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Économie Publié le vendredi 14 janvier 2011 | L’expression

Cherté de la vie - Commerçants et ménagères grognent

Les effets de la crise post électorale n’épargnent personne. Les prix des denrées alimentaires augmentent chaque jour, poussant les ménages au bord du gouffre.
Mercredi 12 janvier, il est 11 h 30. Nous sommes au grand marché de Koumassi. A l’entrée, les étals à même le sol obstruent le passage. Une fois franchi, le marché offre son décor. Les magasins de fortune sont ouverts, les tables des commerçants sont achalandées. Assises derrière leurs tables, beaucoup de femmes interpellent les quelques rares clients. D’autant plus que dans les allées du marché, il n’y a pas beaucoup de monde. Ce marché, d’habitude grouillant de monde aux premières heures de la matinée, n’avait pas encore fait son plein à 11 h. C’est que depuis la crise, les consommateurs ne s’y bousculent plus. Dame Jésus qui vend des bananes est en négociation avec une jeune fille. Au terme du négoce, elle lui cède un tas de quatre bananes plantains à 300 Fcfa au lieu de 500 Fcfa. Prix auquel elle vend depuis un moment. A l’en croire, la banane est devenue chère sur tous les marchés de la capitale. Les quatre ou trois bananes vendues à 300 Fcfa sont passées à 500 Fcfa. Une augmentation due, selon la commerçante, à la flambée du prix chez les grossistes et la rareté des camions depuis le deuxième tour des élections. « Nos clients trouvent que la banane est chère, alors que nous faisons des efforts incroyables pour eux. Figurez-vous qu’en plus d’aller chercher la banane à Adjamé ou Yopougon, à des prix élevés, nous devons payer le transport jusqu’à Koumassi, sans oublier les policiers qui nous arrêtent sur la route en nous extorquant souvent jusqu’à 5.000 Fcfa», explique dame Jésus qui dit avoir en charge quatre enfants, dont deux sont de son frère. Nous n’irons pas loin avant de tomber sur Mme Kirikié. En pleine plaidoirie devant une autre table de bananes et de manioc, elle demande une remise de 100 Fcfa sur les 300 Fcfa que coûtent les bananes. La vendeuse ne semble pas disposée à y concéder. Mais quand sa cliente décide de partir, elle cède à sa demande : « Prenez ! La banane-là, nous l’achetons chère et quand nous revendons comme ça, nous ne gagnons rien comme bénéfice », marmonne-t-elle pendant qu’elle rend la monnaie de sa cliente. Cependant, Dame Kirikié semble avoir de bonnes raisons de rationner son argent. C’est après un long soupir d’impuissance qu’elle lance : «Avant, je faisais mes courses avec 3.000 Fcfa, mais depuis peu, je ne dépense pas moins de 3.500, voire 4.000 Fcfa. Plus rien n’est abordable sur le marché. Plus les jours passent, les denrées deviennent chères », dénonce-t-elle. Comme elle, plusieurs ménagères sillonnent le marché de bout en bout. Histoire de comparer les prix avant d’acheter, poisson, tomate, piment et autres denrées. C’est le cas de dame Abollet qui, après avoir demandé le prix d’un tas de poissons fumés, a continué son chemin. Elle s’arrête devant une autre table pour finalement acheter le poisson. Certainement à un prix plus abordable. A quelques mètres, les vendeuses de fruits et légumes ne sont pas en reste.
Commerçants et consommateurs n’en peuvent plus de la flambée
C’est volontiers qu’elles crient, à l’unisson, leurs misères. La tomate de Mlle Coulibaly pourrit en grande quantité. Selon elle, face à la cherté de la vie, plusieurs personnes se sont passées de tomate et de biens d’autres produits. Le kilogramme de tomate est passé, selon elle, de 350 à 900 Fcfa. Tandis que le chou est monté de 250 à 500 Fcfa. « C’est un carton de tomate que vous voyez là. Ça coûte 25.000 à 30.000 Fcfa », explique-t-elle en indiquant la table de denrées. A l’en croire, la clientèle se fait rare. Les ménages sont essoufflés du fait de la crise. Coulibaly Bintou, détaillante d’oignon s’invite dans la conversation et hausse le ton. On aurait dit qu’elle veut se faire entendre par tout le marché. « Nous n’en pouvons plus, le sac d’oignon d’habitude vendu à 5.000 Fcfa coûte désormais 15 000 Fcfa. Et l’oignon commence d’ailleurs à manquer sur le marché. Les camions qui viennent du Burkina et du Niger, pour nous livrer l’oignon, n’arrivent plus à franchir les frontières ivoiriennes depuis la crise », fait-elle remarquer. Conséquence, le kilogramme d’oignon qui était de 400 Fcfa est aujourd’hui à 700 voire 800 Fcfa. Sangaré Mory, vendeur de viande dit, lui, avoir réduit le kilogramme de viande qu’il ramène de l’abattoir de Port-Bouët. « Depuis que le kilo de viande est passé à 2.500 Fcfa, je ne prends plus qu’entre 40 et 50 Kg», raconte le boucher. Il vend très souvent, selon lui, la viande de 50 Kg sur deux jours. Simplement parce que le prix du kilogramme de viande fait fuir, selon lui, beaucoup de personnes. Au grand marché de Treichville, où nous avons mis le cap à 12 h, les réalités sont les mêmes. A la différence de Koumassi, beaucoup de tables sont vides. Mme Sahé et son fils achètent des choux. Elle explique que 40 000 Fcfa ne suffisent plus à assurer la popote de sa famille de quatre personnes pendant un mois. Elle est obligée, selon elle, de mettre la barre à 60.000 Fcfa, non sans difficultés. La mère de quatre rejetons indique le sachet bleu que transporte son fils et ironise : « Vous voyez mon panier non ». Elle fait sans doute allusion à la boutade qui court les rues de la capitale : ‘’ le panier de la ménagère est devenu le sachet de la ménagère ‘’. Mme Konan ne dit pas autre chose. Férue de foutou, elle dit devoir acheter de la banane deux à trois fois par semaine. Parce que la banane de 1.000 Fcfa ne suffit pas à lui assurer des repas de foutou pendant la semaine. En mettant pied au marché Gouro d’Adjamé, nous constatons que les prix ne diffèrent pas de ceux pratiqués à Koumassi et Treichville. Les clients ont les mêmes plaintes à la bouche. « Bientôt nous n’aurons qu’un seul repas par jour», craint Mme Kouamé. Et une autre de renchérir : «dis plutôt qu’on ne mangera plus, parce que nos maris refusent d’augmenter la popote». En sillonnant le marché, les commerçantes n’hésitent pas à grogner. Pour eux, si rien n’est fait, les prix des denrées continueront de grimper. Il n’est pas à exclure une manifestation des consommateurs dans les jours à venir si la situation perdure.
Kuyo Anderson
Légende : Les consommateurs sont confrontés à la montée effrénée des prix des denrées alimentaires.



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