Dans cette interview, le président de l’Union des nouvelles générations (Ung) s’élève contre l’agression de l’extérieur faite à la souveraineté ivoirienne et propose une voie de sortie de la crise.
Président, l’Union européenne (Ue) vient de vous inscrire sur sa liste de sanctions, au motif que vous incitez à la haine, à la violence et à la xénophobie. Qu’est-ce que cela vous inspire-t-il ?
J’aurais vraiment aimé ne pas avoir à en parler, parce que cela pourrait paraître comme une justification ou un plaidoyer. Il faut comprendre comme les initiateurs mêmes des sanctions l’ont signifié, que celles-ci sont destinées à faire pression sur le Président Laurent Gbagbo pour l’amener à partir du pouvoir. Sur cette liste, il y a tout le gouvernement de Laurent Gbagbo, les membres du Conseil constitutionnel, des hommes de médias et des leaders d’opinion. Je suis heureux de constater tout modestement que je fais partie de ces leaders d’opinion dont les têtes sont mises à prix pour que Laurent Gbagbo quitte le pouvoir. Mais encore une fois, toute cette fougue, à la limite du zèle, indique clairement la nature de ce qui se passe actuellement. On veut nous condamner à l’inaction, et on veut également nous enlever le droit à la parole. Pour une crise post-électorale, c’est un peu fort.
Vous êtes monté récemment au créneau pour inviter la communauté internationale à voir d’un autre œil, la crise qui secoue la Côte d’Ivoire. Au regard du développement de l’actualité, pensez-vous avoir été entendu ?
Le temps est en train de faire son œuvre, parce que les gens commencent à comprendre que la Côte d’Ivoire n’est pas un Etat vassal de la France. Je crois même que l’étau se resserre progressivement autour de Sarkozy qui est à la vérité, le responsable de cette nouvelle situation de crise. Malheureusement, la communauté internationale ne sait plus comment faire machine arrière dans sa logique de coup de force. Elle a réussi à emballer la Cedeao qui a décidé du recours à la force au cas où le Président Laurent Gbagbo refusait de quitter le pouvoir au profit du candidat du Rdr…
Alors quelle appréciation faites-vous de cette situation ?
Je constate que la sagesse commence à habiter tout le monde. Personnellement, je ne comprends pas comment le peuple de Côte d’Ivoire se reconnaîtra dans un Président installé par la force, c'est-à-dire un Président qu’il n’aura pas choisi. Le recours à la force, le cas échéant par la Cedeao, est une décision qui lui a été dictée en réalité par la France, les Etats-Unis et bien d’autres. C’est une tentative de coup de force, qui n’est ni plus ni moins que le prolongement de la rébellion qui a commencé depuis septembre 2002.
D’aucuns pensent qu’il s’agit tout simplement d’un contentieux électoral qu’il faille vider. Pourquoi soutenez-vous donc qu’il s’agit du prolongement de la crise de 2002 ?
Vous avez dû remarquer que les protagonistes de la crise actuelle, sont les mêmes que ceux de la crise de 2002. Il y a d’un côté, Laurent Gbagbo et le peuple de Côte d’Ivoire. De l’autre, Alassane Ouattara, propriétaire de la rébellion, Guillaume Soro Secrétaire général de ladite rébellion et la communauté internationale. On a tous remarqué comment en quelques heures seulement, Guillaume Soro a troqué sa veste de Premier ministre contre celle de chef de guerre. Les propos incendiaires ont repris de plus belle, comme quand il était à Bouaké en 2002. On a assisté à des affrontements entre les soldats de Soro et ceux de l’armée républicaine. Que les forces nouvelles aient cherché à occuper de nouvelles positions, c’est un peu gros pour une crise post-électorale. Elles occupent désormais Bangolo et on les a vus croiser le feu avec les Fds à Tiébissou.
La majorité présidentielle parle de complot contre Laurent Gbagbo. Qu’est-ce qui justifierait ce complot, selon vous ?
Il faut le demander à ceux qui accordent des accréditations aux Ambassadeurs d’une «République du Golf» dont les décrets n’ont aucune emprise sur la vie des Ivoiriens. Il faut le demander à ceux qui brouillent les canaux de diffusion de notre télévision nationale. Il faut aussi le demander à ceux qui prolongent le mandat des Forces onusiennes et de la Force Licorne, alors que la Côte d’Ivoire n’en veut plus. Ces faits pour ne citer que ceux-là, portent véritablement atteinte à notre souveraineté, c’est pourquoi, cette crise ne peut être pour moi, une crise post-électorale. C’est une agression extérieure que subit notre souveraineté.
Qu’est-ce qui a bien pu se passer pour que le monde entier se ligue ainsi contre Laurent Gbagbo ?
Les Etats n’ont pas d’amis, ils ont des intérêts. Je peux comprendre que les intérêts de certains ne puissent pas s’accorder avec les nôtres. Mais cela ne peut justifier un coup de force. On ne résout rien avec la force. Et puis, ce n’est pas toujours que la force se trouve du côté des agresseurs. On a vu ce que cela a donné en 1954 avec la défaite de la France à Dien Bien Phu. Cette bataille a opposé les Forces françaises aux Forces vietnamiennes commandées par le Général Giap.
