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Politique Publié le mercredi 23 février 2011 | Le Patriote

Interview / Harouna Touré (Commissaire de la CEI France, chargé des finances) : “C`est ridicule de faire croire que Gbagbo a gagné”

C'est avec beaucoup d'amusement que les Ivoiriens de France ont assisté à l'intervention de l'ex-président de la CEI France sur Télé LMP. Un rendez-vous de contre-vérités que Harouna Touré, auquel Commissaire de la CEI France, chargé des finances, réplique, par devoir de mémoire. Entretien.

Le Patriote : Vous ne décolérez pas contre Sylla Mamadou, ex-président de la CEI France après ses déclarations sur télévision LMP. Pourquoi ?

Harouna Touré : Nous avions jugé inutile dans un premier temps de réagir aux propos de M. Sylla Mamadou pour une simple raison, ce monsieur est profondément frustré. Cette frustration vient du fait que cet homme à qui LMP avait confié la mission de faire gagner Gbagbo en France a lamentablement essuyé un échec. Il veut donc par ses sorties hasardeuses, se faire pardonner par ses commanditaires, notamment Gbagbo et l'ancien ambassadeur Pierre Kipré dont il a largement contribué à la chute. Moi qui le connais, je me marre en écoutant ce monsieur, qui en réalité a tout mis en œuvre pour que les élections en France n'aient pas lieu et que, surtout, Gbagbo les perde. Parce que, tenez-vous bien, même s'il cache son jeu, ce monsieur a de l'admiration pour Alassane Ouattara.

LP : Que lui reprochez-vous au juste?

H.T. : Sylla Mamadou, ancien président de la CEI France, a été suspendu et remplacé entre les deux tours des élections présidentielles ivoiriennes par Gnako Jean-Clavaire, car s'étant rendu coupable de nombreuses fautes graves dans l'exercice de sa fonction. Après avoir flatté le président du FPI, monsieur Affi N'Guessan en lui promettant qu'il pouvait faire gagner le candidat Laurent Gbagbo en France, il s'est vu donc parachuté à la tête de la CEI-France en remplacement de maitre TETI Gervais, qui avait été élu à ce poste. Puisqu'il voulait prouver qu'il était l'homme qu'il fallait pour faire gagner GBAGBO, bien évidement il en a fait trop. Agressif, violent et imprévisible, monsieur Sylla Mamadou n'a pas hésité à agresser physiquement certains membres de la CEI-France, lesquels ont d'ailleurs porté plainte contre lui. En complicité avec l'ex-ambassadeur, ils ont purement et simplement retiré des cartes d'identités des Ivoiriens, potentiels électeurs selon eux des adversaires du candidat Laurent Gbagbo. Pendant le premier tour, ces cartes d'identités se sont retrouvées dans les mains des Camerounais, Congolais, Centrafricains et Gabonais pour voter à la place des vrais propriétaires des cartes. De toute évidence, ces fraudes devraient permettre de justifier une hypothétique victoire du candidat Laurent Gbagbo.

Pendant l'organisation du premier tour, en plus de ces forfaits, monsieur Sylla Mamadou, toujours avec Pierre Kipré et Brigitte Kuyo, ont produit une liste de répartition des bureaux de vote, tout en ignorant complément le découpage fait par la CEI centrale et entériné en conseil de ministre. Cette association de Docteurs n'a pas marché, car ils ont décidé de faire cette répartition sur la base de l'ordre alphabétique, ignorant que sur les cartes d'électeur, le numéro du bureau de vote y était inscrit. Le comble, c'est qu'ils se sont arrangés pour que toute la préparation ne se fasse pas avec l'ensemble des commissaires que nous étions. Le résultat, on le connaît

LP : Il soutient mordicus que Laurent Gbagbo a gagné la présidentielle à Paris. Que répondez-vous ?

