Président du conseil d’administration du Stella Club d’Adjamé, président de la Conférence des présidents, Salif Bictogo est imprégné du football ivoirien. A tout point de vue. Avant l’entame de la Ligue 1 prévue pour mars, il fait le tour d’horizons de l’actualité sportive en Côte d’Ivoire.
Quel bilan pouvez-vous faire de la saison de votre club, le Stella club d’Adjamé ?
Je voudrais commencer par présenter mes vœux les meilleurs à mes présidents et membres d’honneur, aux supporters du Stella et aux sportifs. Le bilan est mitigé. On était parti avec des arguments solides en recrutant un entraîneur de haut niveau. On a sombré après 6 journées avant de jouer les premiers rôles. Je n’accuse pas les arbitres, mais ils ont été pour beaucoup dans notre position au classement (5ème). Les gens vont plancher sur la question à la Ligue pro. On perd les demi-finales pour aller aux phases finales de l’Ufoa. Nous sommes un peu satisfaits parce que notre championnat est difficile et se maintenir n’est pas facile.
Pour vous se sont les arbitres qui vous nuisent, sinon tout était parfait…
Aucune œuvre n’est parfaite, nous avons nos responsabilités. J’ai été parfois dégoûté par des actes de certains. Il faut qu’ils se ressaisissent et que le championnat soit bien géré dans l’intérêt du football ivoirien.
Quel est l’objectif du Stella pour la saison 2011 ?
Jouer les premiers rôles. Les gens l’oublient souvent. Nous prenions le Stella en D2 en 2002, il fallait tout reconstruire. Par deux fois, on est africain. Trois ans durant, on a essayé de reconstruire, on n’y est pas arrivé à cause de l’instabilité de l’effectif. Voici deux ans que nous avons le même effectif grâce à notre centre. En 2009, on a terminé 6ème et disputé la Coupe Ufoa. Cette année on finit 5ème à un point du podium. J’espère que l’année prochaine on sera sur le podium parce qu’on a fait beaucoup de sacrifices pour conserver notre effectif. Le Stella ne peut pas rester longtemps dans l’antichambre. On a joué la Coupe Ufoa dans la douleur. J’ai financé cette compétition avec le président de la Fif que je tiens à remercier.
Au moment où les clubs ivoiriens se plaignent des difficultés financières, le Stella, l’Asec, l’Africa, la Stade, la Soa s’offrent des entraîneurs expatriés à prix d‘or. C’est paradoxal…
Au moment où le « big four » ivoirien s’attachait les services des expatriés, on n’était pas dans la situation actuelle de la FIF. Nous avons estimé qu’il faille relever un peu le niveau de nos athlètes et les discipliner. Sans faire injure à nos encadreurs nationaux. Il faut aussi compter avec la nouvelle réglementation de la Caf et de la Fifa qui exige des entraîneurs titulaires des licences A. Ces expatriés vont, en quelque sorte, aider nos jeunes frères à progresser.
La Ligue pro et les clubs ont échangé sur de plusieurs questions pour la nouvelle saison. Qu’avez-vous retenu ?
On a retenu la poule unique, avec six matches au moins dans le mois. L’objectif, finir le 31 août afin de coller au calendrier européen et des autres pays d’Afrique blanche. On reste en pleine compétition quand certains de nos ténors vont faire des tests au moment on a besoin d’eux. Il faut y mettre un terme. Ça va être dur, mais il faut faire des sacrifices pour atteindre nos objectifs.
Le sponsor MTN s’est retiré, quelle solution prévoyez-vous ?
Il faut rendre hommage à notre Fédération avec à sa tête le président Jacques Anouma. Gérer c’est prévoir. Et comme il a su prévoir, nous bénéficions des retombées de la Coupe du monde. Avec ce pécule, la fédération mettra les moyens à la disposition de la Ligue pour pouvoir démarrer le championnat dans de bonnes conditions. On avait souhaité une augmentation, mais vu la réalité, il faut déjà être heureux de garder le même montant et de permettre au championnat de se dérouler.
Le championnat sera donc financé avec l’argent du mondial…
C’est plutôt l’argent obtenu par la Fédération par le truchement du Mondial. Cet argent va nous permettre de boucler toute la saison 2011 et même de démarrer celle de 2012. Si on finit le championnat le 31 aout, le prochain peut débuter en octobre. Nous aurons une partie pour le championnat de 2012. On n’a pas d’inquiétude à ce niveau. Je pense que les sponsors viendront plus tard parce qu’ils comprendront que la fédération est très bien gérée.