Au cours de la toute récente rencontre que vous avez eue avec les délégués Ung d’Abidjan, vous avez demandé au Président Sarkozy de suivre les conseils de Dominique de Villepin. Est-ce à dire que vous épousez le point de vue de de Villepin sur la nouvelle crise ivoirienne ?
Nullement, parce que comme tous les autres, de Villepin admet que c’est Alassane Ouattara, le Président démocratiquement élu. Cela n’a pas de sens, parce que ce point de vue piétine notre souveraineté. En Côte d’Ivoire, il n’y a pas de Président élu que de Président proclamé par le Conseil constitutionnel. En revanche, il a pour lui au moins, l’avantage de se soucier des pertes en vies humaines qu’occasionnerait une opération militaire. C’est précisément en cela que je demande à Sarkozy de faire preuve de clairvoyance, parce qu’il y a près de 15 000 ressortissants français qui vivent ici, en Côte d’Ivoire et un peu plus de 600 entreprises françaises.
Vos propos sont très durs vis-à-vis des Présidents français et américains, alors que les chefs d’Etat de la Cedeao soutiennent également Alassane Ouattara. Ils sont restés constants en demandant à Gbagbo de remettre le pouvoir au candidat du Rdr.
Aucun chef d’Etat africain ne soutient Ouattara à part peut-être Blaise Compaoré dont l’implication dans les problèmes de notre pays n’est plus à démontrer. Aucun Président africain n’a adressé ses félicitations à Ouattara, comme cela est d’usage pour les candidats qui gagnent des élections. Aucun ambassadeur africain n’a fait le déplacement de l’Hôtel du Golf depuis le déclenchement de cette crise. Il n’y a que ceux des Occidentaux qui vont et viennent dans cette crise. Les Occidentaux tiennent les Africains par l’économie et par la Force. De sorte que les derniers ne peuvent dire le jour, ce qu’ils pensent la nuit. Les chefs d’Etat africains se contentent donc de faire des soutiens nocturnes au risque de se voir fermer des robinets ou même de se faire renverser. Je peux donc comprendre que leur discours officiel soit une redite officielle, une sorte de photocopie conforme des diktats occidentaux. Il est cependant dommage que la sous-région manque aussi cruellement de leaders qui assument pleinement leurs convictions, un peu comme le font les Angolais. C’est pour tout cela d’ailleurs que la Côte d’Ivoire mène la lutte de la liberté. Les Etats de la Cedeao peuvent compter sur nous parce que nous leur apporterons cette liberté tant recherchée.
Accorderiez-vous donc des circonstances atténuantes aux chefs d’Etats de la Cedeao ?
C’est ce que je viens de dire à mots couverts. Cela dit, certains ont dû toucher à leur Constitution pour être candidat une énième fois et gagner à 80%. Celui du Nigeria a bénéficié des mécanismes de la Constitution pour succéder au défunt Président Umaru Yar’Adua. Cela veut dire que tout se fait avec et autour de la Constitution. Quand on en arrive à ignorer cela, cela veut dire qu’on est soit de mauvaise foi, soit qu’on est aux ordres. Je pense qu’il y a un peu des deux à la fois.
Peut-on croire que les adversaires de Gbagbo répondront favorablement à sa main tendue?
C’est dans notre intérêt commun que ce message soit entendu. Aucun sacrifice n’est trop grand pour la paix. Je sais que parmi les auteurs de cette nouvelle rébellion qui s’est installée à l’Hôtel du Golf, certains n’ont aucun intérêt à ce que les choses s’apaisent. C’est une rébellion à deux têtes. Il y a d’un côté Alassane Ouattara qui essaie d’emballer les partis politiques comme le Pdci. Il y a de l’autre, Guillaume Soro et les Forces nouvelles. Une de ces deux têtes, en l’occurrence Guillaume Soro a remis ses habits de chef rebelle, et c’est lui qui constitue le véritable danger et l’obstacle fondamental à une normalisation de la situation. Tout le monde sait qu’il n’a aucun avenir en dehors de cette situation insurrectionnelle.
Qu’est-ce que cela vous fait-il que M. Alassane Ouattara refuse catégoriquement le recomptage des voix ?
C’est assurément l’aveu de sa forfaiture. Je m’interroge vraiment sur les motivations d’une personnalité qui dit avoir gagné des élections, et qui refuse catégoriquement qu’on recompte les voix. C’est qu’il ne les a pas gagnées, ces élections. Nous sommes dans une situation où M. Ouattara veut faire un passage en force. Le passage en force, militairement parlant, ne lui a pas réussi en 2002. Il essaie aujourd’hui, un passage en force sous le prétexte fallacieux qu’il aurait gagné des élections. C’est vrai qu’il bénéficie du soutien non pas de la communauté internationale, mais des Présidents Sarkozy, Compaoré et Wade. Cela ne lui réussira pas, tant qu’il n’a pas le soutien des Ivoiriens.