H.T. : C'est ridicule de faire croire cela aux Ivoiriens. Ce débat est dépassé, d'autant plus que, sans le vote de la France, les Ivoiriens ont massivement choisi leur nouveau président, c'est-à-dire, Alassane Ouattara avec plus de 8% d'écart. De toute façon, même si ces élections avaient lieu, cela ne changerait rien à la donne. Je rappelle au passe que monsieur Sylla s'était interroger au cours d'une de nos échanges en ces termes : «moi en tant que président de la CEI, si je déclare que Alassane n'a pas gagner qu'est-ce qui va se passer ? » Inconsciemment peut-être, mais très certainement d'une manière astucieuse, il essayait de dévoiler la stratégie de ses mandataires. Le vote des Ivoiriens en France, certes permettait ces derniers que nous somme de participer au choix de notre président, sinon les résultats sont suffisamment tranché, donc la voie des électeurs de France correspondait beaucoup à du prestige. Le gagnant dirait j'ai gagné en France, donc ma victoire est incontestable. LMP décrie aujourd'hui la France, alors qu'il espérait vivement pouvoir dire que « même en France Gbagbo a gagné ». Sur vingt huit (28) bureaux de vote dans la région parisienne, huit ont été saccagés, urnes détruites, bulletins et listes d'émargement emportés par des inconnus. Sur ce dernier point, il est difficile de dire que Sylla est innocent, puisqu'il s'était payé les services de loubards.

LP : Il indexe pourtant Bamba Yacouba, porte-parole de la CEI

H.T. : Il le fait pour se trouver un coupable, sinon Bamba Yacouba n'a pas agressé les membres de la CEI France, c'est bien Sylla Mamadou qui l'a fait.

Bamba Yacouba, en tant que superviseur pour le compte de la CEI centrale a correctement fait sont travail. Il faudrait que les Ivoiriens le sachent, ce sont les commissaires de la CEI France, soit 16 sur les 19 membres que nous étions qui ont demandé l'invalidation des élections en France, compte tenue des nombreuses irrégularités dans l'organisation et le déroulement des votes. C'est sur la base des rapports sur les faits que la commission centrale a invalidé les élections chez nous. L'ensembles des faits qui ont conduits les membres de la CEI France a demandé l'invalidation des élections sont du fait de monsieur Sylla Mamadou et de l'ex-ambassadeur Pierre Kipré.

LP : Alors qu'il avait été démis, comment s'était retrouvé au sein de votre équipe ?

H.T. : Ce qui s'est passé est simple à comprendre. M. Kipré a d'abord fait de la rétention d'information. Lorsque la décision de la suspension de Sylla a été adressée à l'ambassadeur, il a voulu cacher l'information aux commissaires de la CEI-France. Vu les antécédents, nous nous avons demandé au superviseur de nous adresser une copie de tous les documents destiné à la CEI-France. Se sentant pris au piège, monsieur Kipré a refusé de faire exécuter la décision de la CEI centrale. C'est ainsi qu'il a remis la clef du bureau où était stocké le matériel électoral que l'ambassade avait réceptionné quelques jours auparavant. Contrairement aux autres précédentes fois, la réception par la CEI-France du matériel se faisait avec les vice-présidents, voire avec les commissaires qui étaient disponibles. Cette fois-ci, c'était tout le contraire. Seul Sylla Mamadou avait la clef. D'ailleurs, les autres commissaires ignoraient que Pierre Kipré lui avait remis la clé. Le samedi 27 novembre au environ de 18heures, Sylla a déclaré avoir perdu la clef, et qu'il fallait un serrurier pour ouvrir la porte du bureau. Ce qui a été fait, à la grande surprise des commissaires que nous étions, les bulletins de vote et les listes d'émargement de dix bureaux de vote sur vingt huit manquait. Je puis affirmer que les colis ont été livrés par Chronopost. Ce qui a intrigué les commissaires, c'est qu'un des cartons ne comportait pas d'emballage de Chronopost, et les kits de dix bureaux de vote manquaient. Le mystère reste entier autour de cette affaire. La CEI centrale, nous a confirmé que tous les colis sont partis d'Abidjan.

Coulibaly Brahima,
Envoyé spécial en France
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