L'Angola en veut certainement, à mort, aux Ivoiriens. Non content de les massacrer via ses mercenaires au service de Laurent Gbagbo, le pays d'Eduardo Dos Santos appelle maintenant la communauté internationale à ne pas s'ingérer dans les affaires ivoiriennes « Le gouvernement angolais constate avec beaucoup d'appréhension le fait que toutes les mesures prises jusqu'à présent par la communauté internationale conduisent la Côte d'Ivoire inévitablement à la guerre. Pour le gouvernement angolais, la crise en Côte d'Ivoire est une question africaine et il incombe aux Africains d'en assumer la responsabilité. Ainsi, l'Union africaine devrait assumer la responsabilité de cette situation pour éviter que ce conflit dégénère irréversiblement à une catastrophe humaine, en utilisant toutes les ressources à sa disposition », dit le gouvernement angolais. Après que les urnes ont parlé, donnant son ami perdant, le président angolais n'a pas hésité à recevoir en grande pompe Kadet Bertin, le conseiller de Laurent Gbagbo, pour lui fournir hommes et équipements pour réprimer dans le sang, les Ivoiriens qui entendaient manifester pour réclamer la reconnaissance de la victoire d'Alassane Ouattara. Mais, aujourd'hui, force est de reconnaître que la sortie de Luanda n'est pas nouvelle. Car, déjà en 2002, de nombreux observateurs avaient signalé la présence de mercenaires venus d'Angola, combattre aux côtés des forces fidèles à Laurent Gbagbo. Les actes de barbarie qu'on leur impute aujourd'hui, n'étaient guère différents de ceux dénoncés, auparavant. En 2004, ils s'étaient signalés avec la même prouesse, lors de la marche de l'opposition d'alors qui entendait seulement marcher pour revendiquer l'application de l'Accord de Linas-Marcoussis. Le présent appel à la non-ingérence de Luanda, en tant que tel, ressemble lui aussi à une ingérence dans les affaires ouest-africaines de la part d'un pays d'Afrique australe. Car, faut-il le souligner, quand il s'est agi, le 30 mars 2009, de suspendre Madagascar après le coup de force d'Andry Rajoelina, a-t-on vu un seul Etat ouest-africain prendre parti pour ce pays ? Le son discordant de Luanda a donc de bien curieux desseins inavoués. Laurent Gbagbo, ami de Dos Santos, n'a-t-il pas appelé le peuple à descendre dans les rues en 2000 dans des conditions similaires?
Marc Dossa
Marc Dossa