Pensez-vous réellement que la Cedeao mettra à exécution sa menace d’intervention militaire ?
Jamais, la Cedeao ne prendra sur elle d’attaquer la Côte d’Ivoire. En dépit des déclarations intempestives, l’option militaire n’est plus à l’ordre du jour. Certains pays pourront continuer à servir de base arrière, comme ils l’ont toujours fait. Ils pourront toujours fournir des mercenaires pour attaquer la Côte d’Ivoire. C’est la même situation que nous avons vécue en 2002 qui revient. Mais comme en 2002, cette nouvelle rébellion échouera. En 2002, la rébellion était censée renverser Laurent Gbagbo, en quelques jours seulement. Aujourd’hui encore, ce qui était prévu en deux ou trois jours est en train de s’éterniser. Le temps que cette opération a déjà mis, traduit d’ores et déjà son échec. Pour me résumer, il n’y aura pas d’intervention militaire en Côte d’Ivoire. Même la France qui donnait les ultimatums, se refuse d’envisager une opération militaire.
Pour autant, la communauté internationale maintient et même renforce les pressions. Comment sortir de cet étau qui se resserre progressivement ?
Pour imager, je vous dirai que nous sommes devant un hold-up qui prend du temps. La police a donc eu le temps de quadriller le secteur et les cambrioleurs sont enfermés dans la banque. Comment en sortir ? Cette image résume au mieux la situation de ceux, qui au mépris de nos lois, ont voulu s’arroger le pouvoir d’Etat. Les commanditaires mettent la pression sur les autorités pour que les cambrioleurs puissent sortir de la banque.
Il n’empêche qu’avec les sanctions, le gouvernement de Laurent Gbagbo aura de plus en plus de mal à fonctionner…
J’ai une autre lecture de la situation. Avec les mesures qu’elle a déjà prises, la communauté internationale est allée tellement loin, qu’elle ne sait plus comment faire machine arrière. C’est à nous Ivoiriens qu’il revient de ramener les choses à leur juste proportion, pour lui permettre de desserrer sans honte, l’étau dans lequel, elle comptait enfermer injustement notre pays. La communauté internationale a déjà eu à faire machine arrière avec l’Accord politique de Ouagadougou (Apo), qu’elle avait fini par endosser, après les échecs retentissants des résolutions de l’Onu. Elle peut toujours le refaire, à condition bien sûr, que nous Ivoiriens, arrivions à lui offrir des passerelles, c'est-à-dire l’occasion de sortir de ce bourbier. C’est là que notre responsabilité en tant qu’Ivoiriens est engagée.
Comment voyez-vous aujourd’hui, la sortie de cette crise ?
Le Président de la République a déjà tracé les sillons de ce qui pourrait nous sortir de la crise. Asseyons-nous et discutons. Toute la solution se trouve dans l’aptitude de l’opposition politique et armée de saisir la main tendue du Président de la République. Bien entendu, le chef de l’Etat fait allusion à un dialogue entre les Ivoiriens. Personnellement, je propose une médiation conduite par nos chefs traditionnels et religieux.
Vous êtes vraisemblablement partisan d’une solution entre Ivoiriens, alors que les fils du dialogue entre les protagonistes sont rompus depuis la proclamation des résultats du 2nd tour. Comment pensez-vous dans ces conditions, articuler un dialogue entre Ivoiriens, sans une médiation étrangère ?
Il faut trouver un modus vivendi à cette situation qui n’honore personne, encore moins la communauté internationale. Je pense sincèrement que la solution viendra des Ivoiriens, parce qu’avec la communauté internationale, on ne fera que s’embourber. En tant qu’acteur politique, je m’interroge énormément sur certaines choses. Depuis le début de la crise, nous avons accueilli Thabo Mbeki, Jean Ping de même que les présidents Yayi Boni, Ernest Koroma et Pedro Pires qui viennent de partir. Pourquoi n’avons-nous jamais eu les suites des missions de Mbeki ou de Jean Ping ? L’heure des concessions a sonné. Je crois que le président du Pdci-Rda peut jouer un rôle essentiel en facilitant la médiation qui pourrait être menée par les chefs religieux et traditionnels.
Pensez-vous vraiment que M. Bédié se prêtera à cette mission ?
C’est une voie à explorer. Dans tous les cas, cette voie me paraît plus intéressante que la solution du corps expéditionnaire de la Cedeao. Bédié a le profil qu’il faut pour faire avancer les choses. Il a été une sorte d’arbitre pour le second tour. Il peut donc valablement accompagner la médiation de la crise qui en découle. Ancien chef d’Etat renversé par un coup d’Etat militaire, candidat malheureux au premier tour, il reste le chef d’un parti politique dont les positions comptent dans ce pays. Je crois qu’il doit se débarrasser de sa posture d’acteur de la crise pour emprunter celle d’un facilitateur. On se rappelle qu’il avait grandement contribué à désamorcer une marche insurrectionnelle, que le Rdr, avait voulu mener dans le cadre du Rhdp. Ce dont je vous parle, c’est de responsabilité. Je pense que M. Bédié peut et doit prendre les siennes.
