo, mais plutôt antifrançaise. » Les premiers impliqués dans l`affaire ivoirienne sont d`ailleurs bien les partis d`opposition camerounais. Ainsi, le Mouvement africain pour la nouvelle indépendance et la démocratie (Manidem) envisage une marche ces prochains jours pour soutenir Laurent Gbagbo. De même, l`Union des populations du Cameroun a pris fait et cause pour le Président ivoirien sortant. Le 4 décembre, ce parti lui a adressé une lettre de félicitation, pour son « éclatante victoire qui est le couronnement d`une lutte du peuple ivoirien». Mais au sein du Sdf, la situation ivoirienne fait des vagues. Alors que le parti a officiellement reconnu la victoire du Président Gbagbo, Jean-Michel Nintcheu soutient que « les Présidents africains, Paul Biya [le Président camerounais, ndlr] en tête, gagneraient à apprendre la culture de l`alternance. »Radios et TV multiplient les émissions.
La rue et les médias n`échappent pas à l`engouement. « Coup d`Etat électoral contre coup d`Etat constitutionnel », titre Le Messager, « Un fauteuil pour deux », annonce le quotidien Mutations, « La crise ivoirienne secoue le Sdf », lit-on dans La Nouvelle Expression, ou encore « Tout sur les accords qui ont vidé le pouvoir de Laurent Gbagbo » selon l`hebdomadaire Emergence. Tandis que radios et télévisions multiplient les émissions interactives.
Entre ceux qui voient dans l`attitude de la communauté internationale une ingérence qui ne vise qu`à écarter Laurent Gbagbo du pouvoir, et les autres qui pensent que celui-ci est un mauvais perdant, la mobilisation des Camerounais se fait sentir jusque dans les rues. Comme devant un kiosque à journaux de la capitale camerounaise, mardi 21 décembre, où fuse un échange particulièrement corsé entre deux clients : « Vous accusez les Blancs de vouloir chasser Gbagbo. Dites-moi si ce sont eux qui ont voté pour Ouattara. – Ce ne sont pas les Blancs qui ont voté mais dis-moi où Ouattara a trouvé l`argent pour mener toute sa campagne et pourquoi les médias français le supportent de cette façon». Pour Céline, une étudiante : « Laurent Gbagbo a publiquement accepté de respecter le verdict des urnes. Il ne doit pas ressortir aujourd`hui la carte du nationalisme parce qu`il a perdu». Mais pour son camarade Eric : « La communauté internationale doit respecter les Institutions ivoiriennes. C`est le Conseil constitutionnel qui proclame les résultats définitifs. Et cette Institution a proclamé Gbagbo vainqueur. Il faut respecter ce résultat». Tandis que la tension monte à Abidjan, les rues de Yaoundé s`enflamment sur la situation au pays des Eléphants...
Paru dans Rue89