L’ambiance n’était pas festive. Elle était teintée d’une certaine morosité. Les Ivoiriens, dans leur majorité, véritablement, ne sont pas sortis nombreux pour fêter la Noël. Beaucoup d’entre eux ont simplement décidé de rester chez eux et partager un repas avec leur famille. Seuls quelques noctambules invétérés se sont rendus dans les coins chauds d’Abidjan. Ainsi, les maquis et bars-dancing du District d’Abidjan n’ont pas grouillé de monde. Nombre de chaises de ces lieux de restauration et réjouissances sont restées vides. Les tenanciers de bar et les serveuses s’ennuyaient, ils se tournaient les pouces. « C’est dur ! Nous n’avons pas encore enregistré suffisamment de clients alors qu’il est déjà minuit. Pourtant, nous avons commandé beaucoup de boisson. A cette allure, ce n’est pas sûr que nous puissions réaliser un bon chiffre d’affaires », a déploré M. Kouassi, gérant d’un maquis à Koumassi quartier RDA. En tout cas, plusieurs maquis n’ont pas enregistré le nombre de clients escompté. Au mille maquis à Marcory par exemple, les clients se comptaient au bout des doigts. Les tenanciers s’occupaient alors à distiller de la musique, espérant qu’avant deux heures du matin, ils puissent faire une bonne recette. Les transporteurs, qui, d’ordinaire se frottent les mains en période de fête, soutiennent n’avoir pas fait de bonnes recettes. « Rien ne marche ces temps-ci. Je n’ai même pas pu avoir vingt mille Fcfa, pourtant j’ai commencé le travail à 6H30 mn. Et l’embouteillage monstre de la journée nous a été défavorables. Il est difficile de circuler, la plupart des clients qui nous arrêtent nous demandent de ne pas mettre le compteur en marche. » a expliqué M. Moussa Diabaté, chauffeur de taxi. Il a précisé que dans la soirée, c’était la ‘’catastrophe’’. Précisant que les clients se faisaient rares. « On se demandait si le couvre-feu avait été réellement levé », s’est interrogé M Diabaté. En tout cas, les Ivoiriens et singulièrement les fonctionnaires n’oublieront pas de sitôt cette fête de la Saint Sylvestre. Car, la plupart d’entre eux n’ont pu avoir à temps leur salaire. Lequel a été viré jeudi dernier en fin d’après midi. Les fonctionnaires, partagés entre le doute et l’espoir de percevoir l’intégralité de leur salaire ont envahi les différentes banques et agences. Ils n’ont pas tous été servis jeudi. Ils sont repartis faire le pied de grue vendredi et samedi dernier. Le paiement tardif des salaires des fonctionnaires et la situation sociopolitique avec en prime la confiscation du pouvoir par Gbagbo, sont autant de facteurs qui ont découragé les Ivoiriens et les ont cloués à la maison. C’est toujours la psychose ! Les Ivoiriens, malgré la levée du couvre-feu, n’ont pas encore oublié les tueries et exactions commises par les mercenaires de Gbagbo. Nombre d’observateurs estiment que les Ivoiriens fêteront difficilement la nouvelle année 2011 avec faste, si Gbagbo demeure accroché au pouvoir.
Anzoumana Cissé
Anzoumana Cissé