M. Bédié vous entendra-t-il avec le siège de son parti qui est actuellement occupé par la police ?
Je lui demande justement d’avoir une posture nationale, plutôt qu’une posture partisane. Il n’y a jamais eu d’incidents entre les Forces de défense et de sécurité et le siège du Pdci-Rda. Il faut reconnaître que depuis le deuxième tour, ce siège a accueilli beaucoup d’activistes du Rdr qui ont fini par attirer l’attention des autorités policières. Ce qui s’est passé n’est pas une action dirigée contre un parti politique, autrement les sièges Pdci du Plateau et de Treichville auraient été visités. C’est une action ponctuelle sur un site donné pour repaire d’activistes. M. Bédié peut bien comprendre cela, et se mettre au-dessus de la mêlée pour apporter sa contribution au retour de la paix.
Que pensez-vous de l’injonction faite par les ministres de l’Uemoa à la Bceao de ne plus reconnaître la signature du Président Laurent Gbagbo ?
Les ministres de l’Economie et des Finances de l’Uemoa ont outrepassé leurs compétences. Dans tous les cas, ce qui se passe n’est que la suite logique des pressions dont leurs chefs respectifs, sont l’objet. Cette décision pourrait se retourner contre eux, parce que de toutes les façons, la Côte d’Ivoire ne pouvait pas rester indéfiniment dans cet ensemble où elle représente plus de 40%, sans songer à battre monnaie. Nous aurions tôt ou tard pensé à créer notre propre monnaie. Cette crise accélère les données, tant et si bien qu’il va falloir créer un comité d’experts pour réfléchir sérieusement à sa conception et à sa mise en œuvre. Je reste convaincu que cette monnaie aura une valeur plus forte que le Cfa, et qu’elle nous permettra de faire résolument un pas décisif vers notre développement.
A propos du Conseil des ministres de l’Uemoa, est-il vrai que c’est M. Charles Diby qui y siège pour la Côte d’Ivoire, et non Désiré Dallo ?
Je suis mal placé pour le savoir, puisque je n’assiste pas au Conseil des ministres de l’Uemoa. Dans tous les cas, cela fait partie des machinations et autres manipulations de la France qui met une pression indescriptible sur nos chefs d’Etat. Si elle continue ainsi, elle finira par tuer économiquement, les autres pays membres de la zone Uemoa, qui supportent déjà difficilement les conséquences de la crise actuelle. C’est une chose évidente, parce que sa pression pourrait conduire la Côte d’Ivoire à sortir de cet ensemble, pour se donner de véritables outils pour son développement.
Quel appel lanceriez-vous aux Ivoiriens devant cette situation qui perdure?
J’invite les Ivoiriens au calme et surtout à la sérénité parce que Dieu est au contrôle. La Côte d’Ivoire reste une terre de paix. Mais cette paix, nous n’arriverons à la préserver qu’en nous considérant comme les enfants d’une même patrie. Restons à l’écoute du Président Laurent Gbagbo. Ce n’est pas son fauteuil qui est en jeu. C’est notre souveraineté qui est attaquée. Il a déjà tendu la main à l’opposition. Celle-ci doit prendre la pleine mesure de la situation et jouer elle aussi sa partition pour que nous retrouvions la paix.
Les élections ont eu lieu en 2010, et nous sommes aujourd’hui, en 2011. Pensez-vous que cette crise s’installera dans la durée ?
Cela dépendra de nos capacités respectives à comprendre que personne ne règlera nos problèmes à notre place. La question que vous me posez me permet de rebondir sur cette nouvelle année. Mais avant, je voudrais exprimer toute ma compassion aux familles endeuillées par cette nouvelle crise. Je m’associe à tous ceux qui pour avoir placé un espoir en cette élection comme sortie de crise, sont aujourd’hui, meurtris et attristés par tout ce qui se passe. A tous ceux-là, j’aimerais dire que demain sera meilleur, parce qu’il faut que demain soit meilleur. Je voudrais donc souhaiter une bonne et heureuse année à tous les Ivoiriens. Que cette nouvelle année nous apporte la paix, qu’elle nous rassemble en tant que fils d’une même et seule Nation, et qu’elle nous donne les armes et la force d’affronter les défis du développement. Les attentes sont énormes et elles ont pour noms : l’emploi, l’accès aux soins de santé, le renouvellement de nos infrastructures, la sécurité des personnes et des biens. De tout cela, il n’y a aucune place pour les déchirements et les conflits. Nos réponses doivent donc s’affranchir des bruits de bottes et des dictats de l’extérieur pour une meilleure prise en compte de nos préoccupations. Que 2011 nous éclaire dans notre prétention à travailler pour le développement de notre pays. Je l’ai dit et je le répéte, aucun pays n’a pu véritablement se consacrer à son développement sans avoir gagné le combat de la liberté. 2011 nous y aidera, parce que notre génération doit pouvoir mener le combat de son époque: celui de la liberté, condition sine qua non du développement. A toutes et à tous, je souhaite une bonne et heureuse année 2011.