Le football ne se porte pas bien. Le président de la Fif envisage d’organiser un symposium pour le remettre sur les rails…
Il ne faut pas se voiler la face. Il n’y a pas qu’au football qu’il y a problème. Au handball, au basket, etc. Le sport ivoirien ne porte pas bien dans son ensemble. Il faut y trouver des solutions. Concernant l’absence de spectateurs sur les stades, nous estimons que des chaînes de télévision nous portent préjudice. Voilà des structures dans un pays de football, avec un grand nombre d’abonnés et qui programment des matches de football aux mêmes heures que la FIF, mais qui ne montrent pas un match du championnat national. Y a problème.
Avez-vous discuté du problème avec ces chaînes?
Nous sommes en train de voir. Le football ne peut pas évoluer sans moyens. Que voulez-vous faire avec un budget de 150 millions face à une équipe comme le TP Mazembé qui a deux ou trois milliards. Il ne faut pas se voiler la face, le football est devenu une industrie. On eu une génération de joueurs avec qui on a disputé deux Mondiaux, mais on n’aura pas toujours cette génération. Pour l’équipe nationale seule, la Fédération française de football a un budget de 830 milliards de Fcfa. Ici, la fédération n’a que 4 à 5 milliards pour organiser le championnat et s’occuper des équipes nationales. Si on veut redonner à notre football ses lettres de noblesse, il faut discuter avec ces chaînes. Il y a des sociétés qui sponsorisent les clubs européens qui sont installés ici mais qui ne s’intéressent pas au sport. Il faut revoir ça. C’est pourquoi le colloque est important. Il faut le faire pour faire avancer le football. Les sports de mains se pratiquaient sur du goudron, aujourd’hui rien n’a changé. C’est pourquoi je parle d’un système. Ça m’amuse souvent de voir les ministres qui se sont succédé à la tête du ministère des sports se focaliser sur la toiture du Palais des sports ou de la pelouse du stade Houphouët Boigny. Là-bas, il y a un budget à partager. Ce n’est pas comme ça qu’on gère le sport. Il faut savoir dans quelles conditions les clubs travaillent. Le tout n’est pas de venir voir les athlètes dimanche, mais plutôt de savoir comment ils y viennent. Le ministère des sports peut faire des reformes. La plupart de nos clubs sont dans les communes. En harmonie avec le ministère de l’intérieur, demander à chaque maire d’offrir un terrain. On attend qu’on soit qualifié en Coupe du monde et inviter des gens à 4 milliards pour aller faire du tourisme.
On va terminer par des propositions concrètes…
Il faut décentraliser les stades. On peut faire un stade de 600 millions cfa par exemple à Yopougon qu’on attribue à l’Africa, ce sera plein tous les dimanches. Un autre à Abobo pour l’Asec, ce sera pareil. Les supporters ont le temps de suivre des matches européens à la télé et se rendre au terrain après. Il faut remettre les stades de l’intérieur en l’état pour que les populations s’identifient à leurs clubs. Avant quand il y avait match à Gagnoa par exemple, c’est toute la ville qui est débout. Idem à Abengourou, Daloa, Odienné. Il faut faire des cartes d’abonnement qu’on vend aux entreprises, pour la sélection ils payent demi tarif, ça va générer des recettes propres à nous. Il faut y travailler. Il faut repenser notre football à tous les niveaux. Permettre aux clubs d’avoir un terrain d’entraînement. L’Asec sera toujours champion parce qu’elle a un terrain adéquat. Des conditions de récupération que les autres équipes n’ont pas. Pour taquiner Francis Ouégnin, je dis que si j’avais leur budget je jouerais le championnat d’Europe. Nous sommes certes des associations privées, mais d’utilité publique. Nos joueurs représentent la Côte d’Ivoire. Il y a des associations privées qui sont subventionnées par l’Etat. A commencer par les partis politiques, les écoles, les universités privées. Demander aux communes de participer au développement des clubs. En Tunisie, tout ce que l’EST détient a été construit à plus de 80% par la mairie et l’Etat. Qui ont leurs représentants dans le conseil d’administration du club. Il faut tricher ce qui est bon pour pouvoir avancer. Sinon, ce n’est pas la peine de dire que nous sommes une grande nation de football avec de petits moyens.
