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Politique Publié le mardi 11 janvier 2011 | Soir Info

Neutralité contestée

Le trio avait séjourné à Abidjan une première fois- mardi 28 décembre 2010- en l’absence d’un représentant de l’Ua. La mission conjointe (Ua-Cedeao) du 3 janvier aurait pu être considérée comme la dernière mission en date de mandataires africains s’il n’y eut pas cette médiation tout à fait inattendue et bien discrète du Nigérian, Olusegun Obasanjo. Il aurait été mandaté par Goodluck Jonathan, président en exercice de la Cedeao et lointain successeur d’Obasanjo à la tête de la République fédérale du Nigéria. Pourquoi alors désigner un médiateur en secret alors que trois chefs d’Etat ont été mandatés pour trouver un règlement à la crise post-électorale en Côte d’Ivoire ? Pourquoi faire suivre autant de négociateurs au risque d’embrouiller la…médiation ?
La question n’a probablement rien d’incongru. Elle laisse entrevoir la délicatesse du dossier et une crispation des positions. Entre un Laurent Gbagbo qui croit tenir le bon bout et qui reste, par-dessus tout, dopé par sa…légitimité constitutionnelle et un Alassane Ouattara flatté par…une reconnaissance internationale quasi-unanime, le lien est totalement rompu. On voit mal ce que peuvent proposer les négociateurs que l’un et l’autre puissent accepter sans trouver à redire ? Aux dirigeants africains qu’il reçoit, Laurent Gbagbo explique qu’il est bel et bien le gagnant du scrutin du 28 novembre ; arguments constitutionnels à l’appui. Alassane Ouattara voit chez son rival un mauvais perdant et rejette systématiquement sa proposition d’un recomptage des voix.
Voilà que les positions n’ont jamais été autant tranchées. Ajoutée à cela la méfiance que peuvent avoir les parties vis-à-vis de certains médiateurs, le tableau est tout, sauf celui propice à une sortie de crise rapide.
Pedro Pires, l’un des trois dirigeants ouest-africains à représenter la Cedeao n’avait pas été ménagé par la presse proche du Golf hôtel : le Cap-verdien était critiqué pour une posture jugée assez proche de Laurent Gbagbo. Son gouvernement avait fait publier un communiqué qui privilégiait clairement la voie du dialogue à celle d’une intervention armée. Le camp Ouattara l’aurait accusé d’avoir dévoyé la mission de la Cedeao lors de leur entrevue du 3 janvier. Pedro Pires- qui ne paraissait pas supporter de telles accusations- aurait menacé de sortir de la médiation.
Côté Laurent Gbagbo. On a eu des raisons de prendre avec méfiance la désignation de Raila Odinga en qualité de médiateur de l’Ua. Le premier ministre kenyan avait clairement affiché ses convictions sur la crise le 17 décembre à Nairobi : Laurent Gbagbo doit partir ou être délogé, par la force si besoin. « Le monde ne peut attendre de M. Gbagbo qu’il agisse dans l’intérêt de la démocratie ou qu’il prenne des décisions en faveur de son peuple. Il faut dès lors prendre une décision pour lui », avait déclaré Raila Odinga. Il n’est pas nécessairement l’émissaire qu’aurait souhaité Laurent Gbagbo et son entourage si l’on considère que son impartialité était sujette à caution.
Les tentatives pour arriver à une solution durable à la crise post-électorale ne sont en définitive facilitées ni par l’abondance de médiateurs ni par la suspicion qui pèse sur certains parmi les dirigeants africains appelés à la rescousse.

Kisselminan COULIBALY
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