Frimo D. Koukou
Président, l’Union européenne (Ue) vient de vous inscrire sur sa liste de sanctions, au motif que vous incitez à la haine, à la violence et à la xénophobie. Qu’est-ce que cela vous inspire-t-il ?
J’aurais vraiment aimé ne pas avoir à en parler, parce que cela pourrait paraître comme une justification ou un plaidoyer. Il faut comprendre comme les initiateurs mêmes des sanctions l’ont signifié, que celles-ci sont destinées à faire pression sur le Président Laurent Gbagbo pour l’amener à partir du pouvoir. Sur cette liste, il y a tout le gouvernement de Laurent Gbagbo, les membres du Conseil constitutionnel, des hommes de médias et des leaders d’opinion. Je suis heureux de constater tout modestement que je fais partie de ces leaders d’opinion dont les têtes sont mises à prix pour que Laurent Gbagbo quitte le pouvoir. Mais encore une fois, toute cette fougue, à la limite du zèle, indique clairement la nature de ce qui se passe actuellement. On veut nous condamner à l’inaction, et on veut également nous enlever le droit à la parole. Pour une crise post-électorale, c’est un peu fort.
Vous êtes monté récemment au créneau pour inviter la communauté internationale à voir d’un autre œil, la crise qui secoue la Côte d’Ivoire. Au regard du développement de l’actualité, pensez-vous avoir été entendu ?
Le temps est en train de faire son œuvre, parce que les gens commencent à comprendre que la Côte d’Ivoire n’est pas un Etat vassal de la France. Je crois même que l’étau se resserre progressivement autour de Sarkozy qui est à la vérité, le responsable de cette nouvelle situation de crise. Malheureusement, la communauté internationale ne sait plus comment faire machine arrière dans sa logique de coup de force. Elle a réussi à emballer la Cedeao qui a décidé du recours à la force au cas où le Président Laurent Gbagbo refusait de quitter le pouvoir au profit du candidat du Rdr…
Alors quelle appréciation faites-vous de cette situation ?
Je constate que la sagesse commence à habiter tout le monde. Personnellement, je ne comprends pas comment le peuple de Côte d’Ivoire se reconnaîtra dans un Président installé par la force, c'est-à-dire un Président qu’il n’aura pas choisi. Le recours à la force, le cas échéant par la Cedeao, est une décision qui lui a été dictée en réalité par la France, les Etats-Unis et bien d’autres. C’est une tentative de coup de force, qui n’est ni plus ni moins que le prolongement de la rébellion qui a commencé depuis septembre 2002.
D’aucuns pensent qu’il s’agit tout simplement d’un contentieux électoral qu’il faille vider. Pourquoi soutenez-vous donc qu’il s’agit du prolongement de la crise de 2002 ?
Vous avez dû remarquer que les protagonistes de la crise actuelle, sont les mêmes que ceux de la crise de 2002. Il y a d’un côté, Laurent Gbagbo et le peuple de Côte d’Ivoire. De l’autre, Alassane Ouattara, propriétaire de la rébellion, Guillaume Soro Secrétaire général de ladite rébellion et la communauté internationale. On a tous remarqué comment en quelques heures seulement, Guillaume Soro a troqué sa veste de Premier ministre contre celle de chef de guerre. Les propos incendiaires ont repris de plus belle, comme quand il était à Bouaké en 2002. On a assisté à des affrontements entre les soldats de Soro et ceux de l’armée républicaine. Que les forces nouvelles aient cherché à occuper de nouvelles positions, c’est un peu gros pour une crise post-électorale. Elles occupent désormais Bangolo et on les a vus croiser le feu avec les Fds à Tiébissou.
La majorité présidentielle parle de complot contre Laurent Gbagbo. Qu’est-ce qui justifierait ce complot, selon vous ?
Il faut le demander à ceux qui accordent des accréditations aux Ambassadeurs d’une «République du Golf» dont les décrets n’ont aucune emprise sur la vie des Ivoiriens. Il faut le demander à ceux qui brouillent les canaux de diffusion de notre télévision nationale. Il faut aussi le demander à ceux qui prolongent le mandat des Forces onusiennes et de la Force Licorne, alors que la Côte d’Ivoire n’en veut plus. Ces faits pour ne citer que ceux-là, portent véritablement atteinte à notre souveraineté, c’est pourquoi, cette crise ne peut être pour moi, une crise post-électorale. C’est une agression extérieure que subit notre souveraineté.
Qu’est-ce qui a bien pu se passer pour que le monde entier se ligue ainsi contre Laurent Gbagbo ?
Les Etats n’ont pas d’amis, ils ont des intérêts. Je peux comprendre que les intérêts de certains ne puissent pas s’accorder avec les nôtres. Mais cela ne peut justifier un coup de force. On ne résout rien avec la force. Et puis, ce n’est pas toujours que la force se trouve du côté des agresseurs. On a vu ce que cela a donné en 1954 avec la défaite de la France à Dien Bien Phu. Cette bataille a opposé les Forces françaises aux Forces vietnamiennes commandées par le Général Giap.