Réalisée par Tibet Kipré
Quel bilan pouvez-vous faire de la saison de votre club, le Stella club d’Adjamé ?
Je voudrais commencer par présenter mes vœux les meilleurs à mes présidents et membres d’honneur, aux supporters du Stella et aux sportifs. Le bilan est mitigé. On était parti avec des arguments solides en recrutant un entraîneur de haut niveau. On a sombré après 6 journées avant de jouer les premiers rôles. Je n’accuse pas les arbitres, mais ils ont été pour beaucoup dans notre position au classement (5ème). Les gens vont plancher sur la question à la Ligue pro. On perd les demi-finales pour aller aux phases finales de l’Ufoa. Nous sommes un peu satisfaits parce que notre championnat est difficile et se maintenir n’est pas facile.
Pour vous se sont les arbitres qui vous nuisent, sinon tout était parfait…
Aucune œuvre n’est parfaite, nous avons nos responsabilités. J’ai été parfois dégoûté par des actes de certains. Il faut qu’ils se ressaisissent et que le championnat soit bien géré dans l’intérêt du football ivoirien.
Quel est l’objectif du Stella pour la saison 2011 ?
Jouer les premiers rôles. Les gens l’oublient souvent. Nous prenions le Stella en D2 en 2002, il fallait tout reconstruire. Par deux fois, on est africain. Trois ans durant, on a essayé de reconstruire, on n’y est pas arrivé à cause de l’instabilité de l’effectif. Voici deux ans que nous avons le même effectif grâce à notre centre. En 2009, on a terminé 6ème et disputé la Coupe Ufoa. Cette année on finit 5ème à un point du podium. J’espère que l’année prochaine on sera sur le podium parce qu’on a fait beaucoup de sacrifices pour conserver notre effectif. Le Stella ne peut pas rester longtemps dans l’antichambre. On a joué la Coupe Ufoa dans la douleur. J’ai financé cette compétition avec le président de la Fif que je tiens à remercier.
Au moment où les clubs ivoiriens se plaignent des difficultés financières, le Stella, l’Asec, l’Africa, la Stade, la Soa s’offrent des entraîneurs expatriés à prix d‘or. C’est paradoxal…
Au moment où le « big four » ivoirien s’attachait les services des expatriés, on n’était pas dans la situation actuelle de la FIF. Nous avons estimé qu’il faille relever un peu le niveau de nos athlètes et les discipliner. Sans faire injure à nos encadreurs nationaux. Il faut aussi compter avec la nouvelle réglementation de la Caf et de la Fifa qui exige des entraîneurs titulaires des licences A. Ces expatriés vont, en quelque sorte, aider nos jeunes frères à progresser.
La Ligue pro et les clubs ont échangé sur de plusieurs questions pour la nouvelle saison. Qu’avez-vous retenu ?
On a retenu la poule unique, avec six matches au moins dans le mois. L’objectif, finir le 31 août afin de coller au calendrier européen et des autres pays d’Afrique blanche. On reste en pleine compétition quand certains de nos ténors vont faire des tests au moment on a besoin d’eux. Il faut y mettre un terme. Ça va être dur, mais il faut faire des sacrifices pour atteindre nos objectifs.
Le sponsor MTN s’est retiré, quelle solution prévoyez-vous ?
Il faut rendre hommage à notre Fédération avec à sa tête le président Jacques Anouma. Gérer c’est prévoir. Et comme il a su prévoir, nous bénéficions des retombées de la Coupe du monde. Avec ce pécule, la fédération mettra les moyens à la disposition de la Ligue pour pouvoir démarrer le championnat dans de bonnes conditions. On avait souhaité une augmentation, mais vu la réalité, il faut déjà être heureux de garder le même montant et de permettre au championnat de se dérouler.
Le championnat sera donc financé avec l’argent du mondial…
C’est plutôt l’argent obtenu par la Fédération par le truchement du Mondial. Cet argent va nous permettre de boucler toute la saison 2011 et même de démarrer celle de 2012. Si on finit le championnat le 31 aout, le prochain peut débuter en octobre. Nous aurons une partie pour le championnat de 2012. On n’a pas d’inquiétude à ce niveau. Je pense que les sponsors viendront plus tard parce qu’ils comprendront que la fédération est très bien gérée.
