Le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme a annoncé, mardi, qu’il gelait “jusqu’à nouvel ordre” le déboursement de fonds pour ses principaux programmes en Côte d’Ivoire en raison de “l’instabilité politique” du pays. “En raison de l’instabilité politique actuelle, le secrétariat du Fonds mondial a décidé de prendre un certain nombre de mesures parmi lesquelles le gel des déboursements aux récipiendaires principaux des programmes du Fonds et ce jusqu’à nouvel ordre”, a expliqué une porte-parole du Fonds, Véronique Taveau, lors d’un point-presse. Le pays, qui traverse une crise politique depuis les élections présidentielles du 28 novembre, a été placé sous “ce que nous appelons la Politique de Garanties additionnelles (...), ce qui signifie un renforcement des contrôles à tous les niveaux de mise en oeuvre des programmes”, a-t-elle ajouté. Ainsi les organisations gérant les programmes financés par le Fonds, telles que l’ONG Care, le Programme de lutte contre le paludisme et le Programme national de lutte contre la tuberculose doivent désormais demander l’aval du secrétariat du Fonds avant de dépenser de l’argent, a expliqué la porte-parole. La situation épidémiologique reste assez alarmante. Dans le pays, plus de 570 000 personnes vivent avec le Vih pour plus de 47 000 décès par an. Le nombre de personnes sous traitement ARV s’établissait déjà à 72 011 en 2009. On dénombre 440 000 orphelins et enfants vulnérables du fait du sida. Le Fonds dont les programmes atteignent 163 millions d’euros en Côte d’Ivoire, continuera malgré tout “à faire en sorte que les programmes pour le paludisme et la tuberculose nécessitant une intervention d’urgence puissent être financés”, a-t-elle précisé. En côte d’Ivoire, la première cause de consultation chez les adultes et de décès chez les enfants de moins de cinq ans demeure le paludisme. 27000 enfants risquent la mort chaque année en Côte d’Ivoire. Sur 700.000 enfants nés, 82 000 risquent de mourir avant l’âge de un an dont 27 000 du fait du paludisme. L’organisation basée à Genève s’est également dit inquiète “concernant le stockage de quelque 8,6 millions de moustiquaires imprégnées qui sont arrivées récemment en Côte d’Ivoire et ne peuvent être distribuées en raison de la situation”.
Adelaïde Konin
Adelaïde Konin