Au cours de la toute récente rencontre que vous avez eue avec les délégués Ung d’Abidjan, vous avez demandé au Président Sarkozy de suivre les conseils de Dominique de Villepin. Est-ce à dire que vous épousez le point de vue de de Villepin sur la nouvelle crise ivoirienne ?
Nullement, parce que comme tous les autres, de Villepin admet que c’est Alassane Ouattara, le Président démocratiquement élu. Cela n’a pas de sens, parce que ce point de vue piétine notre souveraineté. En Côte d’Ivoire, il n’y a pas de Président élu que de Président proclamé par le Conseil constitutionnel. En revanche, il a pour lui au moins, l’avantage de se soucier des pertes en vies humaines qu’occasionnerait une opération militaire. C’est précisément en cela que je demande à Sarkozy de faire preuve de clairvoyance, parce qu’il y a près de 15 000 ressortissants français qui vivent ici, en Côte d’Ivoire et un peu plus de 600 entreprises françaises.
Vos propos sont très durs vis-à-vis des Présidents français et américains, alors que les chefs d’Etat de la Cedeao soutiennent également Alassane Ouattara. Ils sont restés constants en demandant à Gbagbo de remettre le pouvoir au candidat du Rdr.
Aucun chef d’Etat africain ne soutient Ouattara à part peut-être Blaise Compaoré dont l’implication dans les problèmes de notre pays n’est plus à démontrer. Aucun Président africain n’a adressé ses félicitations à Ouattara, comme cela est d’usage pour les candidats qui gagnent des élections. Aucun ambassadeur africain n’a fait le déplacement de l’Hôtel du Golf depuis le déclenchement de cette crise. Il n’y a que ceux des Occidentaux qui vont et viennent dans cette crise. Les Occidentaux tiennent les Africains par l’économie et par la Force. De sorte que les derniers ne peuvent dire le jour, ce qu’ils pensent la nuit. Les chefs d’Etat africains se contentent donc de faire des soutiens nocturnes au risque de se voir fermer des robinets ou même de se faire renverser. Je peux donc comprendre que leur discours officiel soit une redite officielle, une sorte de photocopie conforme des diktats occidentaux. Il est cependant dommage que la sous-région manque aussi cruellement de leaders qui assument pleinement leurs convictions, un peu comme le font les Angolais. C’est pour tout cela d’ailleurs que la Côte d’Ivoire mène la lutte de la liberté. Les Etats de la Cedeao peuvent compter sur nous parce que nous leur apporterons cette liberté tant recherchée.
Accorderiez-vous donc des circonstances atténuantes aux chefs d’Etats de la Cedeao ?
C’est ce que je viens de dire à mots couverts. Cela dit, certains ont dû toucher à leur Constitution pour être candidat une énième fois et gagner à 80%. Celui du Nigeria a bénéficié des mécanismes de la Constitution pour succéder au défunt Président Umaru Yar’Adua. Cela veut dire que tout se fait avec et autour de la Constitution. Quand on en arrive à ignorer cela, cela veut dire qu’on est soit de mauvaise foi, soit qu’on est aux ordres. Je pense qu’il y a un peu des deux à la fois.
Peut-on croire que les adversaires de Gbagbo répondront favorablement à sa main tendue?
C’est dans notre intérêt commun que ce message soit entendu. Aucun sacrifice n’est trop grand pour la paix. Je sais que parmi les auteurs de cette nouvelle rébellion qui s’est installée à l’Hôtel du Golf, certains n’ont aucun intérêt à ce que les choses s’apaisent. C’est une rébellion à deux têtes. Il y a d’un côté Alassane Ouattara qui essaie d’emballer les partis politiques comme le Pdci. Il y a de l’autre, Guillaume Soro et les Forces nouvelles. Une de ces deux têtes, en l’occurrence Guillaume Soro a remis ses habits de chef rebelle, et c’est lui qui constitue le véritable danger et l’obstacle fondamental à une normalisation de la situation. Tout le monde sait qu’il n’a aucun avenir en dehors de cette situation insurrectionnelle.
Qu’est-ce que cela vous fait-il que M. Alassane Ouattara refuse catégoriquement le recomptage des voix ?
C’est assurément l’aveu de sa forfaiture. Je m’interroge vraiment sur les motivations d’une personnalité qui dit avoir gagné des élections, et qui refuse catégoriquement qu’on recompte les voix. C’est qu’il ne les a pas gagnées, ces élections. Nous sommes dans une situation où M. Ouattara veut faire un passage en force. Le passage en force, militairement parlant, ne lui a pas réussi en 2002. Il essaie aujourd’hui, un passage en force sous le prétexte fallacieux qu’il aurait gagné des élections. C’est vrai qu’il bénéficie du soutien non pas de la communauté internationale, mais des Présidents Sarkozy, Compaoré et Wade. Cela ne lui réussira pas, tant qu’il n’a pas le soutien des Ivoiriens.
Pensez-vous réellement que la Cedeao mettra à exécution sa menace d’intervention militaire ?