Le football ne se porte pas bien. Le président de la Fif envisage d’organiser un symposium pour le remettre sur les rails…
Il ne faut pas se voiler la face. Il n’y a pas qu’au football qu’il y a problème. Au handball, au basket, etc. Le sport ivoirien ne porte pas bien dans son ensemble. Il faut y trouver des solutions. Concernant l’absence de spectateurs sur les stades, nous estimons que des chaînes de télévision nous portent préjudice. Voilà des structures dans un pays de football, avec un grand nombre d’abonnés et qui programment des matches de football aux mêmes heures que la FIF, mais qui ne montrent pas un match du championnat national. Y a problème.
Avez-vous discuté du problème avec ces chaînes?
Nous sommes en train de voir. Le football ne peut pas évoluer sans moyens. Que voulez-vous faire avec un budget de 150 millions face à une équipe comme le TP Mazembé qui a deux ou trois milliards. Il ne faut pas se voiler la face, le football est devenu une industrie. On eu une génération de joueurs avec qui on a disputé deux Mondiaux, mais on n’aura pas toujours cette génération. Pour l’équipe nationale seule, la Fédération française de football a un budget de 830 milliards de Fcfa. Ici, la fédération n’a que 4 à 5 milliards pour organiser le championnat et s’occuper des équipes nationales. Si on veut redonner à notre football ses lettres de noblesse, il faut discuter avec ces chaînes. Il y a des sociétés qui sponsorisent les clubs européens qui sont installés ici mais qui ne s’intéressent pas au sport. Il faut revoir ça. C’est pourquoi le colloque est important. Il faut le faire pour faire avancer le football. Les sports de mains se pratiquaient sur du goudron, aujourd’hui rien n’a changé. C’est pourquoi je parle d’un système. Ça m’amuse souvent de voir les ministres qui se sont succédé à la tête du ministère des sports se focaliser sur la toiture du Palais des sports ou de la pelouse du stade Houphouët Boigny. Là-bas, il y a un budget à partager. Ce n’est pas comme ça qu’on gère le sport. Il faut savoir dans quelles conditions les clubs travaillent. Le tout n’est pas de venir voir les athlètes dimanche, mais plutôt de savoir comment ils y viennent. Le ministère des sports peut faire des reformes. La plupart de nos clubs sont dans les communes. En harmonie avec le ministère de l’intérieur, demander à chaque maire d’offrir un terrain. On attend qu’on soit qualifié en Coupe du monde et inviter des gens à 4 milliards pour aller faire du tourisme.
On va terminer par des propositions concrètes…
Il faut décentraliser les stades. On peut faire un stade de 600 millions cfa par exemple à Yopougon qu’on attribue à l’Africa, ce sera plein tous les dimanches. Un autre à Abobo pour l’Asec, ce sera pareil. Les supporters ont le temps de suivre des matches européens à la télé et se rendre au terrain après. Il faut remettre les stades de l’intérieur en l’état pour que les populations s’identifient à leurs clubs. Avant quand il y avait match à Gagnoa par exemple, c’est toute la ville qui est débout. Idem à Abengourou, Daloa, Odienné. Il faut faire des cartes d’abonnement qu’on vend aux entreprises, pour la sélection ils payent demi tarif, ça va générer des recettes propres à nous. Il faut y travailler. Il faut repenser notre football à tous les niveaux. Permettre aux clubs d’avoir un terrain d’entraînement. L’Asec sera toujours champion parce qu’elle a un terrain adéquat. Des conditions de récupération que les autres équipes n’ont pas. Pour taquiner Francis Ouégnin, je dis que si j’avais leur budget je jouerais le championnat d’Europe. Nous sommes certes des associations privées, mais d’utilité publique. Nos joueurs représentent la Côte d’Ivoire. Il y a des associations privées qui sont subventionnées par l’Etat. A commencer par les partis politiques, les écoles, les universités privées. Demander aux communes de participer au développement des clubs. En Tunisie, tout ce que l’EST détient a été construit à plus de 80% par la mairie et l’Etat. Qui ont leurs représentants dans le conseil d’administration du club. Il faut tricher ce qui est bon pour pouvoir avancer. Sinon, ce n’est pas la peine de dire que nous sommes une grande nation de football avec de petits moyens.
Réalisée par Tibet Kipré