Jamais, la Cedeao ne prendra sur elle d’attaquer la Côte d’Ivoire. En dépit des déclarations intempestives, l’option militaire n’est plus à l’ordre du jour. Certains pays pourront continuer à servir de base arrière, comme ils l’ont toujours fait. Ils pourront toujours fournir des mercenaires pour attaquer la Côte d’Ivoire. C’est la même situation que nous avons vécue en 2002 qui revient. Mais comme en 2002, cette nouvelle rébellion échouera. En 2002, la rébellion était censée renverser Laurent Gbagbo, en quelques jours seulement. Aujourd’hui encore, ce qui était prévu en deux ou trois jours est en train de s’éterniser. Le temps que cette opération a déjà mis, traduit d’ores et déjà son échec. Pour me résumer, il n’y aura pas d’intervention militaire en Côte d’Ivoire. Même la France qui donnait les ultimatums, se refuse d’envisager une opération militaire.
Pour autant, la communauté internationale maintient et même renforce les pressions. Comment sortir de cet étau qui se resserre progressivement ?
Pour imager, je vous dirai que nous sommes devant un hold-up qui prend du temps. La police a donc eu le temps de quadriller le secteur et les cambrioleurs sont enfermés dans la banque. Comment en sortir ? Cette image résume au mieux la situation de ceux, qui au mépris de nos lois, ont voulu s’arroger le pouvoir d’Etat. Les commanditaires mettent la pression sur les autorités pour que les cambrioleurs puissent sortir de la banque.
Il n’empêche qu’avec les sanctions, le gouvernement de Laurent Gbagbo aura de plus en plus de mal à fonctionner…
J’ai une autre lecture de la situation. Avec les mesures qu’elle a déjà prises, la communauté internationale est allée tellement loin, qu’elle ne sait plus comment faire machine arrière. C’est à nous Ivoiriens qu’il revient de ramener les choses à leur juste proportion, pour lui permettre de desserrer sans honte, l’étau dans lequel, elle comptait enfermer injustement notre pays. La communauté internationale a déjà eu à faire machine arrière avec l’Accord politique de Ouagadougou (Apo), qu’elle avait fini par endosser, après les échecs retentissants des résolutions de l’Onu. Elle peut toujours le refaire, à condition bien sûr, que nous Ivoiriens, arrivions à lui offrir des passerelles, c'est-à-dire l’occasion de sortir de ce bourbier. C’est là que notre responsabilité en tant qu’Ivoiriens est engagée.
Comment voyez-vous aujourd’hui, la sortie de cette crise ?
Le Président de la République a déjà tracé les sillons de ce qui pourrait nous sortir de la crise. Asseyons-nous et discutons. Toute la solution se trouve dans l’aptitude de l’opposition politique et armée de saisir la main tendue du Président de la République. Bien entendu, le chef de l’Etat fait allusion à un dialogue entre les Ivoiriens. Personnellement, je propose une médiation conduite par nos chefs traditionnels et religieux.
Vous êtes vraisemblablement partisan d’une solution entre Ivoiriens, alors que les fils du dialogue entre les protagonistes sont rompus depuis la proclamation des résultats du 2nd tour. Comment pensez-vous dans ces conditions, articuler un dialogue entre Ivoiriens, sans une médiation étrangère ?
Il faut trouver un modus vivendi à cette situation qui n’honore personne, encore moins la communauté internationale. Je pense sincèrement que la solution viendra des Ivoiriens, parce qu’avec la communauté internationale, on ne fera que s’embourber. En tant qu’acteur politique, je m’interroge énormément sur certaines choses. Depuis le début de la crise, nous avons accueilli Thabo Mbeki, Jean Ping de même que les présidents Yayi Boni, Ernest Koroma et Pedro Pires qui viennent de partir. Pourquoi n’avons-nous jamais eu les suites des missions de Mbeki ou de Jean Ping ? L’heure des concessions a sonné. Je crois que le président du Pdci-Rda peut jouer un rôle essentiel en facilitant la médiation qui pourrait être menée par les chefs religieux et traditionnels.
Pensez-vous vraiment que M. Bédié se prêtera à cette mission ?
C’est une voie à explorer. Dans tous les cas, cette voie me paraît plus intéressante que la solution du corps expéditionnaire de la Cedeao. Bédié a le profil qu’il faut pour faire avancer les choses. Il a été une sorte d’arbitre pour le second tour. Il peut donc valablement accompagner la médiation de la crise qui en découle. Ancien chef d’Etat renversé par un coup d’Etat militaire, candidat malheureux au premier tour, il reste le chef d’un parti politique dont les positions comptent dans ce pays. Je crois qu’il doit se débarrasser de sa posture d’acteur de la crise pour emprunter celle d’un facilitateur. On se rappelle qu’il avait grandement contribué à désamorcer une marche insurrectionnelle, que le Rdr, avait voulu mener dans le cadre du Rhdp. Ce dont je vous parle, c’est de responsabilité. Je pense que M. Bédié peut et doit prendre les siennes.
M. Bédié vous entendra-t-il avec le siège de son parti qui est actuellement occupé par la police ?
Je lui demande justement d’avoir une posture nationale, plutôt qu’une posture partisane. Il n’y a jamais eu d’incidents entre les Forces de défense et de sécurité et le siège du Pdci-Rda. Il faut reconnaître que depuis le deuxième tour, ce siège a accueilli beaucoup d’activistes du Rdr qui ont fini par attirer l’attention des autorités policières. Ce qui s’est passé n’est pas une action dirigée contre un parti politique, autrement les sièges Pdci du Plateau et de Treichville auraient été visités. C’est une action ponctuelle sur un site donné pour repaire d’activistes. M. Bédié peut bien comprendre cela, et se mettre au-dessus de la mêlée pour apporter sa contribution au retour de la paix.
Que pensez-vous de l’injonction faite par les ministres de l’Uemoa à la Bceao de ne plus reconnaître la signature du Président Laurent Gbagbo ?
Les ministres de l’Economie et des Finances de l’Uemoa ont outrepassé leurs compétences. Dans tous les cas, ce qui se passe n’est que la suite logique des pressions dont leurs chefs respectifs, sont l’objet. Cette décision pourrait se retourner contre eux, parce que de toutes les façons, la Côte d’Ivoire ne pouvait pas rester indéfiniment dans cet ensemble où elle représente plus de 40%, sans songer à battre monnaie. Nous aurions tôt ou tard pensé à créer notre propre monnaie. Cette crise accélère les données, tant et si bien qu’il va falloir créer un comité d’experts pour réfléchir sérieusement à sa conception et à sa mise en œuvre. Je reste convaincu que cette monnaie aura une valeur plus forte que le Cfa, et qu’elle nous permettra de faire résolument un pas décisif vers notre développement.
A propos du Conseil des ministres de l’Uemoa, est-il vrai que c’est M. Charles Diby qui y siège pour la Côte d’Ivoire, et non Désiré Dallo ?
Je suis mal placé pour le savoir, puisque je n’assiste pas au Conseil des ministres de l’Uemoa. Dans tous les cas, cela fait partie des machinations et autres manipulations de la France qui met une pression indescriptible sur nos chefs d’Etat. Si elle continue ainsi, elle finira par tuer économiquement, les autres pays membres de la zone Uemoa, qui supportent déjà difficilement les conséquences de la crise actuelle. C’est une chose évidente, parce que sa pression pourrait conduire la Côte d’Ivoire à sortir de cet ensemble, pour se donner de véritables outils pour son développement.
Quel appel lanceriez-vous aux Ivoiriens devant cette situation qui perdure?
J’invite les Ivoiriens au calme et surtout à la sérénité parce que Dieu est au contrôle. La Côte d’Ivoire reste une terre de paix. Mais cette paix, nous n’arriverons à la préserver qu’en nous considérant comme les enfants d’une même patrie. Restons à l’écoute du Président Laurent Gbagbo. Ce n’est pas son fauteuil qui est en jeu. C’est notre souveraineté qui est attaquée. Il a déjà tendu la main à l’opposition. Celle-ci doit prendre la pleine mesure de la situation et jouer elle aussi sa partition pour que nous retrouvions la paix.
Les élections ont eu lieu en 2010, et nous sommes aujourd’hui, en 2011. Pensez-vous que cette crise s’installera dans la durée ?
Cela dépendra de nos capacités respectives à comprendre que personne ne règlera nos problèmes à notre place. La question que vous me posez me permet de rebondir sur cette nouvelle année. Mais avant, je voudrais exprimer toute ma compassion aux familles endeuillées par cette nouvelle crise. Je m’associe à tous ceux qui pour avoir placé un espoir en cette élection comme sortie de crise, sont aujourd’hui, meurtris et attristés par tout ce qui se passe. A tous ceux-là, j’aimerais dire que demain sera meilleur, parce qu’il faut que demain soit meilleur. Je voudrais donc souhaiter une bonne et heureuse année à tous les Ivoiriens. Que cette nouvelle année nous apporte la paix, qu’elle nous rassemble en tant que fils d’une même et seule Nation, et qu’elle nous donne les armes et la force d’affronter les défis du développement. Les attentes sont énormes et elles ont pour noms : l’emploi, l’accès aux soins de santé, le renouvellement de nos infrastructures, la sécurité des personnes et des biens. De tout cela, il n’y a aucune place pour les déchirements et les conflits. Nos réponses doivent donc s’affranchir des bruits de bottes et des dictats de l’extérieur pour une meilleure prise en compte de nos préoccupations. Que 2011 nous éclaire dans notre prétention à travailler pour le développement de notre pays. Je l’ai dit et je le répéte, aucun pays n’a pu véritablement se consacrer à son développement sans avoir gagné le combat de la liberté. 2011 nous y aidera, parce que notre génération doit pouvoir mener le combat de son époque: celui de la liberté, condition sine qua non du développement. A toutes et à tous, je souhaite une bonne et heureuse année 2011.
Frimo D. Koukou